Choc culturel

15 décembre 2024

Plusieurs lecteurs ont sollicité des précisions sur les véhicules de notre nouvel équipage, achetés spécialement pour le projet électrisant que j’ai nommé camping2point0.ca. Je croyais l’avoir déjà précisé dans une réponse à quelques commentaires de votre part. Malheureusement, au moment d’écrire ce billet, j’ai constaté que ma réponse s’était perdue dans les dédales de l’internet. 

La photo qui coiffe ce billet vous montre donc l’équipage, tracteur et la caravane, qui, depuis le 12 décembre, nous sert de résidence. Il s’agit d’une Alto A2124 (le A signifie aérodynamique), remorquée par un VUS BMW iX50. Voilà, mon erreur est réparée. Même s’il s’agit d’un bel équipage, cela ne signifie pas pour autant que le bonheur est sur la route.

Tout d’abord, jeudi matin, lorsque nous avons entamé notre périple, il faisait un vent venant sud-ouest à donner des ailes à une perruque mal fixée au crâne de son propriétaire. Le mercure était également d’humeur maussade et la pluie se retenait pour ne pas se transformer en grésil ou en verglas. Bref, des conditions on ne peut plus exécrables pour prendre la route. Malgré tout, il nous fallait partir si l’on voulait arriver à destination à temps pour 9 h, lundi qui vient, afin de respecter un rendez-vous important au laboratoire servant à effectuer des tests énergétiques au siège social nord-américain de la compagnie Truma, à Elkhart, Indiana.

En oubliant les quelques centaines de kilomètres pour aller quérir l’Alto à l’usine de Saint-Frédéric en Beauce et la mener à Sainte-Martine où devaient lui être installées ses principales composantes électriques (batteries et appareils de contrôle et de gestion) et, par la suite à l’atelier de Circé Concept, à Eastman, pour installer dans sa niche, le réfrigérateur/congélateur, surplombé d’un four à plusieurs fonctions suivi de l’intégration d’une la plaque à induction double dans le comptoir de cuisine et de quelques autres menus travaux d’ébénisterie, notre départ de jeudi constituait véritablement notre première expérience digne de ce nom en tout électrique.

Aujourd’hui, je réalise combien cette précipitation ne fut pas notre meilleure décision. Jamais plus, nous ne partirons de la sorte sans avoir au moins effectué quelques ballades aux alentours, histoire d’apprivoiser la bête et ses réactions. Attention, je ne parle pas ici de catastrophe, mais plutôt, comme le mentionne le titre de ce billet, d’un choc culturel.

Non seulement en étions-nous à notre première expérience du remorquage récréatif en mode électrique, mais les conditions météo ne nous facilitaient pas la tâche. Pluie, froidure et vents contraires avec fortes bourrasques, tout était là pour nous compliquer la vie. Pour ajouter au désagrément, au moment du départ, je constate que l’électricien qui a effectué les raccordements du frigo, a oublié de brancher un fil, avec comme conséquence, que seul le congélateur fonctionne. Heureusement, un coup de fil chez Volthium et, Michel Dupuis, leur expert des installations de gestion électrique de marque Victron, accepta de nous aider lors de notre passage. Encore un délai imprévu qui s’ajoutait.

90 minutes plus tard, nous reprenons la route, mais le vent de face continue de s’allier avec l’air froid pour faire chuter notre autonomie électrique à vitesse grand V. Il faudra donc multiplier les arrêts aux bornes de recharge, ce qui accentuera encore plus nos conflits dans l’horaire.

En Ontario, une bonne nouvelle nous attend. Des stations de recharge sont présentes en plusieurs endroits sur la 401, en fait, presque dans toutes les haltes routières OnRoute. À chacun de nos arrêts, nous constatons la popularité grandissante des voitures électriques puisque les bornes de recharge sont affairées. Malgré tout, nous arrivons toujours à trouver une borne rapide pour nous accueillir. Cependant, un nouveau souci nous attendait au détour.

Les bornes ontariennes semées tout au long de la 401 relèvent d’une compagnie nommée Ivy. Pour en profiter, il faut au préalable télécharger leur application dédiée et s’y créer un compte. Au premier arrêt, j’ai essayé à plusieurs reprises de me connecter à chacune des bornes qui se dressaient devant moi. Deux heures plus tard, après appelé leur service à la clientèle et vérifié auprès de mon institution financière que ma carte de crédit n’avait pas été bloquée, j’étais toujours en attente d’une recharge. D’un coup, sans prévenir et me laissant éberlué, une borne me fit la faveur de son électricité.

