Le monde des sommets

Nulle part dans le monde, il n’existe une montagne sans un sentier pour y accéder. Tous demandent un effort. Souvent accessibles au grand nombre. Parfois difficiles. Certains vraiment pénibles. Ils peuvent nous en faire baver, mais heureusement, ils savent aussi nous faire oublier douleur et sueur lorsque l’horizon s’ouvre enfin sur des paysages éblouissants. Gravir les montagnes n’est pas un exploit si l’on se fie aux gens de tous âges, enfants et ainés, que l’on croise en sentier. On n’a qu’à se lever… et marcher !

Voici un très court échantillonnage de certains des sommets les plus populaires du Québec. Plusieurs attirent des dizaines de milliers de marcheurs. À vous de découvrir les montagnes de votre région puis, comme tant d’autres, à vous lancer sur les
pentes abruptes des sommets québécois.

Tout le monde se rue sur le nouveau sentier !
Parc national des Monts-Valin

Le sentier de la Tête-de-Chien, nouvellement rouvert dans le parc national des Monts-Valin, a déjà battu des records de fréquentation l’automne dernier. Il y en avait, du randonneur au pied carré, sur cette piste pourtant difficile ! Il faut dire qu’elle récompense plus que généreusement les marcheurs qui s’y mesurent.

On dit nouveau, mais il ne faut pas oublier que ce sentier a été ouvert par les Randonneurs du Saguenay bien avant l’existence du parc national, il doit y avoir au moins 35 ans.

Comme il était atteint d’un grave manque d’amour depuis cette époque, le parc a enfin décidé de le restaurer grâce à l’expertise incomparable du bâtisseur de sentiers Jacques Racine. Les résultats n’ont pas tardé puisqu’on y comptait plusieurs centaines de marcheurs chaque weekend de septembre 2021. Particulièrement magnifique lorsqu’habillé de ses couleurs automnales, le sentier grimpe sans relâche jusqu’à d’impressionnants aménagements de passerelles qui dominent les sommets des Laurentides saguenéennes.

Ceux et celles qui en veulent plus peuvent continuer jusqu’au Pic-du-Grand-Corbeau d’où les personnes qui ont apporté leurs ailes se jettent dans le vide, puis laissent leur parapente les emporter au gré du vent. Certainement un sentier à redécouvrir, tout spécialement en famille…

Le spectacle de l’automne
Parc national de Cap Tourmente

Le parc national de Cap-Tourmente représente l’un des plus beaux endroits au Québec où admirer l’automne à son meilleur. La diversité des espèces forestières crée un tableau de couleurs exceptionnel sur l’immense falaise. Des dizaines de milliers d’oies blanches s’ajoutent au spectacle, accompagnées de nombreux rapaces. La diversité des sentiers de randonnée comble tous les marcheurs et peut procurer des points de vue éblouissants sur le fleuve. Surtout, depuis peu, un nouveau sentier se démarque. Sur le sentier des Chutes, on a aménagé un gigantesque escalier qui dévoile trois chutes absolument magnifiques. Vraiment super !

On peut aussi à partir d’ici faire une très agréable sortie à vélo pour admirer les belles maisons de Saint-Joachim.

Un secret trop bien gardé
Parc national de la Jacques-Cartier

Quand on va à Chicoutimi, on y passe sans s’arrêter au début de la réserve faunique des Laurentides, près de Stoneham-et-Tewkesbury. On le néglige. On le tient pour acquis, on ne s’y arrête à peu près jamais. Erreur ! Ce parc sublime est un modèle réduit de celui des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie avec ses falaises vertigineuses, ses couleurs automnales et ses sentiers de haut calibre. Les sentiers des Coulées et du Loup, en particulier, s’illustrent sur une distance totale de 10 kilomètres, avec un dénivelé de 480 mètres, et tout en haut, un tableau à couper le souffle.

Lui aussi propose une superbe randonnée à vélo le long de la rivière (46 kilomètres). Et ses campings sont véritablement agréables. Une vraie belle découverte.

Jusqu’à la toundra
Mont Jacques-Cartier

Le parc national de la Gaspésie propose un grand nombre de randonnées pédestres et de sommets parmi les plus hauts au Québec. Si l’on n’en fait qu’un, on choisit généralement le mont Jacques-Cartier qui, en quatre kilomètres seulement, nous fait accéder de la forêt boréale à la toundra arctique. Dépaysement garanti ! Le dénivelé de 465 mètres sur une distance plutôt courte se fait sentir dans les jarrets, mais on est carrément éblouis lorsqu’on atteint l’environnement totalement dénudé du point culminant. Du haut du belvédère, le point de vue sur la chaine des Chic-Chocs décroche les mâchoires. Une boucle d’un kilomètre, sur la tête de la montagne, vous permettra peut-être d’apercevoir quelques-uns des caribous qui survivent dans le parc et qu’on doit maintenant protéger avec des mesures exceptionnelles.

