Ira, ira pas ?

17 août 2024

Même si, en ce moment, la belle saison est à son zénith, plusieurs caravaniers ont déjà amorcé la planification de leur prochain voyage hivernal. Il suffit de se promener sur les campings et de prêter l’oreille aux échanges et discussions autour du feu de camp pour se rendre compte à quel point le climat politique électoral de nos voisins préoccupe les voyageurs désirant profiter de la douceur hivernale des états du sud.

Jamais dans ma longue carrière de caravaniers je n’ai rencontré autant de personnes aussi soucieuses du climat social régnant chez nos voisins et de sa dégradation jusqu’à l’élection de novembre prochain. Pis encore, plusieurs redoutent davantage les lendemains de ce scrutin. 

Un 45e qui continue de clamer haut et fort qu’on lui a volé la présidentielle en 2020 et déclare sans vergogne ne pas savoir s’il acceptera le verdict de la population en novembre, voilà qui a de quoi inquiéter la population même des États-Unis. Imaginez alors l’impact que cette incertitude peut avoir sur nos compatriotes dont la présence au sud de la frontière est perçue par plusieurs comme une tolérance.

Même si je ne fais pas partie de ceux qui décident de ne plus mettre les pieds sur le territoire états-unien à court terme, je ne peux nier la sagesse d’une réflexion sur la question. Se sentir en sécurité dans un environnement qui n’est pas celui dans lequel on baigne depuis notre naissance est un sentiment qui se conjugue de multiples façons.

Au niveau le plus bas dans l’échelle de la sécurité, se trouvent des personnes dont la nature même, hésitante et dubitative, les rend vulnérables à l’angoisse, voire à la panique. Quelques échelons plus hauts, mais toujours dans la partie inférieure de l’échelle vient celui, dont la confiance en soi laisse un peu à désirer, le rendant davantage affecté par les aspects sombres d’une situation. 

Passé le milieu de l’échelle, on rencontre les « bof, on fera avec ! » que certains qualifient d’insouciants. Si l’on grimpe encore quelques échelons on aperçoit ceux qui n’affichent aucun doute sur leurs capacités, plus haut encore les arrogants et, au sommet, les téméraires qui, même si l’échelle n’était pas appuyée sur un mur, accepterait d’y monter.

Selon sa personnalité, chacun de nous se situe à un point précis sur la courbe de la sécurité. Selon la situation, notre sentiment de sécurité peut aussi changer de position. Tout ce que l’on entend, lit ou voit contribue à nous faire bouger sur la lignée de la sécurité. Il ne m’appartient donc pas de condamner qui que ce soit. Ainsi, pour ma part, l’eau n’est vraiment pas mon élément préféré, alors qu’un bon nageur, à la vue de la moindre flaque aurait probablement envie d’y faire quelques longueurs.

Que faire alors ? À chacun sa réponse, voilà sans doute le plus précis que je puisse être. Cependant, sans vouloir convaincre qui que ce soit, je constate que nous sommes souvent conditionnés par l’abondance et la fréquence des informations véhiculées par les médias, et je ne parle absolument pas ici de ce qui nous vient des médias sociaux.

On le sait, les cotes d’écoute, ce baromètre unique qui détermine la popularité d’un média et surtout ses revenus publicitaires font en sorte que l’atteinte de la notoriété passe souvent par l’aspect spectaculaire et dramatique des nouvelles mises en ondes. Qui voudrait écouter un réseau d’information qui répéterait sans cesse que tout va bien et que tout le monde est heureux. Après seulement quelques jours, ses cotes d’écoute s’effondreraient.

Nous vivons dans une société où règne le superlatif. Lorsqu’on en est rendu à voir que Météo Canada émet des notifications sur nos téléphones et nos différents écrans qualifiants de message urgent le fait que la pluie va cesser dans quinze minutes, une urgence que je comprendrais dans le cas d’un risque imminant d’une tornade ou d’un tsunami, mais pas la fin d’une averse. À force de crier au loup, on perd toute crédibilité. Encore un peu de temps et on retrouvera dès le lendemain du solstice d’été des notifications se lisant ainsi : ALERTE URGENTE, la période diurne a recommencé à diminuer.

J’ai vu sur des réseaux sociaux une publication mettant en garde les Canadiens de voyager aux États-Unis. On y expliquait que les États-uniens savaient que les Canadiens n’emportaient pas d’armes de poing dans leurs déplacements. Ce constat concluait que les voyageurs canadiens apparaissaient comme des proies faciles aux yeux des malfaiteurs. Attention, danger imminent, restez chez vous !!!

La rapidité et l’abondance des nouvelles dramatiques agissent comme un verre grossissant qui a comme impact négatif de concentrer l’attention sur celles-ci, au point de nous faire croire qu’il n’existe rien d’autre. Certes, les bulletins de nouvelles font grand état des tueries de masse qui se produisent chez nos voisins, que ce soit dans un commerce, dans un stationnement ou sur la rue. 

Un détraqué ouvre le feu dans un Walmart, quatre morts et cinq blessés. Oui ça fait peur, mais cette tragédie s’est produite dans magasin, alors qu’il en existe 5 000, seulement dans ce pays. Faudrait-il en déduire qu’il est excessivement risqué d’aller faire des achats dans un magasin de cette bannière ? N’occupant qu’un point très précis sur la courbe du sentiment de sécurité, il m’est impossible de répondre pour chacun d’entre vous.

Un tueur abat six personnes en moins de 100 mètres sur la rue. Quand il y a des millions de kilomètres de rues, de sentiers de routes aux États-Unis, faudrait-il absolument éviter d’y mettre les pieds ?

