Nouvelle tracasserie à la frontière étasunienne
23 mars 2025
Depuis plus de 50 ans que Michelle et moi venons régulièrement aux États-Unis, principalement en mode camping au début et caravaning par la suite, jamais jusqu’à aujourd’hui je n’ai été témoin d’un tel désarroi chez nos compatriotes. Même lors de la Covid-19 et de la panique qui suivit, engendrée par une très mauvaise gestion des communications concernant la fermeture des frontières, n’avait atteint un tel paroxysme.
Souvenons-nous de l’effet qu’avait créé cette annonce de nos élus. Combien de Québécois avaient devancé leur départ pour revenir à la maison le plus rapidement possible, en craignant que la frontière canadienne leur soit fermée ? Pourtant cette mesure ne pouvait pas les concerner et s’adressait aux seuls visiteurs non canadiens venant de l’étranger. Même les compagnies d’assurances avaient sommé leurs clients de revenir dans un délai très court au risque de perdre toute assistance financière s’ils attrapaient la Covid-19 durant leur séjour aux États-Unis.
Pourtant, l’automne précédent au moment de l’achat d’une protection en cas d’accident ou de maladie, le contrat signé et payé ne mentionnait pas le coronavirus dans les clauses d’exclusiions. Dans un contrat dûment signé, les parties ont l’obligation de respecter les conditions qui y sont mentionnées. Malheureusement, craignant de se retrouver sans assurance, plusieurs avaient raccourci leur voyage hivernal et brusquement rebroussé chemin et rentrer au bercail au plus vite.
Cette année, les choses sont différentes, mais l’insécurité est palpable dans toute la communauté des nomades saisonniers. Dans tous les campings, les nouvelles normes édictées par un président imprévisible et instable sont de toutes les conversations. Pour moi, le fameux décret qui fut signé par le monsieur le 21 janvier n’aurait pu constituer un meilleur moyen pour ajouter au chaos. Apparu en pleine guerre commerciale, annoncée, décalée, reannoncée avec des tarifs rehaussés, ce décret fut la goutte qui s’ajoutant à la hausse des prix et la faiblesse de notre devise avait fait débordé le vase de ce que nos compatriotes pouvaient endurer.
Immédiatement, tous les médias se sont rués sur la nouvelle en oubliant qu’il est impossible d’analyser les détails d’une décision aussi majeure en peu de temps. Un « clip » de 15 ou 30 secondes ne laisse pas de temps aux nuances. Il faut immédiatement aller à l’élément qui frappera durement l’imaginaire avant de passer aux prévisions de la météo. Malheureusement, une telle attitude devient un terreau idéal à la mésinformation et aux ragots de toutes sortes. Une manne à clics qui fait uniquement le bonheur de ceux qui en vivent.
Voilà qui explique en partie pourquoi je me suis fait silencieux sur le sujet jusqu’à maintenant. Dénicher une information qui tient la route, que l’on arrive à vérifier pour la séparer de l’ivraie qui pousse trop facilement, prend énormément de temps. Sans aucune exagération, depuis deux semaines, j’ai consacré des dizaines et des dizaines d’heures à fouiller cette question. Cela sans compter les nombreux courriels de compatriotes, de téléphone et de voisins de camping, les uns curieux de comprendre ce qui se passait et les conséquences qui en résulteraient, d’autres inquiets, mais la plupart du temps désemparé et peinant à s’y retrouver dans un aussi sombre labyrinthe auquel de nouveaux dédales s’ajoutent chaque jour.
Car, il faut bien le reconnaître, il est extrêmement difficile de trouver le miraculeux fil d’Ariane qui nous permettrait de sortir du labyrinthe. D’une part, lire le fameux décret, en trouver les modalités d’application et les délais, composer avec l’humeur changeante d’un « décréteur » qui, quelques jours après avoir paraphé un texte, officiel déclare avec arrogance et sans gêne devant les médias ne pas l’avoir signé, alors que le document est déjà enregistré aux archives. Un chaos dont l’objectif premier est de semer la zizanie et de créer inquiétude et insécurité.
Je ne décortiquerai davantage aujourd’hui, toutes les implications actuelles et à venir des obligations que l’on semble vouloir imposer à nos périples. J’ai encore trop de questions sans réponses, des points qui souvent, à leur face même, constituent une insulte à la logique et à l’intelligence. En voici quelques-uns.
Ambiguïté numéro 1
Aujourd’hui, samedi, 22 mars, on mentionne encore la date du 11 avril comme moment où il deviendra obligatoire aux touristes, visiteurs et vacanciers de s’enregistrer et d’obtenir un formulaire, le I-94, précisant la date d’entrée au pays de l’oncle Donald ( comme le nom de golfe du Mexique a été modifié, il est normal de penser que l’oncle Sam va lui aussi perdre son titre, qui, parions-le, sera attribué à un autre mononcle).
