Billet

Nous faisons notre entrée sur la côte acadienne de la Nouvelle-Écosse, aux abords de la baie de Fundy et de son appendice, la baie Sainte-Marie.

Cela signifie que presque chaque maison est ornée du drapeau acadien et de la fameuse étoile jaune qui se retrouve sur le drapeau et les murs de presque toutes les résidences. Cela ne signifie toutefois pas que vous allez y entendre parler français.

Nous avons passé la nuit sur le terrain de la distillerie BoatSkeg, à Lower West Pubnico, qui fait d'excellents cocktails et produit un rhum au caramel salé que j'ai hâte de gouter sur de la crème glacée. Cette entreprise logée dans un magnifique hangar à bateau est un hôte Terego. Je pense qu’ils n’avaient reçu qu’un ou deux VR avant nous et ne savaient pas trop comment ça fonctionne, mais nous avons été reçus très gentiment et avons pu prendre un excellent apéro avant de nous retirer dans nos appartements… On nous a laissé nous garer n’importe où sur le terrain et de profiter du plus beau point de vue sur la baie.

Nous nous sommes rendus à Dennis Point afin de souper au Dennis Point Café, le restaurant le plus populaire de la place, qui affiche les couleurs acadiennes au-dessus de la porte d’entrée. Je m’attendais donc à y entendre parler français, mais ce ne fut pas le cas. Ni ici… Ni ailleurs. Ce qui a été la grande déception de tout ce voyage. Au moins, nous avons bien mangé.

Juste devant le café, une centaine de bateaux de pêche sont ancrés dans ce qui est présenté comme l’un des ports de pêche les plus achalandés du Canada. On récolte ici une multitude d’espèces : hareng, homard, thon, espadon, aiglefin, morue, plie sébaste, baudroie, merlu et goberge. Six usines fonctionnent en saison, ramenant 300 emplois en plus des 350 pêcheurs qui partent en mer.

En rando

Les sentiers Pubnico sillonnent l’extrémité de la Pointe Pubnico, aux abords d'un parc éolien de 17 turbines, établi sciemment là où il semble constamment régner un vent à déplumer les mouettes. 

Il s’agit d’une loupe qui se marche en famille en moins d’une heure et qui ne laisse pas de souvenirs impérissables, mais nous avons été émerveillés par le ballet des bouquets massifs d’algues qui dansent gracieusement au gré du flux et du reflux de la marée. On adore marcher sur les rochers au son des vagues et devant une mer infinie qui ne présente que quelques iles lointaines comme seul relief.

Sainte-Anne

Il faut visiter la magnifique église de bois de Sainte-Anne du Ruisseau, une œuvre exceptionnelle dont l’histoire remonte à 1799 et qui a été le point de ralliement des Acadiens et des Micmacs de la région. On remarque sur un panneau, devant l’église, le nom du curé : Albéni d’Entremont, l’un des noms de famille acadiens les plus communs dans le secteur d’Argyle et de Clare en Nouvelle-Écosse.

Le secteur de Clare propose donc quelques magnifiques églises et des attraits majeurs comme son Musée du thon à Wedgeport. Il célèbre la belle époque de la pêche sportive au thon avec ses trophées gigantesques et ses héros plus grands que nature. 

Pointe de l’Église (Church Point) abrite l’Université francophone Sainte-Anne et son Rendez-vous de la Baie où l’on trouve un musée très bien monté qui relate l’histoire des Acadiens de la région. La mémoire toujours vive du Grand Dérangement de 1755 et la lutte à finir des Acadiens pour leur survie ont raison de notre guide, Benoît, un homme jovial dans la cinquantaine qui s’effondre tout à coup en larmes en affirmant que, malgré tout : « nous sommes toujours là ! »

La tournée fait aussi escale devant la fastueuse et étonnante église Sainte-Marie de Church Point, le plus grand temple en bois sur le continent. Un groupe de bénévoles entreprenants travaille à l’entretien de ce bâtiment unique et impressionnant, mais l’église était fermée lors de notre passage. Mauvais signe ? Elle a été achevée en 1905 par un patenteux acadien qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui avait du génie. Les églises Sacré-Cœur de Saulnierville, Saint-Bernard et Saint-Alphonse sont également d’un grand intérêt pour leur architecture et leur histoire.

Cap Fourchu et Yarmouth

Nous avons poursuivi vers Yarmouth et le phare vedette de Cap Fourchu. Son phare emblématique, en forme de cœur de pomme, est ancré sur une impressionnante pointe rocheuse, phénomène géologique plutôt spectaculaire. Une courte promenade nous conduit sur ces rochers presque jusqu’au bout de la pointe. 

Nous avons terminé la journée à Yarmouth, en squattant sur le Quai William Bros, un charmant petit parc au milieu des quais de homardiers et de celui du très beau traversier le Cat qui relie Yarmouth à Bar Harbour, É.-U.

La ville de Yarmouth est malheureusement à peu près inintéressante avec son centre-ville qu'un résident avec qui je discutais a qualifié de "fantôme. Il n'y a que la pêche au homard et l'hôpital qui fonctionnent bien," concluait-il.

La prochaine fois, je vous raconte notre fabuleux squat sur la plage de Pointe-à-Major.

Pour mieux préparer votre voyage, je vous recommande le guide de voyage Explorez Halifax et la Nouvelle-Écosse, aux éditions Ulysse, version papier ou numérique.