Depuis bientôt 25 ans, les microdistilleries s’invitent dans le décor au Québec. On en compte aujourd’hui plus d’une cinquantaine à travers la province. Bonne nouvelle pour les campeurs qui souhaitent déguster ces nectars : près d’une dizaine de ces producteurs passionnés les accueillent dans leur cour.
Chez Terego, le réseau de producteurs du terroir qui accueillent gratuitement les VR pour une nuitée, on recense au moins huit distilleries qui disposent d’espaces pour deux à cinq VR par nuit. «D’ailleurs, les distilleries se hissent parmi les catégories favorites de nos quelque 6 000 utilisateurs avec un peu plus d’une cinquantaine de réservations par semaine», signale sa vice-présidente, communications et service à la clientèle, Karine Morin.
Du grain (ou même de la patate) à la bouteille
Plus de 70% des microdistilleries de la province fabriquent leurs spiritueux à base d’alcools qui proviennent de l’extérieur du Québec, nous informe Geneviève Laforest, agente de développement à l’Union québécoise des microdistilleries du Québec (UQMD).
Il y a tout de même près d’une quinzaine de producteurs d’ici qui relèvent le défi de créer leurs eaux-de-vie à base de grains et autres ingrédients cultivés en sol québécois. C’est le cas notamment de l’entreprise Ubald Distillerie, à Saint-Ubalde, dans la MRC de Portneuf, où tout est produit à partir d’intrants entièrement cultivés, moissonnés, fermentés et distillés sur son domaine.
Les quatre actionnaires – Pascal Vaillancourt, Hugo D’Astous, Josée Petitclerc et Stéphane Dolbec– utilisent des patates imparfaites pour concocter deux de leurs élixirs, la vodka fine patate Route 363 et le gin herbacé Vallée. Pour avoir le privilège de les déguster sur place, les caravaniers doivent s’y présenter et réserver leur visite du jeudi au dimanche, informe Josée Petitclerc, également directrice du marketing. Le stationnement de l’entreprise peut accueillir jusqu’à trois VR par nuit. Et au moins une dizaine le jour.

Se laisser tenter par l'acérum
Depuis trois ans, des microdistilleries osent concocter un spiritueux propre aux racines québécoises, l’acérum, fabriqué à base de sève et de sirop d’érable. La Distillerie Shefford, qui se trouve au cœur d’une érablière située à l’entrée des Cantons-de-l’Est, en est la pionnière, soutient son président coactionnaire, Hugo Bourassa. «Nous sommes des producteurs de sirop d’érable depuis près de 25 ans. En devenant propriétaires de la distillerie il y a cinq ans, mes deux frères Patrick et Charles et moi-même avons eu l’idée de nous lancer dans la production d’un spiritueux à base de sève d’érable», explique le distillateur. En collaboration avec l’UQMD et d’autres producteurs (Distillerie Saint-Laurent et Distillerie Témiscouata, notamment), l’entreprise de Shefford souhaite obtenir une «indication géographique protégée» (IGP) pour ce type de boisson qui s’apparente au cognac et au calvados, souligne le distillateur.
En attendant, la Distillerie Shefford, qui abrite également la boutique de la Cabane à Boubou, convie les amateurs de spiritueux à venir gouter, du vendredi au dimanche, ses sept produits alcoolisés, dont son acérum brun et un whiskey à base d’érable. L’entreprise dispose de cinq emplacements pour les caravaniers qui désirent séjourner dans sa cour.


Les alcools à l'érable ont même une capitale
Grâce à la présence du Domaine Acer et de la Distillerie Témiscouata, la municipalité d’Auclair, dans le Bas-Saint-Laurent, se proclame la capitale des alcools à base d’érable. Créée et soutenue par une quarantaine de producteurs acéricoles des environs, la microdistillerie produit uniquement de l’acérum en trois versions (blanc, brun et aromatisé), indique Michaël Fortin, son directeur général. L’entreprise, qui produit près de 10 000 bouteilles par an, propose des visites et dégustations de même que la vente de produits de 13h à 17h du jeudi au dimanche, toute l’année durant.
Précisons toutefois que seul le Domaine Acer, producteur de huit vins, dont la moitié à base de sève et de sirop d’érable, dispose de quatre cases de stationnement réservées aux propriétaires de VR qui veulent passer la nuit sur place après leurs dégustations.
Une chouette halte en traversant le pays
L’Abitibi, et plus particulièrement la ville de Val-d’Or, figure régulièrement sur la route des caravaniers qui entreprennent la traversée du Canada d’est en ouest ou vice-versa. Il n’est donc pas étonnant que les cinq emplacements destinés aux VR de la microdistillerie locale, Spiritueux Alpha Tango, reçoivent la visite de nombreux campeurs hors Québec au cœur de l’été.

«La compagnie produit huit spiritueux, dont un tout nouveau rhum élaboré avec le chanteur country Matt Lang, originaire de Maniwaki», indique fièrement le copropriétaire des lieux, Daniel Corriveau. Ce dernier avoue que la clientèle de VR n’acquiert qu’une cinquantaine de bouteilles parmi les quelque 40 000 mises sur le marché chaque année. «Mais la richesse des histoires qu’ont à raconter ces grands voyageurs vaut amplement notre adhésion à Terego et Harvest Hosts», conclut le distillateur abitibien.