Ce genre de manchettes spectaculaires met en évidence l’importance et la nécessité de recadrer tous ces événements dramatiques, repris à outrance par tous les réseaux, et de les situer dans un contexte géographique ou autre qui permettrait de les nuancer. Agir ainsi contribuerait en partie à contrer la distorsion médiatique et à diminuer le niveau de peur et d’angoisse dans la population.

Pour ma part, je refuse que ce qui puisse arriver sur 100 mètres de rue dicte si je vais me pointer le nez dehors pour aller prendre une marche. Aussi, j’assumerai le risque post électoral de la même façon que le risque d’être frappé par la foudre et je n’annulerai pas mon voyage hivernal.

Et vous, en ira-t-il de même ? Resterez-vous au Québec à vous les geler ou… ?

Commentaires

André

J’ai adoré votre commentaire M. Laquerre, mais j’ai surtout constaté qu’il ne s’applique pas uniquement pour savoir si on descent ou pas dans le sud, mais plutôt dans la vie en général, dans la vie de tous les jours pour le commun des mortels, autant ceux qui voyagent que ceux qui ne quittent pas leur milieu. Quant à moi, plutôt que de partir pour la Floride en novembre, je partirai en janvier, j’évite ainsi de devoir revenir en avion pour les Fêtes, mais je devrai prendre le risque de bien surveiller la météo pour éviter les tempêtes autour des Grands Lacs (je passe par la 81 que je prend aux Mille-Îles). Fait comprendre qu’on ne s’en va quand même pas dans une république de bananes!

André

J’ai adoré votre commentaire M. Laquerre, mais j’ai surtout constaté qu’il ne s’applique pas uniquement pour savoir si on descent ou pas dans le sud, mais plutôt dans la vie en général, dans la vie de tous les jours pour le commun des mortels, autant ceux qui voyagent que ceux qui ne quittent pas leur milieu. Quant à moi, plutôt que de partir pour la Floride en novembre, je partirai en janvier, j’évite ainsi de devoir revenir en avion pour les Fêtes, mais je devrai prendre le risque de bien surveiller la météo pour éviter les tempêtes autour des Grands Lacs (je passe par la 81 que je prend aux Mille-Îles). Fait comprendre qu’on ne s’en va quand même pas dans une république de bananes!

Claude

Bon, j’oubliais…. Peut-être que je suis trop assidu au blogue du journaliste Richard Hétu sur la politique américaine, blogue que je trouve excellent et très intéressant. Évidemment que certaines déclarations de has been 45 me donnent la chair de poule…

Claude

Pour notre part, nous sautons un tour pour la Floride de la mi-mars au début de mai comme nous en avons l’habitude et oui, la cause est le climat socio-politique. De toute façon, j’aime bien l’hiver ici pour la saison de ski. Et nous regardons du côté du Sud de l’Europe pour un séjour de qq semaines en avril. Pour revenir à la Floride, ns verrons pour une autre année mais je suis à l’aise avec l’idée que pour le printemps prochain, « il est urgent d’attendre »… ;-)

Jean-Claude

Bonjour, nous partons demain le 19 août jusqu’à la mi-octobre, par le sud du Canada, quelques parcs nationaux et provinciaux, traversée aux USA au Montana, puis côtes de l’Oregon et de la Californie, Arizona, Nouveau Mexique, Texas et retour, surtout dans les parcs nationaux et d’état. Contrairement à notre séjour de 2019 dans les grands parcs du Sud-ouest, nous avons fait plusieurs réservations. En 2019, on ne croyait pas à la victoire du Grand Orange, mais un américain voulait déjà qu’on le ramène avec nous…Nous allons, comme d’habitude, être prudents, encore plus que d'habitude, dans nos interactions avec les américains, ne pas discuter politique etc. Les américains qu’on rencontre, dans les sites qu’on fréquente, sont habituellement polis et sympathiques. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes des «invités »et en pays étranger. Bon séjour à tous ceux qui iront aux USA , surtout après les élections…🚐🚐🚐

Marcel

Partir ou pas ? Il est vrai que ça fait réfléchir sur ce qui se passe dans le monde et bien sûr chez nos voisins du sud. Que faire? Attendre que les tensions s'amenuisent, en faisant cela mieux tout vendre car je ne crois pas que ce sera mieux dans l'avenir. Justement je lisais sur le Mexique, je voulais y passer 2 mois en location d'appartement. Selon le gouvernement du Canada, c'est à déconseiller, par contre plusieurs vont partir en VR et passer un très bel hiver. Ce que j'en pense la vie est faite ainsi, il est certain que si je reste à la maison a regarder la neige tombée, c'est possible que je serai en sécurité mais mausus que cela va être un hiver long et ennuyant à lire ceux qui sont à la chaleur avec les pour et les contre mais c'est cela la vie. Votre taux de tolérance décidera ou vous serez cet hiver mais que ce soit n'importe ou je vous souhaite un bel hiver... :-)

Estelle

On nous annonçait l'apocalypse lors de la dernière élection si Trump ne l'emportait pas. Notre projet pour les États-Unis est pour la mi-septembre à la mi-octobre. Donc, pas de crainte du coté socio-politique. Notre crainte se situe au niveau des ouragans. Nous y allons quand même et s'il faut évacuer, alors on le fera. Nous resterons quand même aux aguets. Sinon, si on a peur de tout, on fait plus rien et on se berce dans la cuisine. On le sait tous, les médias on l'art de tout amplifier.

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