Lorsqu’une nouvelle mesure est mise en place à une date précise, elle débute à ce moment et n’a pas d’effets rétroactifs. Logiquement, seules les personnes qui se présentent à la frontière américaine à cette date ou après avec l’intention de demeurer au pays plus de 30 jours devraient être visées. Cela signifierait que le 12 avril serait le premier jour de séjour comptabilisé.
Ambiguïté numéro 2
Une première version des nouvelles règles mentionnait une prise d’empreinte obligatoire pour chaque visiteur adulte. Celle-ci a rapidement été reportée sans délai. Selon les premières informations apparues sur le site officiel U.S. Customs and Border Protection, on pouvait percevoir le désarroi des responsables de ce service qui semblaient avoir appris le contenu du décret présidentiel en même temps que l’ensemble de la planète. On avouait candidement sur le site officiel ne pas être en mesure de concrétiser l’application de ces règles dans l'Immédiat.
Ambiguïté numéro 3
De ce que j’ai lu jusqu’à maintenant, mais que je devrai reconfirmer par une source officielle, les voyageurs et touristes, caravaniers ou non, munis de la carte Nexus pourraient être dispensés de la formalité I-94. Ayant déjà été soumis à plusieurs enquêtes et vérifications de sécurité, exempts de tout casier judiciaire, reconnus comme des personnes ne présentant aucune menace à la sécurité du pays et ayant fourni leurs données biométriques (rétine oculaire) au système de sécurité, ces participants admis au Trustee Travellers Program devraient en toute logique se tirer d’affaire.
Ambiguïté numéro 4
Dans toutes les structures bureaucratiques, les différents services ont tendance à travailler en silo et beaucoup de mal à partager l’information. C’est vrai ici au pays, mais aussi chez nos voisins. D’ailleurs la nature même de la bureaucratie est de normaliser et compartimenter toutes les activités à réaliser. Les différents corps policiers fédéraux, immigration, d’état, de comté et municipaux ne sont généralement pas au courant de ce qui se passe dans les autres paliers chargés d’appliquer les lois.
De plus, chaque fois qu’une nouvelle norme est promulguée, de la formation doit être conçue et diffusée aux différents paliers mandatés pour l’appliquer. Dans le cas qui nous concerne, avant que la directive opérationnelle du décret dont on parle soit codifiée et descende de la U.S. Customs and Border Protection Agency jusqu’au plus bas échelon de l’échelle, le ou les patrouilleurs d’un petit village, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et la plupart d’entre nous seront revenus au Québec depuis longtemps. Pour une fois, voilà une ambiguïté qui joue en notre faveur. Vive la bureaucratie!
On pourrait continuer de la sorte sur plusieurs pages, mettant ainsi en évidence le côté brouillon de ce décret. Mais, il est là, fait peur à plusieurs, je le comprends. Ce n’est pas une sinécure de s’y retrouver dans un tel fouillis bureaucratique, surtout lorsqu’on est peu familier avec un tel langage. À cela s’ajoute le fait d’être confronté à des textes rédigés dans une langue autre que la nôtre.
Se faire dire de contacter l’ambassade canadienne ne sert pas vraiment, d’autant plus qu’il s’agit d’une mesure interne qui ne concerne que les États-Unis. Quant au site dédié au formulaire I-94, on ne peut pas dire qu’il soit limpide et convivial. Chaque fois que l’on change de page ou d’onglet, il faut accepter les conditions de consultation imposées pour des raisons de sécurité.
Cet après-midi, même si je ne m’estime pas particulièrement démuni devant de tels sites, il m’a fallu m’y reprendre à plusieurs reprises et effectuer quelques arabesques latérales pour afficher mes nombreux séjours dans ce pays. J’ai même découvert qu’officiellement pour les quatre ou cinq plus anciens de ces séjours, je serais encore aux États-Unis. Il est vrai qu’avant juin 2014 les douanes canadiennes et étasuniennes ne s’échangeaient aucun renseignement sur les personnes qui traversaient les frontières. Impossible donc de déterminer combien de temps nous avions séjourné dans chaque pays. Les États-Unis compilaient les entrées des Canadiens et alors que nos agents frontaliers, ignorant qu’on était sorti du Canada, ne compilaient que notre date de retour.
Je vous invite donc à surveiller mon blogue fréquemment cette semaine, j’essaie de trouver un moyen d’éclaircir la situation, ses impacts réels, potentiels ou fictifs et de vous la livrer dans un langage plus facile à comprendre. Ce sera ma façon à moi d’essayer de réduire votre inconfort actuel. Entre temps, respirez par le nez, nous avons encore quelques semaines devant nous pour décanter le tout.
