L'histoire de déjouer la désinformation

19 février 2023

Cela se passait il y maintenant quinze ans. Le ministère de Transports du Québec envisageait alors de rendre obligatoire la pose de pneus d’hiver sur les véhicules moteurs durant la saison froide. Quelques associations liées de près aux véhicules motorisées avaient été invitées à faire des commentaires et même à participer à un comité consultatif initié par le gouvernement pour que la nouvelle règlementation soit conforme avec la vraie vie.

La FQCC avait alors reçu une invitation à se joindre à ce groupe de travail. Toujours prêt à monter au front pour défendre les caravaniers, j’avais fait part au directeur général de l’époque, Irman Bolduc, de mon intérêt pour la question. Tout en souscrivant à l’objectif de rehausser, par temps froid, la sécurité sur nos routes enneigées, il ne fallait surtout pas en arriver à une solution universelle qui, par manque de nuances, aurait mis en péril le résultat souhaité.

Les caravaniers tentant d’échapper aux rigueurs de l’hiver en roulant vers le sud des États-Unis se devaient d’obtenir un statut privilégié ou une dérogation les soustrayant à cette obligation. Après discussion à l’interne, nous avions convenu de défendre une position de compromis, soit celle d’une dérogation de courte durée, le temps de se rendre à la frontière en hiver et d’en revenir quelques semaines plus tard.

Notre argumentation s’appuyait sur plusieurs éléments. Tout d’abord, les caravaniers sont conscients que leur VR demande une conduite prudente et une vitesse réduite. Chacun de nous sait que nos VR n’ont rien en commun avec une voiture de tourisme, du moins en termes de tenue de route.

De plus, une obligation trop sévère aurait obligé les caravaniers en transit vers la chaleur à deux options. Une première, remplacer leurs pneus réguliers par d’autres, homologués pour l’hiver, et rouler avec ces pneus mal adaptés pour la chaleur. Non seulement la gomme des pneus d’hiver aurait été incompatible à une température élevée, mais la capacité de freinage aurait diminué de façon prononcée. Conséquemment, l’obligation devenait un obstacle à la sécurité des propriétaires et des passagers du VR.

Pour se conformer à la réglementation et atteindre l’objectif relatif à la sécurité, les caravaniers auraient du emporter dans leurs bagages deux ensembles de pneus qui, durant tout le périple, auraient alourdis et encombrés le VR. Question de sécurité, il leur aurait fallu déposer les pneus à l’approche d’un climat plus tempéré et les réinstaller sur la route du retour. Non seulement encombrant, mais onéreux comme obligation.

Telle qu’elle était énoncée au départ, la réglementation aurait touché sans distinction les autos et les camionnettes remorquant une caravane. Au total cela faisait beaucoup de pneus, souvent six pour le tracteur et quatre ou six pour le VR tracté.

Les statistiques sur les accidents impliquant des VR démontrant la grande prudence des caravaniers, le MTQ et son organisme la SAAQ ont été sensibles à la position défendue par la FQCC. En fait, ils ont tellement bien compris nos propos qu’ils ont été encore plus généreux qu’on le souhaitait. 

Résultat, tous les véhicules de promenades purent profiter d’une dérogation de sept jours pouvant se répéter jusqu’à quatre fois durant la froide saison. Lorsque l’on connait l’attirance que le Sud représente en hiver, mais surtout l’impatience des caravaniers à se retrouver a plus vite à la chaleur, une semaine pour se rendre à la frontière est beaucoup plus qu’il n’en faut. Quant aux autocaravanes, de type A, B, ou C, la version finale du règlement fut de les exclure de l’obligation d’installer des pneus d’hiver.

C’était il y a quinze ans, presque une éternité dans la mémoire collective de ce nouveau siècle. Je vous en ai parlé aujourd’hui, parce que dans un groupe Facebook, quelqu’un possédant un VR de classe B souleva la question à cause de la fermeture de certains services de la SAAQ pour cause d’implantation d’une modernisation de leur système informatique afin de mieux desservir les automobilistes.

Parmi les réponses que suscita la question posée sur le groupe Facebook, plusieurs suggéraient de retarder le voyage et de demander la dérogation de sept jours prévue. Après quinze ans, il y a encore des caravaniers qui ignorent que les VR ne sont pas soumis à l’obligation des pneus d’hiver. Plutôt que de donner un coup de fil à la FQCC, l’organisme à l’origine des mesures d’exception, ils se contentent d’inventer des réponses tendancieuses et fausses.

Émanant d’une personne qui ne roule qu’à vélo, je pourrais comprendre une telle ignorance, mais de la part de caravaniers, cela devient inexcusable. Il est grand temps que certains sortent de la caverne où ils hibernent et cessent de diffuser de telles faussetés. Quinze ans que Camping Caravaning se fend le c…, pardon, noircit des pages sur le sujet, pour renseigner la communauté des caravaniers et il s’en trouve encore qui préfèrent inventer des réponses. 

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