Des règles et des hommes*
26 mai 2024
Alors que les terrains de camping sortent de leur léthargie, les campeurs saisonniers terminent leur ménage du printemps et revoient l’aménagement de leur emplacement ajoutant plants de fleurs ou accessoires décoratifs par-ci par-là. Ce retour à leur activité préférée est également l’occasion de renouer avec des voisins de longue date et de faire la connaissance des nouveaux arrivants à ce camping.
Souvent, ces premiers contacts représentent une occasion privilégiée d’écouter et de comprendre les raisons qui ont amené ces saisonniers à déménager sur un nouveau terrain de camping. Car, il faut bien l’avouer, surtout lorsqu’on y est saisonnier depuis longtemps, laisser un camping pour un autre repose toujours sur des motifs valables.
Curieusement, dans les raisons évoquées, plusieurs sont en lien avec la gestion même du terrain que l’on vient de quitter. Nouveau propriétaire, modification des règles de séjour, hausse des tarifs viennent souvent en premier lieu. Suit de près la façon donc les règles du séjour sont appliquées.
Si, certains se plaignent de leur sévérité, ce que j’entends le plus souvent, ce sont des doléances sur la façon dont elles sont appliquées. Michelle peut témoigner combien voir des caravaniers campeurs afficher des comportements ne respectant pas les règles de conduite mentionnées dans les documents remis à l’arrivée ou à la signature du contrat long terme me dérange. La tolérance de certains gestionnaires ou propriétaires de camping me devient rapidement inacceptable.
D’une part, ce laxisme constitue un profond manque de respect envers les campeurs qui se conforment aux règles établies, mais cette situation mine aussi la crédibilité du gestionnaire des lieux. Pourquoi élaborer des règles, si l’on n’a pas le courage de les faire appliquer ?
Une des premières choses qui dicte ma décision d’utiliser un camping, c’est la présence de règles claires qui me garantissent un séjour tranquille, calme et sécuritaire. Si, dans le quotidien, celles-ci ne sont pas appliquées, le terrain dégringole rapidement à mes yeux au rang des campings minables.
J’ai souvent louangé le Camping Granby où le propriétaire, Philippe Lussier, veille à une application rigoureuse des règles de son établissement. Il ne lui répugne pas d’évincer les délinquants refusant de modifer leur comportement après un avertissement ferme mais poli.
Sur un terrain de camping, les règles doivent être appliquées avec la même rigueur à tous ceux qui le fréquentent ou y résident. Il en va d’une question d’équité et de respect de la clientèle. En plus de mettre en cause la crédibilité du gestionnaire des lieux, voir les choses autrement favorise la polarisation des campeurs selon qu’ils sont dans la catégorie des respectueux ou des délinquants.
Entre les deux se trouveront d’autres campeurs qui, pour une raison ou une autre, entretiennent des relations privilégiées avec la direction. Lorsque pour cette raison, ceux-ci bénéficient d’un traitement de faveur, la chose se répand rapidement dans la communauté, mais aussi à d’autres campeurs, des clans se forment et la qualité du climat social en prend pour son rhume.
À moyen terme, le camping se retrouvera avec une réputation non enviable qui poussera plusieurs caravaniers à aller voir ailleurs. Souvenons-nous des campings festifs — pour ne pas dire à beuveries — des années 60 à 80.
À priori, ce jugement peut paraître sévère, mais je suis certain qu’il rejoint l’opinion de plusieurs caravaniers, du moins ceux qui suivent ce blogue. Si tel n’est pas le cas, rassurez-vous, vous ne me verrez sûrement pas là où vous allez camper et nous serons mutuellement débarrassés les uns des autres.
Dites-moi que je ne suis pas le seul à penser cela.
* Le grand dramaturge Sacha Guitry avait l’habitude de dire « Quand je parle de l’homme, j’embrasse la femme ». Quelle élégante façon d’être inclusif !