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Commentaires
Sylvie
Malgré le fait qu'on demeure collé sur la frontière, comme Carol et Jean-René, Seigneur qu'on va voyager en VR chez nous!!! Pour se dépayser, le sud de la frontière étatsunienne et l'espace schengen continueront d'être nos lieux d'exploration!
Andre
Ce que je retiens en particulier de votre blog et que je partage est ceci= Dans le cas qui nous concerne, avant que la directive opérationnelle du décret dont on parle soit codifiée et descende de la U.S. Customs and Border Protection Agency jusqu’au plus bas échelon de l’échelle, le ou les patrouilleurs d’un petit village, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et la plupart d’entre nous seront revenus au Québec depuis longtemps. Pour une fois, voilà une ambiguïté qui joue en notre faveur. Vive la bureaucratie! C’est ce que j’essaie de faire comprendre à mes amis snowbird ici en Floride. Mais plusieurs semblent croire qu’après le 11 avril, des agents les arrêteront sur la 95 ou la 87 et s’ils n’ont pas leur i-94, ils seront envoyés directement à Guantanamo pour un temps indéterminé!!! Pour plusieurs c’est la panique et je ne compte plus le nombre de snowbirds qui partiront le 1er avril pour être certain d’être revenus au Canada avant le 11 avril. C’est triste tout cela,
Andre
Ce que je retiens en particulier de votre blog et que je partage est ceci= Dans le cas qui nous concerne, avant que la directive opérationnelle du décret dont on parle soit codifiée et descende de la U.S. Customs and Border Protection Agency jusqu’au plus bas échelon de l’échelle, le ou les patrouilleurs d’un petit village, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et la plupart d’entre nous seront revenus au Québec depuis longtemps. Pour une fois, voilà une ambiguïté qui joue en notre faveur. Vive la bureaucratie! C’est ce que j’essaie de faire comprendre à mes amis snowbird ici en Floride. Mais plusieurs semblent croire qu’après le 11 avril, des agents les arrêteront sur la 95 ou la 87 et s’ils n’ont pas leur i-94, ils seront envoyés directement à Guantanamo pour un temps indéterminé!!! Pour plusieurs c’est la panique et je ne compte plus le nombre de snowbirds qui partiront le 1er avril pour être certain d’être revenus au Canada avant le 11 avril. C’est triste tout cela,
jacques
De ce que je comprends il faut compléter le formulaire g-325..ayant nexus j’aimerais bien une confirmation..étant en voyage depuis le mois de novembre..on n’a quand même compléter le formulaire..même si il l’est pas adapté lorsque qu’on change de camping de façon fréquentes Once an alien successfully completes his or her biometrics appointment at an ASC, the ELIS case management systems will trigger the creation of “Proof of Alien Registration” with a unique identifier printed on the document. For those aliens, such as Canadian nonimmigrants and aliens under the age of 14, required to register but for whom the fingerprint requirement is waived, the ELIS case management system will trigger the creation of the “Proof of Alien Registration” upon receipt of Form G-325R. This Proof of Alien Registration document will then be posted to the alien's myUSCIS account. In the myUSCIS account, the alien will be allowed to download a .PDF version of the document, and can print it. This document serves as evidence of the alien's registration for purposes of 8 U.S.C. 1304(d).[7] https://www.federalregister.gov/documents/2025/03/12/2025-03944/alien-registration-form-and-evidence-of-registration
Carol
Compliquer pour les gens qui ont un pied à terre en Floride ou toute Etats Americain ….mais comme moi voyageur,pas vraiment compliquer d’éviter tout voyage au sud de la frontière pour l’instant
Carol
Compliquer pour les gens qui ont un pied à terre en Floride ou toute Etats Americain ….mais comme moi voyageur,pas vraiment compliquer d’éviter tout voyage au sud de la frontière pour l’instant
Jean rené
Le mieux c est de rester au Canada pour les 48 prochains mois
Estelle
J'ai imprimé le formulaire I-94 avec toutes mes entrées et sorties des États Unis. J'imagine que j'aurai juste à le montrer aux douanes en mai prochain ou peut-être même pas montrer le formulaire. Une nouvelle entrée sera enregistrée sur mon dossier et que j'aurai tout simplement a retourner au formulaire, et faire une capture d'écran qui prouvera que je circule aux États en toute conformité.
Estelle
J'ai imprimé le formulaire I-94 avec toutes mes entrées et sorties des États Unis. J'imagine que j'aurai juste à le montrer aux douanes en mai prochain ou peut-être même pas montrer le formulaire. Une nouvelle entrée sera enregistrée sur mon dossier et que j'aurai tout simplement a retourner au formulaire, et faire une capture d'écran qui prouvera que je circule aux États en toute conformité.
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