Turbulences en vue pour les prochains mois

23 février 2025

Il n’est pas exagéré de dire que la prochaine saison de camping va s’avérer plutôt rock’n’roll tellement les turbulences seront nombreuses. Il ne faut pourtant pas s’imaginer que tout ira mal dans ce secteur de l’activité économique qui nous touche d’aussi près. Ce qui deviendra un casse-tête pour les uns fera le bonheur des autres, comme cela arrive inévitablement en période de crise.

La première secousse à laquelle il faut s’attendre trouve sa cause dans l’imprévisibilité d’un certain président qui, au lever, scrute son urine pour répertorier les décisions de sa journée. Une technique de planification qui, le lendemain matin, peut facilement lui dicter des décisions contraires. Pendant ce temps, politiciens et hommes d’affaires demeurent pantois sans pouvoir s’engager dans une direction ou dans l’autre. Il résulte de ce processus que tout un chacun, une patte en l’air, n’arrive pas à déterminer s’il faut aller de l’avant ou reculer. Comme concept de productivité, il existe mieux, beaucoup mieux que cette technique, dite du cha-cha-cha, un pas en avant, retour sur place, un pas en arrière et… on recommence.

Y aura-t-il de nouveaux tarifs à l’importation, quand s'appliqueront-ils ? Toucheront-ils tous les pays, tous les biens et services, ou seulement quelques-uns ? La planète entière s’interroge s'inquiète de son avenir sans trouver un semblant de réponse claire et crédible présentant à la fois un gramme d’orientation et de stabilité. À la place, de la provocation, des menaces et du chaos à profusion ! De part et d’autre de la frontière, le discours tourne autour de mesures et de contre-mesures, bref une belle engueulade.

Pendant ce temps, la population entière retient son souffle, piaffe d’impatience et se recroqueville sous l’insécurité. Faut-il alors se surprendre de voir émerger, tant au Québec qu’au Canada, une tendance à rejeter les produits venant d'un pays de plus en plus étranger et leur privilégier ceux dits locaux ?

Les médias tant spécialisés que généralistes ne cessent de rapporter combien les entreprises de tous les secteurs de l’économie sont inquiètes devant ce qui se passe. D'ailleurs, lundi dernier, le réseau canadien CTV News publiait un reportage intéressant réalisé lors du d’un salon de véhicules récréatifs tenus à London, ON, durant le weekend. Plusieurs concessionnaires de VR y confirmaient une rumeur évoquant l’annulation de plusieurs commandes de véhicules récréatifs fabriqués aux États-Unis. Entre autres, dans le reportage, Andrew Thompson, propriétaire de Canam RV, le plus important revendeur de la marque Airstream au pays, chiffrait à 3 millions la valeur de ses annulations.

Non seulement les produits récréatifs en provenance des États-Unis, seraient-ils touchés par un tarif de 25 % en droits douaniers sur l’acier et l’aluminium venant du Canada, mais, une fois fabriqués, quand ces VR franchiraient la frontière canadienne pour se rendre chez les concessionnaires, une taxe à l’importation d’un pourcentage équivalent serait appliquée par le Canada en guise de contre-mesure. Dans le contexte, avec une devise canadienne déjà amputée de près de la moitié de sa valeur nominale (en incluant les frais de changes et autres charges bancaires), le prix des VR atteindrait des sommets irréels. 

Je suis persuadé que les concessionnaires québécois revoient eux aussi à la baisse leurs commandes de véhicules récréatifs. Ils ont raison. Même en prenant une telle décision sur le seul aspect commercial, sans même y intégrer un seul gramme de motivation nationaliste, celle-ci tient de la saine gestion. De toute façon, les consommateurs auraient inséré l'aspect politique dans leur décision d’acheter ou non.

