Billet

Le changement s’accompagne généralement d’un deuil. Dans son sens le plus douloureux qui soit, le décès d’un parent, d’un enfant d’un ami ou d’une personne qui a contribué au bien-être de notre vie collective nous vient automatiquement à l’esprit. Pourtant, il est aussi des deuils nettement moins dramatiques : quitter un emploi pour un nouveau présentant une opportunité de promotion pour sa carrière, vendre une maison où l’on a vécu de bons moments et déménager ou même changer de véhicule récréatif. Dans chacune de ces situations, il faut apprendre à couper certaines racines pour que d’autres puissent croître et nous mener vers de nouvelles aventures.

Voilà donc le dilemme, auquel Michelle et moi sommes en ce moment confrontés. Pour démarrer un projet qui m’habite et me fait rêver depuis déjà plusieurs années, nous devons nous départir de notre autocaravane, de notre youyou, sans compter nos vélos électriques et le support articulé qui nous permettait jusqu’à hier encore de les apporter dans nos pérénigrations.

Ce projet, je ne vous en parlerai pas aujourd’hui, certains fils importants restant encore à nouer. Mais, d’ici quatre à six semaines, je vous dirai tout, promis, en espérant toutefois que vous ne me traitiez pas de vieux fou à m’entêter à le réaliser. À ce moment, vous l’annoncer sera un pur plaisir, même si sa réalisation présentera de nombreux défis à relever. J’arrête ici, par peur de vendre la mèche.

Aujourd’hui, Michelle et moi sommes confrontés à une étape beaucoup moins exaltante. Un peu comme un plongeur qui arrive au bout du tremplin de dix mètres pour la première fois. Il sait qu’il doit sauter, mais l’angoisse lui tord les boyaux.

Pour nous, ce qui nous tracasse est de renoncer à notre façon actuelle de voyager, à bord d’un VR de classe B, confortable et polyvalent à souhait, pour sauter dans une aventure pleine d’inconnu et de contraintes à affronter. Si seulement nous étions insatisfaits de notre Montecarlo, il me semble que les choses seraient moins pénibles. Sa vente apparaîtrait alors comme une délivrance, une porte qui s’ouvre sur un avenir plus douillet. Mais il n’en est rien, aucune délivrance salvatrice et, derrière la porte, trouverons-nous la lumière espérée ?

Dans ces conditions, la simple activité de gérer la vente de ce que nous avons accumulé devient une corvée et, comme le plongeur sur son tremplin, nous savons qu’elle est inévitable.

Conséquemment, vous qui me lisez, si vous avez en tête une personne qui aimerait prendre notre relève dans ce VR, ne vous privez surtout pas de lui en parler. Qui sait, votre collaboration pourrait enlever un énorme poids de mes épaules.