Quand la solution se trouve chez McDo
30 juillet 2023
Prendre la route amène toujours son lot d’imprévus. Ce fut le cas à au moins deux reprises cette semaine. En fait, la première nous a frappés avant même que ne s’amorce notre voyage vers Pender, NE.
Mercredi dernier, en début d’après-midi, je me rends chez le locateur uHaul de Longueuil, prendre possession d’un chariot de remorquage réservé une semaine plus tôt. Après 90 minutes d’attente, de paperasses à remplir, on accroche finalement le chariot au Montecarlo. Puis, j’installe l’Escape dessus. Le préposé me dit alors que le petit VUS est trop gros pour un tel chariot. Les roues de 18 pouces présentent un diamètre trop grand qui amènerait les sangles à se détacher des roues au moindre virage. Il faudrait que votre auto soit montée sur des jantes de 15 ou 16 pouces. On refuse donc de me le louer.
Pourtant, lors de ma réservation, j’avais utilisé l’outil de simulation proposé par la compagnie et tout baignait dans l’huile. Les Escapes sans options spéciales arrivent d’ailleurs sur de telles roues. De plus, les autos avec des jantes de 15 ou 16 pouces se font de plus en plus rares sur le marché. Bref, il me faut rapidement échafauder un plan B.
J’appelle Michelle et je l’informe du problème en lui disant qu’il lui faudra conduire le VUS en me suivant docilement jusqu’à Pender. Pour elle, qui a à peine conduit quelques centaines de kilomètres ces dernières 25 années, cette nouvelle lui tombe dessus comme une tonne de brique. Malgré tout, elle se résigne et accepte.
Deux jours plus tard, après avoir utilisé les haltes ontariennes OnRoute pour autant de nuitées, nous nous présentons à la frontière étatsunienne de Detroit. Tout se passe bien et, quelques minutes plus tard, nous traversons l’Ambassador Bridge. À la sortie, un poste de péage attend tous les usagers du pont pour leur facturer un droit de passage.
Comme toujours, je me pointe à une guérite où on peut acquitter son dû par carte de crédit. Quant à Michelle, elle opte pour la guérite adjacente à la mienne qui accepte un paiement en argent comptant. Pour elle, tout se passe bien, alors que de mon côté, le lecteur de carte semble avoir des problèmes avec ma carte. La préposée sort de son abri et vient, de ses doigts magiques, régler le problème. La barrière se lève et je peux donc rouler.
Ceux qui ont déjà emprunté l’Ambassador Bridge savent qu’à la sortie du poste de péage, il faut choisir sur le champ entre deux Interstates, la I-94 et la I-75. De plus, chacune de ces autoroutes exige que l’on choisisse Est ou Ouest pour la première, Nord ou Sud pour la seconde. Au total, cela fait donc quatre possibilités. Aucune hésitation n’est permise si l’on ne veut pas que de multiples klaxons se mettent à faire du bruit. Pour ajouter au stress, de part et d’autre, des parapets amovibles laissent croire que l’on circule au beau milieu d’un chantier de construction et que même un GPS hésiterait à indiquer une direction.
En s’engageant dans ce dédale, toute la concentration de Michelle se porte sur les murets et, comme elle regarde directement la route, elle ne voit pas les panneaux indicateurs juchés dans les airs. Elle s’engage donc dans la première voie qui s’offre à elle. Je dois dire que, pour lui simplifier la vie, je lui avais dit que nous n’avions qu’à continuer tout droit pour reprendre notre chemin.
En sortant de la station de péage, je me rends compte que je ne vois plus Michelle. Laquelle des quatre possibilités a-t-elle bien pu choisir ? Sur le coup et préoccupé, je m’engage sans véritablement réfléchir vers la I-75, direction nord. Immédiatement, je tente de joindre Michelle sur son cellulaire pour m’enquérir de sa position. Elle me répond ne voir aucune indication et qu’autour tout ressemble à un chantier. Il est vrai qu’au sortir du pont, l’environnement s’apparente à celui d’une ville bombardée, tellement ce quartier de Detroit est détérioré. Puis, brusquement, la communication est coupée.
Toutes mes tentatives pour la joindre à nouveau s’avèrent inutiles. Son téléphone est hors ligne. Je ne peux non plus localiser sa position sur mon cellulaire. Sa ligne est vraiment morte.
L’inquiétude s’empare de moi. Où est-elle ? Quelle direction a-t-elle bien pu prendre ? Je l’imagine en panique, toute seule dans une ville qu’elle ne connait pas, où personne ne parle sa langue. D’ailleurs, que pourrait-elle dire pour demander de l’aide ? Elle qui ne sait même pas où je suis.
Je contacte une de nos filles en pensant qu’en conjuguant nos efforts, nous parviendrons peut-être à dégager une solution. Après plusieurs tentatives, coup de fil, texto… un message texte réussit à l’atteindre. Quel soulagement !
Plutôt que de paniquer, contrairement à moi, Michelle est demeurée beaucoup plus zen. Atant constaté son incapacité à utiliser son cellulaire, elle s’est immédiatement mise en mode solution et pensé qu’il lui fallait dénicher une liaison Wi-Fi qu’elle pourrait utiliser pour m’atteindre. Elle s’est donc dirigée vers le premier McDo rencontré pour connecter son téléphone au Wi-Fi offert gratuitement. Nous avons finalement pu communiquer et je me suis en route pour la retrouver.
En fait, lorsque finalement, elle a pris conscience qu’elle s’était engagée sur la I-75 en direction Sud, elle ne s’était posé aucune question, puisque cette autoroute constitue souvent une voie que nous empruntons pour aller en Floride. Alors qu’elle roulait Sud, moi j’avais roulé Nord et 24 km nous séparaient.
Je dois dire que j’étais fier de son sang froid et de l’intelligence de son geste l’ayant amenée à trouver une ressource facile d’accès pour se tirer d’affaire. Même après 57 ans de vie commune, elle réussit encore à m’étonner. Vraiment très fier !
Voici maintenant l’explication de ce qui a causé la panne téléphonique. Dans les paramètres, de son cell, le bouton activant le choix automatique du fournisseur à privilégier n’avait pas été activé. Comme nous arrivions du Canada et que Telus était notre fournisseur de base, malgré que notre forfait en était un de type Canada — États-Unis, le téléphone n’était pas autorisé à changer de fournisseur pour rétablir la communication. Il m’a suffi d’activer ce bouton pour que tout rentre dans l’ordre. Quant au reste de l’histoire, une fois tout rentré dans l’ordre, nous reprîmes notre route vers l’Ouest, sur la I-94, cette fois.
J’ai pensé vous raconter cette mésaventure, car personne d’entre nous ne peut prévoir quand un incident similaire frappera de plein fouet. Dans une telle occasion, même une ressource aussi ordinaire, mais surtout aussi fréquente, qu’un simple restaurant McDonald, peut alors devenir un outil précieux pour se sortir du pétrin. À condition de garder la tête froide, bien sûr !
Commentaires
Pour nous faire part de votre commentaire sur ce billet, veuillez remplir ce formulaire.
*Seul votre prénom et commentaire seront publiés