Pourquoi pas ?
Mont Sainte-Anne

On ne se pose pas de question lorsqu’il s’agit d’aller faire du ski alpin au mont Sainte-Anne. À la belle saison, les adeptes de VTT envahissent les lieux. En été, et surtout en automne, quelques marcheurs s’élancent sur le sentier qui part des  télécabines et qui monte presque en droite ligne jusqu’au chalet du sommet. Oui, il faut du souffle pour gravir les 625 mètres
du mont Sainte-Anne sur un sentier parfois glissant.

Le défi ultime
L’Acropole-des-Draveurs

Pour plusieurs randonneurs, l’Acropole-des-Draveurs, dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, reste le défi ultime à affronter au Québec avec un dénivelé de plus de 800 mètres. Plusieurs guides le classent comme le sentier le plus spectaculaire et on ne peut que confirmer cette affirmation. Il est coriace, effectivement, ce qui ne l’empêche pas d’attirer un nombre impressionnant de marcheurs. Il culmine à 1 048 mètres d’altitude et on observe souvent une différence de température de 10 °C entre sa base et son sommet. Mais quel paysage une fois rendu en haut ! On a la vertigineuse impression de plonger dans l’immensité de la vallée colossale de la rivière Malbaie. Une aventure à entreprendre en fin de saison, alors qu’on est au meilleur de sa forme.

Splendeur et variété d’activités
Mont Orford

Qui oserait rêver de toute l’immensité d’un parc national et de la splendeur de la nature estrienne en couleurs, juste pour soi ? Cela est tout à fait possible lorsqu’on s’accorde du temps pour fréquenter le parc national du Mont-Orford.

Les journées au parc du Mont-Orford peuvent être consacrées à la randonnée pédestre, au vélo de route ou de piste, aux activités d’interprétation de même qu’aux activités nautiques, canoë et kayak. Les sentiers pédestres ne sont pas très nombreux, mais on trouve quand même une variété intéressante de niveaux de difficulté et un réseau de qualité remarquable. Je l’ai constaté sur la boucle du Mont-Chauve, un sentier de 9,1 kilomètres qui traverse une splendide forêt mixte pour élever les marcheurs sur un belvédère naturel qui offre un point de vue vraiment spectaculaire sur tout le parc ainsi que sur le mont Orford. Le parcours se termine sur la plage du lac Stukely. Les canots et les kayaks de location y sont au repos, bien rangés au bord de l’eau. Voilà un sentier accessible avec un dénivelé de 310 mètres sur une longueur de 10,6 kilomètres.

Trois sommets inoubliables
Parc national du Fjord-du-Saguenay

Je me permets de vous suggérer trois sommets dans un même parc, celui du Fjord-du-Saguenay. Ils vous offriront autant de points de vue saisissants sur notre extraordinaire fiord dans sa section la plus grandiose.

Le plus populaire demeure le fameux sentier de la Statue, à partir de l’accueil du parc à Rivière-Éternité. Il n’est pas très long, 7,4 kilomètres, mais son dénivelé de 472 mètres et la présence de longs escaliers peuvent le rendre difficile. Il conduit à la statue de Notre-Dame-du-Saguenay qui surplombe le fiord.

Le cap voisin est le cap Trinité, tout à fait négligé par les marcheurs, mais plus sauvage et doté d’un belvédère donnant sur une ahurissante beauté.

Les randonneurs avisés peuvent aussi se lancer à l’assaut de la Montagne-Blanche à partir du rang Saint-Joseph, à L’Anse-Saint-Jean. Cette longue marche de 12,9 kilomètres mène sur de fabuleux sommets dénudés après une ascension de 541 mètres. Au programme à l’heure du lunch : le fiord à perte de vue.

La rando pour tous
Mont du Lac-des-Cygnes

Gardons pour la fin le préféré de bien des Québécois. Il faut voir, en automne, les files interminables de voitures stationnées
sur la route 381 pour constater sa popularité. C’est que le sentier Mont-du-Lac-des-Cygnes, dans le parc national des Grands-Jardins, se parcourt très facilement en famille, surtout depuis qu’il a été complètement restauré. Au sommet, à 981 mètres d’altitude, on accède à un vaste environnement dénudé où les enfants adorent courir sur les pierres. Ce sentier permet d’admirer l’astroblème de Charlevoix, soit les traces d’un impact météoritique survenu il y a des millions d’années, mais toujours évident quand on observe la courbe de la couronne de falaises.