Déremisage difficile

2 avril 2023

Vous le savez, j’ai souvent mentionné que la capacité d’adaptation constituait une qualité essentielle au caravaning et encore plus lorsque l’on vit en nomade. Il arrive fréquemment qu’une intention, un projet, une destination, une escapade ou même un long voyage doive être annulé ou, à tout le moins, décalé. La Covid-19 nous en a fourni une illustration probante en 2020 où tous nos projets durent être mis sur la glace en raison du confinement et de la fermeture de la frontière.

Aujourd’hui, une fois de plus, la réalité m’oblige à recourir à cette qualité. Heureusement, je sais que la plupart d’entre vous, chers lecteurs, grands amateurs de caravaning que vous êtes, sauront composer avec une nouvelle rupture de ma routine. En clair, mon billet habituel du premier dimanche du mois, Testé par Paul, ne sera pas au rendez-vous. L’actualité, mais aussi une demande exprimée par un fidèle lecteur, Laurent Blanchette, m’a incité à dévier de mes habitudes.

En milieu de semaine, M. Blanchette m’adresse ce courriel : Contrairement aux années précédentes, je ne peux déremiser notre classe B en ligne. J’ai dû prendre un rendez-vous dans un centre de services de la SAAQ, pour le 16 mai. Je dois aller récupérer notre Roadtrek à Montmagny au début du mois de mai. Je vais donc devoir circuler sur l’autoroute 20 ouest sans immatriculation valide. Le problème c’est que notre VR est en copropriété avec mon épouse. J’ai dû annuler une semaine camping à Sherbrooke du 15 au 22 mai.

Votre association peut-elle intercéder auprès de la SAAQ pour que leur système informatique corrige cette anomalie ?

Merci 

Qu’elle catastrophe, se retrouver forcé d’annuler une semaine de camping pour un simple imbroglio administratif. Ne pouvant demeurer impassible à sa détresse, j’ai sorti mon armure de chevalier et enfourché la Rocinante de Don Quichotte pour me porter à son secours. Plutôt que de recourir aux voies officielles et d’aller frapper à la porte principale du siège social de la Société de l’assurance automobile du Québec, j’ai plutôt opté pour une porte du style « entrée des artistes » qui me permettrait de trouver des interlocuteurs, disons plus pragmatiques. Après quelques coups de fil, un de mes contacts à la SAAQ me met en relation avec une dame allumée qui comprend exactement l’objet et la portée de mon appel. 

Depuis que la SAAQ a entrepris son récent virage numérique — un esprit tordu dirait son dérapage numérique — plusieurs propriétaires de véhicules moteurs rencontrent des difficultés à finaliser certaines transactions avec l’organisme gouvernemental.

Période de rodage, bogues, modifications de certaines règles, nombreux sont ceux qui se retrouvent dans un dédale sans issue. Ainsi, le nouveau système mis en place ne parvient pas à identifier à qui appartient un véhicule récréatif acheté par deux personnes physiques. Pourtant, il n’est pas rare pour un couple, lors de l’achat d’un VR, d’inscrire leurs deux noms au bas de l’acte de vente. Jusqu’à tout récemment, cela ne posait aucun problème administratif.

Le premier jour des mois d’avril et de mai sont souvent les deux journées où le déremisage de véhicules moteurs est très en demande. Qu’il s’agisse de motocyclettes ou de VR, tous les adeptes se précipitent pour retrouver leur monture de loisir. Le printemps dernier, plus de 200 000 motos et véhicules récréatifs furent déremisés à ces dates. 

Dans le cas de M. Blanchette, il doit absolument sortir son VR de l’endroit où il l’a entreposé l’automne dernier. Soucieux de se conformer à la loi, il se sent inconfortable à prendre la route avant d’avoir régularisé sa situation. Par les années passées, il lui était facile de régler cette situation en ligne. Cette année, point.

La règle des deux noms de propriétaires pour un même véhicule a été retirée lors de la révision du programme informatique des transactions en ligne de la société d’État. Conséquemment, tous les caravaniers ayant, dans les derniers mois, remisé un VR affichant deux propriétaires, ne peuvent plus régulariser leur situation puisque la banque de données de la SAAQ ne peut plus interpréter la double propriété. Il faut donc prendre rendez-vous, ce qu’a fait Laurent après avoir longtemps patienté au téléphone. 

Résultat, il pourra légalement reprendre la route à bord de son VR, mais le 16 mai seulement, après s’être rendu dans un endroit où la SAAQ offre un accompagnement aux services SAAQclic, pour faire corriger le fichier périmé. Si j’étais à sa place, je ne prendrais pas de chance et m’y présenterais avec Michelle, juste au cas où sa présence physique serait requise pour prouver qu’elle existe réellement, mais surtout, qu’elle consent, tout comme moi d’ailleurs, à ce que notre VR ne soit plus qu’à un seul des deux noms préalablement inscrits.

Consciente du trouble imposé à des caravaniers piaffant d’impatience depuis longtemps que le printemps arrive et qu’ils puissent reprendre la route, la SAAQ fait également preuve d’une certaine empathie. Tout en reconnaissant l’impossibilité de corriger la situation en ligne et qu’une visite en « présenciel » doit avoir lieu, on m’a malgré tout indiqué deux éléments qui pourront aider à soulager les caravaniers confrontés au problème.

Le premier propose un raccourci qui aura comme impact de diminuer le délai inhérent à la liste d’attente et d’obtenir un rendez-vous plus rapidement en vous plaçant sur une liste prioritaire. En adressant un courriel à l’adresse suivante, immatriculation.sap@saaq.gouv.qc.ca et, en expliquant votre situation, une équipe sera mobilisée (sic) pour s’occuper de vous.

L’autre baume, lui, aidera à relâcher la pression liée à l’idée de rouler dans l’illégalité qui affecte plusieurs honnêtes citoyens. Comme on me l’a assuré, les corps policiers, responsables d’appliquer la loi, sont bien au fait des problèmes techniques ayant affecté la SAAQ ces dernières semaines. Des liens de communication existent donc entre la société d’État et eux pour les tenir informés de tout nouveau développement ou consigne à appliquer. 

On peut donc s’attendre à ce que les patrouilleurs fassent preuve d’une compréhension accrue des répercussions du bogue administratif sur les automobilistes et les caravaniers. Évidemment, comme toujours une attitude posée, polie et non confrontante et des explications claires de la part de la personne interpellée pourront jouer en sa faveur.

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