Un autre petit pas en avant

Jayco, une compagnie de la grande famille Thor, a présenté, il y a trois jours au Texas, sa toute dernière autocaravane qui sera mise en marche d’ici la fin de 2026. Nommée Embark EV, celle-ci se déplacera grâce à l’énergie électrique, ce qui en fait donc une véritable innovation. Preuve que l’électrification des transports est un segment plein d’ambiguïtés, où les constructeurs, et encore plus, les consommateurs peinent à s’y retrouver quand vient le moment de définir la nature même du véhicule : hybride, hybride branchable, électrique ou tout simplement à énergie fossile.

À titre d’exemple, dans un communiqué de presse rédigé Thor tout au haut de sa pyramide gigantesque, la Embark EV est présentée comme un véhicule hybride. Pourtant, un cran plus bas dans la pyramide, Jayco qui fabrique ce véhicule, explique qu’il s’agit d’un VR électrique. Qu’en est-il exactement ? Clarifions les choses une fois pour toutes.

Tout d’abord, la conception et la fabrication de l’Embark EV résultent de la collaboration de deux firmes très différentes. Pour ce projet, le géant Thor, spécialisé dans la production d’une panoplie de véhicules récréatifs de toutes catégories et dimensions, a requis la collaboration de Harbinger, une compagnie ayant développé une grande expertise en matière de véhicules électrifiés et de fabrication de châssis adaptés.

En est résulté un véhicule récréatif à l’avant-garde de ce segment de l’industrie. Même si Jayco obtient la primeur de ce nouveau VR, Thor, la maison mère, semble envisager d’appliquer cette technologie à d’autres autocaravanes qu’elle fabrique sous des marques différentes. Le rôle d’Harbinger se concentre donc sur l’ossature du véhicule (châssis, suspension et mécanisme d’entrainement et l’électronique qui en découle), tandis que Thor assume la construction de l’habitacle et de son aménagement résidentiel. Pour le moment, les VR de cette catégorie devraient se situer dans une fourchette de 9 à 10 mètres de longueur (30-33 pieds) et offrir une autonomie 800 km et plus.

Voilà pour l’intention, maintenant, cernons la catégorie de ce nouveau VR, non pas selon les classes traditionnelles A, B, B+ ou C, basées sur la forme et certaines autres caractéristiques de l’habitacle permettant de regrouper les autocaravanes, mais pour s’adapter à l’électrification des transports.

Un VÉ se définit comme un véhicule automobile dont tous les déplacements sont assumés par la présence de un, deux, trois ou quatre moteurs électriques point. Viennent en suite ceux que l’on qualifie d’hybrides. Ce qualificatif indique que nous sommes en présence de véhicules disposant à la fois d’un moteur électrique — ou plusieurs — et d’un autre à carburant fossile pour en assurer la motricité. Ils peuvent être de deux types selon leur capacité de se raccorder à une source électrique externe ou non. Dans un véhicule électrique hybride, deux motorisations différentes harmonisent leurs efforts pour les faire avancer.

La caravane Embark EV, vient un peu compliquer les choses. Comme la petite i3 fabriquée et vendue par BMW de 2013 à 2022, on y retrouve un prolongateur d’autonomie qui, lui, fonctionne au carburant fossile. Attention, il ne s’agit pas techniquement d’un véhicule hybride, puisque l’entraînement des roues dépend entièrement des seuls moteurs électriques. La seule fonction de son petit moteur de 1,4 litre est de recharger la batterie, qui, elle, fera avancer le VR.

On pourrait être tenté de dire que ce moteur est une simple génératrice, pourtant, il n’en est rien. Une génératrice produit de l’électricité et, techniquement parlant, elle peut le faire sans être nécessairement reliée à une batterie. Son moteur tourne en fonction de la quantité d’énergie à produire. Ainsi, le régime du moteur augmentera de beaucoup, chaque fois que le caravanier fait démarrer un appareil de climatisation ou d’autres accessoires énergivores. 

À l’opposé, le prolongateur d’autonomie tourne toujours à un régime constant, puisqu’il ne fait que recharger la batterie à laquelle il est relié. Il faut donc le voir comme un simple chargeur à batteries. L’Embark EV peut parcourir 175 km sans compter sur le prolongateur d’énergie. Cependant, lorsque celui-ci est activé, cette autonomie grimpe à plus de 800 km avant que son réservoir d’essence de 189 litres n’impose un arrêt à la pompe.

Dans le cas de l’Embark EV, Jayco a adopté une attitude prudente et conservatrice afin de ne pas effrayer des acheteurs craintifs et méfiants envers les véhicules électriques. Cette façon de faire se manifeste entre autres par la présence d’un réservoir de propane qui alimente non seulement le chauffe-eau et le système de chauffage du véhicule, mais aussi un feu de cuisson jouxtant un plaque à induction électrique. Si l’on peut qualifier l’Embark EV de véhicule hybride, il faut toutefois reconnaitre qu’il devient hybride en matière de cuisson.