Même invisibles, on en voit de plus en plus
6 mai 2024
Cette semaine, je lisais une analyse effectuée par The Dyrt, à la fois un site web et une application réunissant une impressionnante communauté de caravaniers et de campeurs. Mes efforts pour décoder la signification de cet acronyme étant restés vains, après plusieurs minutes à naviguer sur le web, je me risque à proposer que ces lettres puissent signifier quelque chose comme Do Your Reservation Today.
Mais faire la promotion de ce site web n’étant pas mon propos aujourd’hui, je reviens à l’analyse publiée.
On y apprend qu’une proportion en nette croissance des personnes ayant réservé un emplacement de camping ne s’y présente pas le moment venu. Seulement 42,7 % des personnes ont honoré toutes les réservations planifiées pour 2023. L’analyse montre également que l’an dernier, il était quatre fois plus difficile de trouver et réserver un emplacement qu’en 2019.
Comme le soulignait un participant à l’enquête, engagé dans un voyage s’étalant de plusieurs jours, à ses yeux, réserver plusieurs endroits en même temps lui était apparu comme la garantie de pouvoir accéder à un emplacement, peu importe les aléas ou retards de son périple.
Toutefois et heureusement, tout au long du voyage, le type avait, dans les délais prévus, procédé à l’annulation des réservations au fur et à mesure que celles-ci devenaient superflues. Malgré tout, autant de réservations, dont il était clair que la majorité serait inutile, avaient eu comme impact de créer un achalandage fictif dont la conséquence directe avait été de bloquer de nombreux emplacements qui, autrement, auraient pu profiter à d’autres caravaniers.
Cette façon presque égocentrique de provoquer un faux encombrement dans les campings a également été accentuée par la pandémie et son impact sur la popularité du camping et du caravaning. Du jour au lendemain, ce qui n’était un loisir un peu ringard était apparu comme le moyen par excellence de continuer à voyager tout en se mettant à l’abri du coronavirus. Le recours au télétravail avait également joué un rôle important dans ce nouvel engouement.
Toutes ces raisons font qu’aujourd’hui, de nombreux terrains de camping affichent complet alors que plusieurs emplacements demeurent pourtant inoccupés. En scrutant les détails de l’analyse citée plus haut, on apprend également que la proportion des « campeurs invisibles » ayant réservé sans se présenter, ni annuler représentait 14,2 % du volume total des réservations, ce qui est énorme.
Plus de la moitié de ce groupe était constitué de personnes que l’on dit millénaristes ou de la génération Z. Quant aux baby-boomers et aux membres de la génération X, leur attitude face aux annulations témoignait d’un peu plus de civisme.
Dernier point intéressant de l’analyse, les personnes dont le revenu familial annuel dépasse 250 000 USD sont deux fois plus nombreuses dans la cohorte des campeurs invisibles que celles dont le revenu se situe sous les 50 000 USD. Faut-il s’en surprendre ? Sûrement pas ! Même peu élevés, les frais de réservation sont nettement plus significatifs dans le budget d’une personne dont le revenu est de 50 000 USD que pour une personne qui gagne cinq fois plus.
Je l’avais déjà souligné dans un billet antérieur disparu dans les limbes de l’internet, la Californie a récemment mis en place dans ses parcs des mesures pour enrayer le phénomène des campeurs invisibles qui peuvent aller jusqu’à refuser l’accès aux campings et aux services des parcs sous sa juridiction.
Cela m’a amené à me demander si, ici, au Québec, la SÉPAQ avait une quelconque position sur la question. Après avoir cherché longtemps sur leur site web, je n’ai rien trouvé de précis à cet égard. Si vous en savez plus que moi, je vous invite à utiliser la section commentaires pour éclairer ma lanterne.
Commentaires
Pour nous faire part de votre commentaire sur ce billet, veuillez remplir ce formulaire.
*Seul votre prénom et commentaire seront publiés