Qui perd gagne
10 novembre 2024
Dicton ou proverbe, je vous laisse débattre de la catégorie la plus appropriée pour y ranger le titre de ce billet. Pour ma part, « qui perd gagne » me semble vraiment bien s’appliquer à ce qui s’est passé mardi, jour d’élection chez nos voisins du sud.
Bien sûr comme Québécois et citoyen du monde, après avoir été assis sur le bout de ma chaise durant la majeure partie de la soirée, j’avais le caquet bas en regagnant mon lit. Inquiet de la tournure des événements et anticipant un dérapage historique, à mon réveil mercredi, mon premier geste fut de jeter un œil à mon téléphone pour avoir l’heure juste, pas celle qui s’affiche automatiquement sur la page d’accueil de l’appareil, mais plutôt pour voir sur quel côté l’électorat avait basculé.
Mauvaise et très décevante nouvelle, s’il en est une. À demi réveillé, je dois avouer avoir été, pendant un instant, assailli par une certaine panique. Qu’allait-il se passer ? Devrions-nous renoncer à notre voyage hivernal ?
Étais-je plongé dans un cauchemar surgi de mes derniers instants de sommeil ? Il me fallut un effort pour retrouver mes esprits et dissiper ce pseudosentiment de panique. Pas question de renoncer à la chaleur et aux oranges de la Floride pour les prochains mois.
Un ou deux espressos plus tard, mes yeux étaient revenus en face de leurs trous comme disait mon grand-père. Rien de tel qu’un café corsé pour voir clair ! Bien sûr, ma candidate avait perdu, mais en allait-il de même pour moi et les autres caravaniers « snowbirds ».
Après avoir réfléchi, j’ai compris que, oui, j’avais perdu dans mon choix à la présidence américaine, mais en fait, j’avais gagné en tranquillité et sécurité pour notre prochain voyage, de là le titre de ce billet.
Le président élu ne sera pas désigné avant le 6 janvier 2025 et ce ne sera que le 21 qu’il entrera à la Maison-Blanche. Le temps de défaire ses bagages et d’avaler son Big Mac quotidien nous serons au minimum rendu au lendemain. Dans les jours qui suivront, les nombreux breffages essentiels sur la situation de l’État et le fonctionnement de la mécanique administrative auxquels il assistera, tenter d’assimiler et d’en comprendre les contenus et les enjeux risque de rendre plus difficile la digestion de ses « burgers »... et un répit supplémentaire pour l’humanité.
À ce moment, près de la moitié de l’hiver sera derrière nous, sans que nous ayons ressenti la moindre secousse sismique. Puis, petit à petit, émergeront des projets annoncés de la campagne électorale, mais là aussi, il se passera du temps avant avant leur concrétisation. Un mois, un semestre et peut-être même une attente jusqu’aux calendes grecques. Il ne faut pas sous-estimer la bureaucratie énorme d’un pays comme les États-Unis.
Je suis certain que le 47e criera à l’obstruction, mais qu’il apprendra à la dure qu’aucune machine gouvernementale ne peut tourner plus vite que la vitesse pour laquelle elle est programmée. Lorsqu’on la force, elle a tendance à s’enrayer ; cela tous les véritables politiciens vous le confirmeront.
Un autre élément m’a également permis de retrouver une certaine sérénité et fourni une double confirmation que, dans ce cas-ci, l’expression qui perd gagne peut aussi s’appliquer aux caravaniers. En perdant notre espérance à la présidence, nous avons en contrepartie gagné une plus grande sécurité dans notre périple hivernal.
Dans les jours qui ont suivi les résultats de l’élection, tant la candidate Mme Harris que le Président Biden ont tous les deux reconnu la défaite et assuré que la transition se ferait en douceur. Cela se comprend puisque les illuminés — ceux qui ont vu la lumière — sont presque tous dans le clan des gagnants. Il n'ont plus besoin de raison pour attaquer le Capitole et crier au vol de l’élection.
Voilà qui me confirme qu’en tant que caravaniers Québécois, même en ayant perdu, nous avons gagné. La guerre civile ayant été évitée, désormais, ceux qui le désirent peuvent donc partir tranquilles, du moins pour cet hiver.
Commentaires
Dumoulin
Bien en accord avec votre résonnement, vaut mieux que les irréductibles soient au pouvoir au lieu d'être contre le pouvoir, l'adulte ayant accepté la défaite.
Claude
« L’Amérique est le seul pays qui soit passé de la barbarie à la déchéance sans jamais avoir connu la civilisation » Oscar Wilde
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