La situation se rétablit progressivement
27 juin 2024
L’ouragan Lee est devenu tempête tropicale et a traversé la Nouvelle-Écosse sans dommages graves, mais en laissant des traces vraiment partout. Honnêtement, il m’a déçu.
J’aurais bien aimé voir la nature se déchainer avec plus de force encore et secouer le décor. Mais ça, c’est juste pour le spectacle. Le plus important reste qu’il n’y a pas eu de victimes. Seulement des arbres tombés sur des voitures ou en travers des routes. La pire conséquence s’avère être la panne de courant qui perdure avec beaucoup plus d’ampleur que ce que nous aurions pu soupçonner.
La panne s’étire
Dès le lendemain de la tempête, nous nous sommes déplacés dans l'incontournable village côtier de Lunenberg où passent des hordes de touristes en bus. J’ai été vraiment émerveillé de constater la grande résilience des insulaires qui étaient tous sur leurs terrains à ramasser les branches et les déchets végétaux. Des groupes de citoyens (ainés) se sont formés pour nettoyer les dégâts et les chemins de bord de mer ont rapidement été dégagés des masses de goémon qui les bloquaient.
J'en profite pour souligner l'extrême gentillesse de la population locale. TOUT le monde nous salue, à pied ou à vélo, avec un large sourire. Le contact est hyper facile à établir.
Une panne de courant a sévi durant plus de deux jours, fermant tous les commerces et laissant, au plus fort de l’évènement, 146 000 foyers sans électricité. Elle persiste toujours à Lunenberg au moment où nous y arrivons. Le long de la rue principale, une jeune restauratrice a installé une table sur le trottoir, près de l’entrée de son commerce. Elle y offre chili et café chaud sans demander d'argent. Chacun peut laisser une contribution à la mesure de ses moyens. Il faut bien comprendre qu’il s’agit de la seule entreprise alimentaire ouverte dans toute la ville. Toute la ville incluant le camping municipal où nous ne pouvons pas nous brancher.
Comme nous avions un problème de propane avec notre frigo, la gestion de la bouffe est vite devenue problématique. Surtout avec tous les fruits de mer avec lesquels nous avions empli le congélateur et qui commençaient à couler dans le frigo. L’odeur ne laissait pas de doute sur la nature du contretemps. J’ai donc dû recommencer la ronde des téléphones auprès des distributeurs de propane. Personne n’assurait de service sur les équipements de VR et ne pouvait nous recevoir.
La situation est revenue à la normale grâce à Charlie, un spécialiste qui m’avait été référé et qui venu de Bridgewater pour nous sauver. Charlie a travaillé toute sa vie pour un vendeur de motorisés et de roulottes. À sa retraite, il fait du dépannage dans les campings. En définitive, notre cas n’est pas bien grave. Il repère rapidement le bruleur du frigo qui est obstrué. Il sort le compresseur, mais le tuyau qu’il possède est trop gros pour rejoindre le bruleur. Il retourne chez lui afin d’en patenter un plus petit avec lequel il réussira à nettoyer mon équipement et à relancer le refroidissement. Vous pouvez penser que je suis plutôt nul de ne pas avoir arrangé ça moi-même ! Vous avez parfaitement raison ! Le courant ne reviendra qu’à la fin de notre deuxième jour au camping.
Autre conséquence imprévue... Il n'y a plus d'essence, les gens ayant fait des réserves pour leurs génératrices. J'espère que ce sera réglé aujourd'hui sinon nous n'irons pas loin.
Lunenberg
Lunenberg, ce village a été fondé par des colons allemands et suisses, au milieu du 18e siècle, après que les Anglais eurent jeté les Acadiens à la mer en 1755.
Lunenberg est réputé pour son éblouissante agglomération de splendides maisons victoriennes aux couleurs rutilantes et contrastantes. Toutefois, sa réputation internationale lui vient du fait qu'il ait été le lieu de construction et le port d'attache du fameux voilier de pêche le Bluenose dont l'effigie orne la pièce de 10 cents. La goélette la plus rapide de son époque est carrément passée à la légende après avoir remporté les régates les plus prestigieuses. Elle a sillonné le monde en représentant son patelin et le Canada puis s'est échouée en 1946 dans les Caraïbes, oubliée et négligée. Le projet de la faire revivre est apparu en 1960 et le Bluenose II a aujourd'hui pris la relève. J'ai eu la chance de le voir à quai ici il y a quelques années, ainsi que dans la Baie des Ha! Ha! lors d'une visite protocolaire. Un musée fascinant lui est en partie dédié.
Autre visite à ne pas rater, celle de la distillerie Ironworks localisée dans l’ancienne forge du village. On nous y fait gouter toutes sortes de liqueurs, mais leur produit fétiche retient toute l’attention. Un rhum brun âgé de deux à cinq ans, mais très clair, le Rum Boat Rum, qui est vieilli sur terre et en mer, sur un entrepôt flottant, le Black Beauty, ancré dans le port de Lunenberg.
D’autre part, il faut se donner la peine de faire le tour de la baie. D’une part, pour avoir la meilleure vue sur le village. D’autre part, pour aller manger sur la très agréable terrasse qui regroupe quelques restos et un bar. On y savoure une délicieuse pizza en admirant le front de mer coloré.
La piste cyclable Bay to Bay se dirige vers Mahone Bay en passant par un hameau qu’il faut explorer pour ses attraits pittoresques et photogéniques.
L'aventure continue de s'improviser dans le temps plutôt moche... À la recherche d'essence puis d’une nouvelle destination.
Pour mieux préparer votre voyage, je vous recommande le guide de voyage Explorez Halifax et la Nouvelle-Écosse, aux éditions Ulysse, version papier ou numérique.