La popularité du caravaning ne cesse de s’accroitre, et ce, malgré les sommets atteints par le prix du carburant. Conséquemment, de plus en plus de caravaniers à la recherche de moyens pour réduire leurs frais évaluent la possibilité de ne plus remorquer leur voiture et de la remplacer par des vélos à assistance électrique (VAE). Nous en avons rencontrés qui ont fait ce choix.
Opter pour des VAE comme youyous a non seulement un impact positif direct sur le budget consacré au carburant, mais également sur la mise en forme des caravaniers par une utilisation accrue de leurs VAE sur une base quasi quotidienne. Toutefois, avant d’opter pour cette solution, il est important de se demander si elle est réaliste et si l’on ne le regrettera pas durant le voyage.
Pour en avoir le coeur net, nous avons discuté avec deux couples qui avaient fait ce choix et que nous avons rencontrés l’hiver dernier au Daytona RV Resort à Port Orange, en Floride. Nous avons à nouveau communiqué avec eux à leur retour au Québec quelques mois plus tard pour nous enquérir de leur niveau de satisfaction et savoir s’ils allaient continuer à voyager sans youyou à l’avenir.
Rien ne vaut l'expérience
Cela se passait en janvier, juste en face de notre emplacement… Deux autocaravanes de classe B portant une plaque du Québec ont attiré notre attention. En fait, moins les VR que les personnes qui y résidaient. Chaque jour, ces gens enfourchaient leurs vélos électriques et partaient, souvent pour de longues heures. Intrigués par l’absence de youyous et surpris de constater que les deux autocaravanes demeuraient toujours sur place, nous avons utilisé ce prétexte pour engager la conversation.
Originaires de Longueuil et de la région immédiate de Québec, ces deux couples, amis depuis des années, avaient déjà fait plusieurs voyages d’hiver ensemble. Pour celui en cours, ils s’étaient fixé comme défi de n’emporter avec eux que leurs VAE et, rendus à destination, d’en faire leur principal véhicule de transport.
S’ils souhaitaient vivre cette nouvelle expérience, ils étaient cependant conscients que de se limiter aux seuls VAE pour aller faire les courses ou se rendre à la plage présentait un certain risque. Une fois qu’ils seraient rendus en Floride, leur décision serait irrévocable puisque rebrousser chemin et revenir à la maison pour aller chercher les youyous aurait été insensé.
Confiants dans leur capacité mutuelle de composer avec la situation, ils pourraient toujours monter quatre à bord et utiliser en alternance l’un ou l’autre VR pour se sortir d’affaire. Faire une simple balade ne posait pas trop de problèmes, mais la chose se compliquait un peu lorsqu’il était question de se rendre à la plage.
La difficulté ne résidait pas tant dans la distance et le temps pour faire l’aller-retour (environ une quarantaine de minutes dans chaque direction), mais dans la quantité de bagages à emporter pour bien profiter de la journée. Chaises de plage, parasol, glacière, serviettes et vêtements d’appoint pour contrer un vent plus frisquet, sans compter un livre, une tablette ou un magazine. Au total, tous ces accessoires pouvaient facilement devenir encombrants et lourds, mais aussi rendre le vélo plus instable et multiplier les risques de chute ou d’accident.
Habitué par sa fonction de gestionnaire d’entretien d’un édifice à plusieurs appartements à régler des problèmes aussi variés qu’imprévisibles, Gilles Desrosiers n’allait pas baisser les bras aussi facilement. Dans la cour à rebuts du camping, il a déniché des tiges d’aluminium et deux roues de vélo, dont il s’est servi pour fabriquer une petite remorque qu’il a attachée au cadre de son VAE. Une fois le problème de transport réglé, tout l’hiver, les deux couples ont multiplié à volonté les piqueniques et les visites à la plage. Ils ont même pu profiter de réductions à l’épicerie pour acheter en plus grande quantité
qu’à l’habitude et ainsi faire des provisions.
Au début du mois de juin, en préparant cet article, un coup de téléphone à chacun des couples a permis d’apprendre qu’ils étaient tous les quatre enchantés de leur décision. Désormais, pour eux, fini le youyou, les VAE serviront de moyen de transport une fois à destination.
Avant de prendre une décision
L’idée de voyager sans youyou vous semble intéressante ? Il faut considérer les nombreux facteurs en cause. Une personne dont les voyages et escapades se limitent au Québec devra, avant de se décider, tenir compte du climat dans lequel nous vivons. En général, durant la belle saison, au pays de la fleur de lis, il pleut une journée sur trois ; un gros inconvénient lorsque le vélo représente le principal moyen de transport pour visiter et faire les courses alors que le VR attend sagement au camp de base. À l’opposé, pour qui se rend en Floride, au Texas ou en Arizona, la présence quasi continuelle du soleil abolit cette difficulté et permet tous les espoirs.
Le type de VAE utilisé a également une grande importance. Une vieille bécane inconfortable de bas de gamme, plus ou moins bien entretenue, rendra les déplacements plus difficiles et beaucoup moins agréables. L’enthousiasme éprouvé au départ pourrait s’essouffler rapidement quand viendra le temps de retourner au VR, surtout si un vent contraire se met de la partie.
C'est pourquoi un vélo à assistance électrique deviendra un atout considérable pour se moquer du vent et du dénivelé de la balade. Même le poids ajouté par les provisions et les objets achetés en cours de route ne représentera pas un inconvénient pouvant ralentir la cadence du cycliste. De retour au campement, seule la batterie affichera une baisse d’énergie. Un cycliste chevauchant un vélo électrique ne grimace pas sous l’effort, mais affiche souvent le sourire assorti à une balade pépère.
En plus de diminuer la quantité de carburant nécessaire au voyage, remplacer le youyou par des VAE durant ses périples permet au caravanier de profiter d’un autre avantage : une réduction majeure de la longueur totale de son équipage. Que ce soit pour faire le plein, se déplacer en ville ou choisir un emplacement de camping, l’absence du youyou résultera en une manoeuvre moins complexe, une amélioration de la sécurité et une plus grande diversité dans le choix d’un espace de stationnement ou d’un emplacement de camping.