Commentaires
Helene
Tellement bien dit. Nous sommes en place depuis plusieurs années, sur un camping dont le mot est "tranquilité". Et bien depuis l'an dernier, nous avons 2 nouveaux voisins qui se connaissent et sont en face l'un de l'autre). Ils sont bruyants et comme dit avant, plus la soirée avance, plus le ton (rire fort, parle fort )monte - même juste à 2. Imaginons quand famille et amis arrivent! Tellement qu'à minuit on ne dort pas encore. De jour ou nuit c'est la porte du gazebo qui ouvre/ferme et elle est bruyante (peut ouvrir 40x par jour min) en plus de la porte de la roulotte qui claque à tout bout de champ! L'an passé j'ai toléré en pensant qu'ils se calmeront. "wishful thinking". Cette année, ca recommence. Pas le droit de travaux bruyants...hier ca piochait au marteau pendant une heure, etc. C'est supposé être un camping hyper tranquille. Donc soit que j'aille les voir et leur dire poliment - je ne connais que de prénoms (mais je pense que ca sera peine perdue), ou soit que je parles aux proprios du camping. Nous sommes hyper tolérants et c'est correct avoir du plaisir. Mais à un moment donné, au prix que je paie par année pour avoir la paix, j'aimerais pouvoir en profiter. Si tu veux faire le party en tout temps, il y a des campings pour cela. Mais pas celui où nous sommes. On ne veut pas de chicane de voisins. Ca ne fait jamais de gagnants. Mais vrai que plusieurs personnes ne pensent pas aux autres personnes autour d'eux. Dommage!
Marcel
Je ne peux me résoudre a voyager au Québec, je seconde tous les commentaires des autres intervenants, c'est un ensemble de tous ses inconvénients qui font que je ne pars jamais l'été. Les espaces des terrains très petits, les cris, les chiens, Les campeurs impolis qui se croit tout permit, non impossible pour moi. Comme l'écrit si bien Kiki, ceux qui ont la chance de faire du boondocking c'est souvent préférable. hHeureux de votre retour le dimanche M. Laquerre, je vais recommencé à vous lire avec plaisir :-) Bon été à tous! :-)
Estelle
Oui, je suis d'accord avec vous. Certains saisonniers croient que le terrain leur appartient et parfois ils utilisent une partie du site des voyageurs pour y placer leur voiturette ou le débordement de leur gros pick-up et même souvent, leur extension qui déborde sur notre site. Comme nous sommes voyageurs, on se console en se disant que demain on sera ailleurs. Sans compter que le tarif des campings a gonflé depuis une couple d'années. Cela fait que bien des voyageurs comme nous, qui avions l'habitude de toujours aller sur un camping commençons à nous adapter au boondocking. On a l'habitude de dire qu'on a pour ce qu'on paye. Ce n'est pas toujours vrai. Des beaux sites de boondocking sont souvent supérieurs à certains campings.
Michel
Bien d’accord avec Manon, j’adore les toutous mais dans les campings cela devient désagréables d’entendre les aboiements continuels. Et surtout n’aller pas dire aux propriétaires que leurs chiens aboie continuellement , ils vous diront le mien aboie seulement lorsqu’il rencontre d’autres pitous où la rencontre avec des inconnus. Comme il y a facilement un campeur sur trois qui on un toutou, imaginez le nombre d’aboiements par journée.
Manon
Nous ce qui nous dérange le plus au Quebec comme au USA c’est les chiens jappeux. Imaginez vous comme saisonniers ayant comme voisins des jappeux à la journée. Difficile de faire appliquer un règlement qui n’existe pas pour les jappeux sauf pour les animaux pas attachés.
Steve
Bonjour Paul, Quel bonheur de se retrouver le dimanche matin. Ce billet reflète aussi ma pensée. Étant un voyageur, je constate souvent des écarts venant principalement des saisonniers et des satanées voiturettes de golf qui passent rapidement, et soulève la poussière. Cela dit, les voyageurs y sont aussi pour quelques choses. Probablement car ils se disent bôf on ne reviendra pas ici alors pourquoi ce soucier des règles. C'est dommage de constater comment la société est rendue en terme de civisme de la part d'une minorité mais quand même. Comme dans bien des cas, la minorité mine et indispose la majorité.
Diane
Bonjour M Laquerre. Je suis contente de vous revoir les dimanches… Pour votre sujet du jour , je sois totalement en accord avec vous. Cette hiver j’étais dans un camping pour 2 mois . Nos voisins d’en face ont organisé 3 rencontres d’amis qui ont débutées à l’apéro soit vers 16 hre et terminées à 1:30 hre du matin. Et dire que la réglementation est l’on doit respecté la tranquillité de 22hres à 7hres. Inutile de dire que plus la soirée avançait , après plusieurs consommations diverses, plus le ton montait… Je trouve cela irrespectueux.
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