Au fil des ans, j’ai dormi en tente et utilisé plusieurs types de véhicules récréatifs. Des VR empruntés, loués ou qui m’appartenaient. Au travers de ces expériences, il m’est évidemment arrivé plusieurs mésaventures. Même si, au moment des évènements, je me suis parfois senti mal à l’aise ou vulnérable, ces péripéties deviennent avec le temps le genre d’histoires qui alimentent les discussions autour du feu. Je suis certain que vous en avez aussi de très savoureuses. Voici quelques anecdotes que j’aime partager, sourire en coin, lorsque l’occasion s’y prête.

Faire du camping et du caravaning implique forcément de passer plusieurs heures à rouler à bord d’un véhicule chargé de tout le matériel nécessaire. Alors que ma conjointe Sylvie et moi descendions vers la Floride avec un canot sur le toit et en tractant une remorque chargée, nous avons remarqué que les conducteurs de plusieurs véhicules qui nous dépassaient nous faisaient de grands signes de la main. Nous avons vite compris que ce n’étaient pas des salutations amicales (qui étaient ces gens-là, de toute façon ?), mais plutôt de bons samaritains qui tentaient de nous avertir que la porte arrière de la remorque était entrouverte. Curieusement, dans mon rétroviseur, je ne voyais rien d’anormal. Un arrêt d’urgence a révélé que j’avais mal fermé la porte et qu’elle pendouillait allègrement. Fort heureusement, nous n’avions pas perdu de matériel sur la route. Somme toute satisfaits de la tournure des évènements et bien que j’aie eu pendant un moment un certain sentiment d’incompétence (j’aurais dû mieux vérifier le tout avant le départ), nous avons poursuivi notre route.

À la radio, soudain, un message nous avertit de la présence de cellules orageuses et de tornades. Avec un canot sur le toit, la prise au vent est grandement augmentée. Nous avons donc rapidement trouvé refuge, juste à temps pour laisser passer la tempête. Le véhicule tanguait et vacillait en tous sens, mais c’est plutôt l’épaisse couche de verglas qui nous a donné du souci, à la fois pour enlever le tout et en raison du temps passé à attendre que la route soit de nouveau sécuritaire.

Puis, il y a cette fois où les freins de l’autocaravane de classe B empruntée à un ami se sont révélés être en mauvais état dans les côtes de Charlevoix et que nous avons dû rétrograder et ralentir au point d’avoir l’impression d’être une tortue sur une route très passante. Et je ne vous raconte pas les autres pépins mécaniques…

S’arrêter dans un endroit isolé, c’est merveilleux... lorsqu'on arrive à passer la nuit sans mauvaises surprises. - Camping Caravaning S’arrêter dans un endroit isolé, c’est merveilleux... lorsqu'on arrive à passer la nuit sans mauvaises surprises.

De l’action à destination

Une fois arrivés à destination, nous avons tous hâte de nous installer sur notre emplacement réservé pour nous reposer et amorcer les vacances comme telles. Dans un parc de la Sépaq, quelle ne fut pas notre surprise, une fois,de voir l’emplacement que nous avions loué – des mois à l’avance ! – déjà occupé par une grosse classe A. Par chance, les campeurs étaient sur place. Preuve de réservation en main, je me suis approché poliment afin de souligner l’erreur. Les deux couples de campeurs, bien installés dans leurs chaises de camping, ont commencé par mettre en doute mes affirmations. Puis ils m’ont dit d’aller plus loin, sur l’emplacement voisin, celui qu’ils avaient eux-mêmes réservé. Préférant de loin notre emplacement au leur, j’ai insisté. C’est en maugréant et en prenant tout leur temps qu’ils ont finalement déplacé leurs équipements. Pendant tout le long weekend, nos sympathiques voisins ne nous ont jamais regardés. Au moins, ils ont été relativement tranquilles… Pas comme cette famille de 12 personnes, en Abitibi, qui s’était rassemblée pour souligner l’anniversaire d’un des leurs. Ils ont chanté et bu toute la nuit, malgré mon intervention et le couvre-feu officiel. Faut dire qu’en bobettes, du haut de mes trois pommes, je ne suis pas très impressionnant… mais bon.

