Petit-Saguenay
31 mai 2023
Des vacances en nature et en famille…
Le Bas-Saguenay, c’est la région de la démesure… Le refuge des montagnes jetées dans le désordre sur un territoire verdoyant qui abrite le Seigneur d’un royaume mythique : le fjord du Saguenay. Dans ce cadre naturel unique, les vacances en famille peuvent prendre une dimension particulièrement agréable… pour les parents.
Le Village Vacances Petit-Saguenay est un camping doté de l’un 3 ou 4 plus beaux points de vue de tout le Québec. Accroché au haut d’une falaise sablonneuse, il domine une plage magnifique qui devient gigantesque à chaque basse marée. Notre regard y embrasse toute la majesté du fjord, de l’équerre de L’Anse-de-Roche jusqu’au cap de la Boule. On devine même le fleuve au loin, là d’où viennent les paquebots et les vraquiers qui défilent sur ce théâtre marin grandiose.
L’endroit propose aussi la villégiature dans des chalets charmants, tout équipés ou rustiques, dont plusieurs jouissent d’une vue à couper le souffle.
Là où la chose prend une dimension fort plaisante pour les parents, c’est que le Village Vacances est également une sorte de colonie de vacances où l’on prend les enfants en charge durant la journée pendant que papa et maman vont marcher de cap en cap sur les sentiers pédestres, partent en kayak de mer flirter avec les bélougas, s’éloignent pour aller faire du tourisme ailleurs dans la région ou ferment les rideaux du chalet pour rattraper les occasions perdues… Pendant ce temps, les jeunes deviennent de véritables aventuriers en forêt, font damner la monitrice, plongent dans la piscine en faisant la bombe et se foutent éperdument de ce qui arrive aux parents. Et toute la famille se retrouve en soirée autour du feu de camp en chantant des chansons de scout. C’est pas la belle vie ça ? Surtout quand on n’a pas à s’occuper des repas. Ce genre de forfait s’offre en camping et en villégiature.
Je vous avoue que, personnellement, ce qui me fait le plus triper au Village Vacances, c’est l’histoire de ce site exceptionnel qui, à la fin du 19e siècle, était occupé par un important village et un gros moulin à scie des Price qui virait 24 heures par jour. Le feu a tout détruit en 1900 et il ne reste plus aujourd’hui que quelques vestiges à peine perceptibles, dont les croutes d’arbres entrelacées qui bordent la rivière et la plage en continuant de lutter contre l’érosion.
Ailleurs à Petit-Saguenay, on trouve quelques autres incontournables, dont le quai où il faut absolument aller tourner. Quoi de plus banal que d’aller virer au quai me direz-vous ? Oui ! Mais, j’aime les quais ! Et surtout celui de Petit-Saguenay qui a été magnifiquement réaménagé il y a quelques années. En juin, le soleil se couche exactement dans l’axe du fjord et offre un spectacle saisissant.
Sur la rivière Petit-Saguenay, on trouve un autre endroit que j’adore : le camp des Messieurs. Il s’agit d’un ancien camp de pêche des Price qui doit avoir plus de 125 ans et qu’on peut louer. L’endroit est vraiment hyper pittoresque avec les quelques maisonnettes qui l’entourent. On a ajouté un agréable camping au site il y a quelques années. On y trouve également très beau un sentier randonnée qui longe la rivière et qui est accessible à toute la famille.
Jean-Yves Côté
On ne peut traverser Petit-Saguenay sans remarquer, juste avant le village, une série de piliers de pierre surmontés de statuettes de ciment dont plusieurs se sont fait détruire par les tireurs d’élite du coin. Jean-Yves Côté s’entête depuis des décennies à les remplacer au nom de sa vision de la beauté, comme une réponse obstinée à la bêtise humaine. J’ai d’ailleurs remarqué que certains résidents du village commencent à l’imiter. Si l’idée se généralisait, voilà qui donnerait peut-être un caractère unique et original à Petit-Saguenay.
L’immense domaine de 900 acres que Jean-Yves Côté possède à Petit-Saguenay est devenu ce qu’il appelle « le monde enchanté de mon enfance ». Dans un élan d’heureuse nostalgie, il évoque le bonheur et l’innocence de son enfance passée à quelques centaines de mètres de son refuge actuel qui se trouve en bordure du village. À l’époque, au moins une centaine d’enfants couraient avec allégresse dans les rues de la paroisse. La terre voisine de l’oncle Wilbrod Houde constituait leur terrain de jeu. Elle est traversée par un cours d’eau bucolique, la rivière du Cabannage, qui se prête magnifiquement à la baignade et aux jeux d’eau sous la chute. Tous les enfants ont appris à nager dans ses bassins. Sur une petite ile, les jeunes ont érigé une vingtaine de wigwams. Ils y jouaient aux cowboys et aux Indiens, imitant les héros de l’heure, Kit Carson, Hopalong Cassidy et Roy Rogers, en lançant leurs flèches acérées sur les vaches d’un voisin particulièrement indulgent, Montcalm Tremblay, et en s’imaginant qu’ils pourchassaient un troupeau de bisons. Ils y pêchaient de petits saumons qu’ils dévoraient sur place en les faisant bouillir dans des boites de tabac en tôle. Ils jouaient aux naufragés sur de minuscules radeaux, pêchaient la truite par centaines puis chassaient le lièvre et la perdrix par dizaines. C’était l’aventure ! Plus tard, Jean-Yves venait faire les foins avec son oncle et travailler sur la terre qu’il a ensuite acquise. Comment ne pas cultiver la nostalgie de cet univers merveilleux que Jean-Yves Côté a matérialisé en aménageant des kilomètres de sentiers pédestres, douze ponts couverts, des belvédères, des refuges, une cabane à sucre, un musée de vieilleries et une forge ? Partout sur son domaine, on trouve des poèmes célébrant les beautés de la nature. Le jeu s’est transformé en une passion envahissante pour un petit paradis que Jean-Yves Côté partage avec magnanimité et enthousiasme.