Actuellement, l’achat de VR construits aux États-Unis par les Canadiens représente environ 1,38 milliard USD, pour environ 12 % des véhicules construits aux États-Unis. Si on s’en tient uniquement aux dollars dépensés, ce pourcentage est nettement moindre puisque les revenus annuels de l’industrie sont de l’ordre de 140 milliards USD. Pour comprendre cet écart, il faut garder en mémoire que la valeur moyenne des véhicules vendus au Canada est beaucoup plus basse puisqu'ici,   l'achat de mastodontes à plusieurs millions l’unité se fait beaucoup plus rare que chez nos voisins caravaniers.

Autre point à retenir, alors que l’industrie prévoit une maigre augmentation de sa production de l’ordre de 10 % pour la prochaine année, cette progression pourrait être complètement annulée par la contraction du marché canadien. Pis encore, les nouvelles mesures douanières et les taxes qui vont frapper tous les VR, vont aussi amener une forte hausse de leur prix même s’ils sont vendus au sud de la frontière. Cette réalité aura un effet direct sur le marché des VR dans ce pays. Cette guerre commerciale, pourtant présentée par le président comme une panacée aux problèmes économiques de ce pays, le risque d’être beaucoup moins rose au réveil. 

Jusqu'ici, ce billet semble carburer à la déprime. Je m’empresse donc de passer aux côtés positifs de la situation qui prévaut, en commençant par ceux qui touchent les concessionnaires de VR. À mon avis, plusieurs éléments devraient contribuer à rehausser le niveau de leurs ventes. Plusieurs caravaniers ou autres acheteurs qui nourrissent le projet de renouveler leur équipage ou simplement de s’en procurer un vont vouloir profiter du printemps pour mettre la main sur un VR commandé et fabriqué avant que la guerre commerciale ne soit enclenchée.

Ce simple facteur devrait stimuler l’achalandage aux salons du printemps et amener des visites chez les concessionnaires. Ce faisant, les revendeurs pourront ainsi baisser l'inventaire des modèles 2025 non vendus et construits à la fin de l’automne. Pour les consommateurs, cela représentera une belle opportunité d’acquérir un VR non affecté par l’épidémie de droits douaniers et taxes découlant de la querelle commerciale. Des négociations serrées sont donc à prévoir dans les bureaux de vente !

Autre gagnant du conflit États-Unis contre Canada, le réseau des campings québécois et canadiens. Même si tous les amateurs de camping et de caravaning ne pourront résister avec succès à l’appel des plages de la Nouvelle-Angleterre durant les vacances, il est certain que tous les campings situés au nord du 42e parallèle vont constater une hausse du nombre de visiteurs. Un dollar qui vaut 1 $ au pays et à peine 70 cents en traversant la frontière deviendra un incitatif important pour redécouvrir notre territoire, tout en ajoutant en prime nos vacances l’abri du débat politique et d’une possible dégradation de la situation sociale chez nos voisins plus du sud,  

Note : La longueur de ce billet fait la démonstration de la privation que j’ai ressentie pour n’avoir rien écrit dimanche dernier. J’en profite pour remercier tous ceux qui ont pris la peine de réagir à mon texte précédent. Vos chaleureux commentaires m’ont vraiment réconforté. 

 

 

Commentaires

Estelle

Oh! c'était hier le dimanche sur deux. C'est tannant ça, alors que l'habitude était tous les dimanches matin en prenant mon café. Hier, j'ai pensé que c'était le dimanche sans billet. Ce matin, en y repensant, je découvre qu'hier était le bon dimanche. Votre billet toujours intéressant va perdre facilement des lecteurs qui étaient assidus. Les communications doivent être faciles et là, par économie de bouts de chandelles, on perd un service qui plaisait à la communauté de campeurs et caravaniers.

Marcel

Heureux de vous lire à nouveau, :-) Il est vrai que je commence à avoir une écœurantite avec tout ce qui se passe avec nos voisins (Trump). Il me semble que les négociations entre pays devrait se faire entre dirigeants et ensuite le partager. Vu que vous publiez aux 2 semaines faudrait doubler vos écritures. :-)) Sur ce salutations.

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