Une nuit qui nous revient souvent en mémoire est cette fois où nous avons dû décamper précipitamment, craignant pour notre sécurité. Alors que nous faisions le tour de l’ile d’Hawaï dans une Westfalia des années 1970, nous avions opté pour des nuits en caravaning autonome. Pendant deux semaines, nous avons ainsi couché gratuitement, sans services, dans de très beaux endroits. On connait les risques et les inconvénients de cette façon de faire. Une nuit, alors que nous dormions déjà, des bruits d’automobiles, tout près, nous ont réveillés. De fortes lumières éclairaient le véhicule et, alors que les occupants descendaient et entouraient notre West, nous pouvions entendre des bribes de leurs conversations. Les intrus étaient clairement intoxiqués. Vu notre isolement et le nombre de nouveaux visiteurs, j’ai rapidement sauté derrière le volant et c’est avec le toit encore relevé que j’ai pris la route (lentement !) pour m’éloigner du tumulte. Fort heureusement, nous avons pu baisser le toit, rouler un peu plus loin et trouver un endroit plus sécuritaire pour finir la nuit. Fiou.

Une fois, nous avons dû décamper, craignant pour notre sécurité. - Camping Caravaning Une fois, nous avons dû décamper, craignant pour notre sécurité.
Le sol semblait solide. Erreur ! La classe B s’est rapidement embourbée. - Camping Caravaning Le sol semblait solide. Erreur ! La classe B s’est rapidement embourbée.

Se sauver n’a pas toujours été possible, toutefois. Alors que nous roulions sur la très jolie Ocean Road en Australie, nous avons étiré la soirée jusqu’à la noirceur, et c’est à tâtons que nous nous sommes retrouvés à chercher un endroit où dormir. Nous fiant à des indications sur une carte, nous avons trouvé un endroit gratuit où stationner notre classe B. Comme le faisceau étroit de nos phares révélait la présence de sable, je suis descendu du véhicule pour m’enquérir de la solidité du sol. Satisfait, j’ai stationné le véhicule en bordure du chemin pour aussitôt sentir les pneus s’enfoncer. Le véhicule s’était embourbé ! Nous avons passé la nuit à cet endroit, en toute sécurité, mais le véhicule se trouvait tellement en pente qu’il était difficile de ne pas rouler sur ma partenaire alors que nous étions allongés sur le lit. Le lendemain, de sympathiques résidents nous ont sortis de là en utilisant leur puissant véhicule équipé de chaines.

La nature en folie

S’il y a de nombreuses histoires qui ont pour cadre la route, les campings et les voisins, ce sont parfois la faune et la flore locales qui nous en font voir de toutes les couleurs. Nous avons exploré les Highlands d’Écosse dans une minuscule classe B de location. À la prise de possession, je me suis inquiété du fait qu’il n’y avait aucune moustiquaire pour protéger les ouvertures. On m’a assuré qu’il n’y avait pas de problème. De fait, nous n’avons eu aucune difficulté quant à la présence d’insectes piqueurs jusqu’au matin où, dans un parc naturel, les fameux moucherons (midges) nous ont littéralement attaqués. La sensation de brulure vive et le nombre impressionnant d’assaillants nous ont obligés à écourter notre déjeuner. Nous avons roulé en gesticulant comme des fous jusqu’à ce que la circulation de l’air, créée par le déplacement du véhicule à haute vitesse, toutes fenêtres ouvertes, chasse les intrus. Nous avons alors refait une bonne tasse de café chaud et soufflé un peu… en nous grattant.

L’anecdote qui nous fait rire encore et encore, toutefois, c’est la fois où nous dormions au sol, dans une tente, en Floride. Après une belle journée à pagayer sur des rivières tranquilles et à observer les oiseaux et les reptiles de toutes sortes, nous nous sommes endormis près de l’eau, entourés des bruits de la forêt tropicale. En pleine nuit, Sylvie me réveille, inquiète. « Tu entends ce cri ? », me dit-elle. « Je crois que c’est un alligator. Il s’en vient ! » J’ai réussi tant bien que mal à la rassurer, alors que j’étais moi aussi dans le doute. Finalement, nous ne nous sommes pas fait manger par le reptile et, sur la route du retour, alors que nous fouillions sur internet à ce sujet, nous avons découvert que c’était en fait un gros crapaud qui chahutait ainsi !

Tant qu’il n’y a pas de blessure sérieuse, nous nous disons qu’il y a moyen de rire de nos mésaventures. Sur le moment, c’est parfois autre chose, toutefois.

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