Lockeport... Une découverte comme on les aime
10 juillet 2024
Notre objectif durant ce périple en Nouvelle-Écosse est d'explorer ce territoire baie par baie en épousant sa dentelle littorale, plutôt que de rouler sur l'autoroute d'une ville à l'autre.
Cela permet naturellement de découvrir nombre de trésors cachés qui ont peu à voir avec les cartes postales qui attirent la majorité des visiteurs.
C'est ce qui s'est passé hier lors d'une escale imprévue dans le village de Lockeport. Une petite communauté insulaire de pêcheurs de homard, installée ici depuis 1762 et réputée pour ses extraordinaires plages de sable fin comme le talc.
En arrivant sur les quais, j'ai immédiatement repéré un super endroit pour squatter, à deux pas de la mer. Certains pêcheurs qui travaillaient sur leur bateau ont semblé questionner notre présence sur le quai, mais comme nous sommes en base saison et que nous avons l’air sages, ils nous ont laissé faire.
À pied
La Nouvelle-Écosse n’a vraiment pas la réputation d’être une destination de randonnée pédestre, sauf au nord du Cap-Breton. Il y a cependant quelques propositions très intéressantes qu’il ne faut pas manquer. Lockeport, comté de Shelburne, est la première sur notre route.
La marche à laquelle nous invite le Walking Tour autoguidé permet surtout de découvrir la baie Allendale, située entre les Grands Bancs de pêche et la Nouvelle-Angleterre. Le tracé passe principalement dans les rues du village, mais, si on suit tout le parcours, on emprunte d’abord des sentiers boisés près des rochers qui bordent le nord-ouest de la péninsule. Après avoir traversé le village, on atteint l’endroit qui a fait la renommée de Lockeport, l’isthme et la fameuse plage Crescent qui fait presque 2 km de longueur et est couverte d’un sable tellement fin qu’il se compacte comme un plancher. Le fait que la plage ait été représentée sur le billet canadien de 50 $ en 1954 a sans doute contribué à la faire connaitre des villégiateurs qui sont encore nombreux à la fréquenter.
Nous avons marché sur cette plage vraiment magnifique où courent les pluviers à petites enjambées nerveuses. Nous en avons même profité pour sortir notre cerf-volant et le lever contre la frappe du vent du large. L'endroit est fréquenté par nombre d'estivants qui louent de charmants chalets en bordure du rivage. Puis, nous sommes revenus en empruntant une longue passerelle sur l’isthme, nommée la Promenade des veuves, qui revient au village. Deux phares retiennent l’attention outre cela, les services et attraits Lockeport sont peu nombreux. Le bureau d’information touristique situé au milieu de la plage possède toute la documentation utile et les gens y sont généreux de leurs bons conseils.
Nous sommes passés par le magasin général, constatant à nouveau à quel point l'inflation frappe ici encore plus cruellement que chez nous. J'ai entendu à la radio que la Nouvelle-Écosse souffre d'un problème de pauvreté endémique qui est exacerbé par la situation économique actuelle.
Pour notre part, nous profitons donc de l'accueil des Néo-Écossais pour nous installer en douce au milieu de leur marina, regardant les bateaux colorés et les phares lointains s'allumer au couchant avant de se laisser bercer par le "flacoti" des vagues et le souffle insistant du vent.
Shelburne et la tradition maritime
Avec le temps gris, froid et venteux, la petite ville voisine de Shelburne semblait morte et pas grand-chose ne semblait nous y attirer de prime abord. C’était jusqu’à ce que nous réalisions que l’endroit recèle un très intéressant complexe de trois bâtiments historiques abritant chacun un thème muséal relié à la vie marine, au commerce et, surtout, à la construction navale.
L’ancien chantier de construction navale nous en apprend sur la fabrication d’une embarcation de pêche traditionnelle à la morue. Une sorte de « doris » comme on dirait en Acadie. Cette chaloupe ventrue à fond plat se présente avec une multitude de variations selon l’endroit où on la fabrique en Atlantique. Ici, ce sont deux artisans passionnés et expérimentés qui nous expliquent les secrets de sa fabrication puisqu’ils en construisent toujours pour des collectionneurs. Celle de Shelburne semble plus élancée, donc plus rapide et, éventuellement, moins stable.
Birtchtown, loyaliste et noire
Encore un peu plus avant sur notre route, nous croisons le hameau de Birtchtown qui s’avère unique au Canada par son histoire. Il a été fondé à la fin du XVIIIe siècle par d’anciens esclaves de la colonie anglaise américaine qui ont combattu aux côtés des Britanniques lors de la Guerre d’indépendance des Américains en 1776. À partir de 1783, 3 500 d’entre eux ont été amenés en Nouvelle-Écosse et 1 500 sont demeurés à Birtchtown devenue la plus grande agglomération de personnes noires libres en dehors de l’Afrique.
Ces habitants se sont dispersés dans les Maritimes depuis, mais on veut préserver leur souvenir avec le Black Loyalist Heritage Center, un musée moderne, mais vide. Honnêtement, je suis ressorti de cette visite avec le sentiment de ne pas avoir appris grand-chose sur une histoire pourtant singulière.
Pour mieux préparer votre voyage, je vous recommande le guide de voyage Explorez Halifax et la Nouvelle-Écosse, aux éditions Ulysse, version papier ou numérique.