Billet

Le nombre de rappels de véhicules récréatifs ou automobiles ne cesse de croître depuis la pandémie. Parmi les principales causes, des pièces de mauvaise qualité intégrées dans le processus de fabrication, le recours à une main-d’œuvre sous qualifiée ou inexpérimentée pour combler les nombreux postes rendus vacants par la faucille du coronavirus (pire encore que la tronçonneuse d’Elon Musk) et le manque de formation et de supervision de tous ces nouveaux venus dans l’usine. 

S’ajoute aussi la gourmandise effrénée des géants du marché, désireux de produire en grand nombre des véhicules pour profiter de la manne résultant de la popularité du camping et du caravaning. Bref, dans ce « buffet à volonté », l’industrie ne pensait qu’à s’empiffrer, une attitude courante de la philosophie inhérente au capitalisme.

À l’autre bout du spectre, le consommateur qui voyait dans les VR un moyen de se libérer des effets négatifs du confinement. Impulsif, n’ayant souvent aucune connaissance et expérience en matière de véhicules récréatifs, espérant retrouver une forme de liberté, celui-ci devenait le pigeon idéal pour succomber au chant des sirènes.

Aujourd’hui, les impacts de ce laisser-aller général de l’industrie ne cessent de prendre de l’ampleur. Les « VR de la Covid » comme les ont baptisés les observateurs sérieux de ce domaine de l’économie, passent presque plus de temps dans les ateliers de réparation des concessionnaires que sur la route. Peu de fabricants échappent à la calamité des rappels. Des exemples ? En voici parmi les plus récents : 

En novembre 2024, un rappel (NHTSA 23V824000, Winnebago 191) de la compagnie Winnebago mentionnait la possibilité que la fenêtre de la porte prenne tellement de jeu qu’elle en vienne à se détacher du VR en déplacement. 5 313 véhicules Navion et View fabriqués entre 2020 et 2024 étaient ciblés. Le scellant utilisé pour fixer la fenêtre était mis en cause.

Janvier 2025, un autre rappel (CAM0000041) concernant 144 caravanes du modèle Minnie, construite entre le 2 avril et le 2 décembre 2024 était émis. Cette fois, il s’agissait d’un risque d’incendie pouvant se produire lorsque le chauffage au gaz fonctionnait en même temps qu’un feu de cuisson. Dans certaines occasions, l’alimentation du brûleur pouvait être transférée sur le second brûleur, sans que le propriétaire ne s’en rende compte. Pour corriger la situation, un coupe-feu devait être installé entre le système de chauffage et les feux de cuisson. 

En février, la compagnie émettait encore un rappel (numéro 195) indiquant que les supports du réservoir de propane pouvaient se rompre et le réservoir se retrouver sur la route. 696 unités fabriquées en mars 2024 et expédiées aux concessionnaires en novembre. Différents modèles étaient touchés : Minnie Winnie, Navion, Porto, Spirit, View et Vista. Le responsable : un ouvrier inexpérimenté ayant mal fixé les supports. Un meilleur encadrement de son travail et une supervision adéquate aurait normalement permis de détecter et de corriger le problème à la source.  

Tous ces exemples mettent en cause des produits Winnebago, pourtant j’aurais pu en choisir plein d’autres impliquant de nombreux fabricants. Thor, pour des autocaravanes dont une rallonge escamotable pouvant s’ouvrir alors que le véhicule est en mouvement; Jayco, également des autocaravanes à moteur Cummins L9 dont un boyau du filtre à carburant pouvait se détacher et causer un incendie (modèles : Entegra Anthem, Aspire et Reatta XL).

Et la liste des fabricants ne s’arrête pas là. Keystone pour un défaut des raccordements électriques pouvant créer un court-circuit et même un incendie de certaines caravanes de voyage, ou encore Forest River, qui compte le plus grand nombre de rappels de toute l’industrie.

Ainsi, cette dernière compagnie a émis un rappel pour certaines caravanes à sellette pour un évent du réservoir d’eau noire trop court qui, plutôt que de sortir sur la toiture et aspirer les mauvaises odeurs vers l’extérieur, donnait dans un placard à l’intérieur du véhicule. Imaginez le pauvre caravanier prenant conscience qu’il voyage assis dans une bécosse.