La lutte aux invisibles s'organise

16 avril 2023

Quoi de plus frustrant pour un caravanier que de voir, à son arrivée dans un parc d’état des États-Unis, de nombreux emplacements qui resteront inoccupés durant tout son séjour. Pourtant, celui-ci a sans doute, pendant des semaines et à de multiples reprises, tenté de réserver un emplacement, ne serait-ce que pour une ou deux nuitées.

Ce phénomène bien documenté chez nos voisins du sud est souvent désigné par l’expression « no-shows ». En français, une traduction très littérale pourrait donner « ceux qui ne se montrent pas », mais, personnellement, je trouve qu’elle contient trop de mots, ce qui en atténue l’effet percutant, témoignant bien la dénonciation et le mépris envers les no-shows. Pour cette raison, je préfère remplacer le terme anglais par « les invisibles ».

La tendance croissante des invisibles ne mettra pas beaucoup de temps à se répandre au-delà du 42e parallèle, comme tout ce qui se passe aux États-Unis d’ailleurs. Si des mesures ne sont pas prises rapidement, les invisibles se multiplieront ici aussi à la vitesse des mauvaises herbes. Déjà, on peut observer de tels comportements dans le domaine de la restauration où, après avoir réservé une table, des bozos, sans prévenir, ne se présentant pas pour l’honorer, ajoutant d’autant à la précarité financière qui frappe déjà plusieurs restaurateurs.

La Californie, un des états avant-gardistes des États-Unis, gère plus de 280 parcs où il est permis de camper. Aux prises avec ce phénomène qui suscite la grogne chez les caravaniers et campeurs bien intentionnés, des législateurs n’ont pas tardé à réagir. 

Récemment, un projet de loi a été déposé, qui aura pour effet de frapper les abuseurs directement là où ça fait mal, leur portefeuille. Ainsi, le « Bill 618 » permettra au caravanier ou campeur de résilier sa réservation jusqu’à dix jours avant la date prévue. Celui-ci obtiendra alors le remboursement complet du montant versé, amputé toutefois des frais administratifs liés à sa réservation. Plusieurs états ont en effet recours à des entreprises privées pour gérer la prise de réservation.

Lorsque l’annulation s’effectuera entre 10 et 7 jours, le client ne sera pas remboursé, mais obtiendra un crédit valide pour un maximum de 5 ans, qu’il pourra appliquer sur une autre réservation. Trois jours et moins avant la date d’arrivée, tout remboursement sera impossible. De plus l’emplacement redevenu vacant sera affiché comme disponible à d’autres clients.

Quant à l’invisible, celui qui, sans avis, ne se pointe pas dans les premières 24 heures de sa réservation, il verra sa réservation annulée et n’aura droit à aucun remboursement. Passé le délai de 24 heures, l’emplacement qui lui avait été désigné redeviendra disponible, selon la formule du premier arrivé, premier servi.

Mieux encore, si le caravanier refait le coup de l’invisible trois fois durant l’année, il perdra son privilège de réserver à moins de se soumettre à d’autres conditions à préciser limitant sa venue dans le système des parcs d’états.

D’autres points sont également prévus dans le projet de loi. Ainsi, tout campeur ou caravanier ne pourra séjourner plus de 30 jours par année civile dans un même parc. Il pourra cependant se promener d’un parc à l’autre. Finalement, durant la haute saison, la limite de nuitées consécutives sera ramenée à sept jours.

Comme on peut le constater, il est possible de prendre des mesures pour dissuader ceux qui abusent du système et rétablir une certaine fluidité de roulement et favoriser un plus grand nombre d’utilisateurs. 

Qu’en sera-t-il chez nous où les caprices de dame météo font en sorte que lors d’un mauvais temps appréhendé, de nombreux emplacements depuis longtemps réservés demeurent inoccupés ? 

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