Quelques heures plus tard, la même mésaventure survint à une des haltes routières suivantes. Trois ou quatre fois, je dus joindre le service à la clientèle pour tenter de comprendre ce qui n’allait pas. Chaque fois que je me farcissais le message enregistré m’indiquant la procédure, j’éprouvais le même embarras. La voix enregistrée qui lisait sans doute une traduction de l’anglais au français effectuée par un ordinateur, me disait qu’il fallait, avant de démarrer la borne, me brancher. Ce dernier terme s’appliquait tantôt au cordon qu’il fallait connecter à la voiture, tantôt à l’application ou à la borne. À mesure que le temps passait et que mes essais se multipliaient, je devenais aussi mêlé qu’intempestif. 

Tous les mots religieux ou sacrés appris dans mon enfance, que je croyais avoir oubliés, me revenaient à l’esprit, sans doute pour tenter d’abaisser ma tension artérielle. Rien n’y faisait, et le vent continuaient à faire fondre l’autonomie de la voiture. Bref, toute une partie de plaisir.

Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai enfin trouvé la solution, en fait, elle me fut indiquée par un bon samaritain anglophone qui m’expliqua clairement le protocole d’utilisation des bornes Ivy. Bien renseigné, mon dernier branchement pour ravitaillement s’effectua au premier essai et en moins de deux minutes, mais que de temps perdu.

Demain, nous traverserons la frontière américaine à Detroit et nous devrions arriver à Elkhart en milieu d’après-midi, du moins si la procédure des bornes de recharge étatsuniennes ne requiert pas un nouveau protocole aussi sibyllin que celui de Ivy, l’Ontarienne.

 

Pour la suite de notre voyage électrique, il vous faudra attendre la mise en ligne du site qui lui sera dédié, que je souhaite opérationnel au début janvier 2025 (encore un délai). Entre-temps, vous pouvez toujours vous y inscrire pour qu’une notification vous soit expédiée du moment exact de sa mise en fonction (camping2point0.ca

 

Commentaires

Stephane

Du côté Américain les borne sont quand même présente, même certain Flying J ont des bornes rapide et facile d'accès pour les véhicules qui remorque (ilots comme des pompes essence) La seule chose que je ne comprend pas encore c'est pourquoi il faut toujours un appli, quand les bornes de recharge avec carte comme les pompes a essence, surtout quand tu te retrouve dans une zone sans signal cellulaire et que l'appli ne fonctionne pas.

Stephane

Du côté Américain les borne sont quand même présente, même certain Flying J ont des bornes rapide et facile d'accès pour les véhicules qui remorque (ilots comme des pompes essence) La seule chose que je ne comprend pas encore c'est pourquoi il faut toujours un appli, quand les bornes de recharge avec carte comme les pompes a essence, surtout quand tu te retrouve dans une zone sans signal cellulaire et que l'appli ne fonctionne pas.

Claude

M. Laquerre, très intéressant ! Merci pour les précisions. Joyeuses Fêtes et bon voyage et séjour au soleil à vous et votre épouse.

Paul

Claude, Safari Condo indique que le poids en charge de cette Alto est de 3 500 livres et de 350 livres sur la boule. Quant à la BMW, elle dispose d’une attache-remorque de 6 000 livres (600 de portée) alors que le fabricant de la voiture parle de 2 500 kilos (5 500 livres) de capacité de remorquage. Toutefois, ce constructeur n’autorise pas un répartiteur de charge, ce qui ne me dérange absolument pas puisque la voiture dispose d’une suspension à air qui rétablit en temps réel l’assiette du véhicule sur la route. En ce qui a trait à l’antilouvoiement, il est électronique comme le Tuson que j’avais installé sur la ma précédente Alto, cependant il est fabriqué par Curt, ce qui me permet d’évaluer ce nouvel accessoire. Évidement, toutes les caractéristiques que je viens de mentionner et bien d’autres accessoires seront présentés et évalués en long et en large sur le site web www.camping2point0.ca. Pour finaliser vos demandes, l’Alto A2124 se fait oublier derrière le VUS. Il me faut regarder dans les miroirs latéraux pour me convaincre qu’elle est suit toujours son tracteur.

Claude

M. Laquerre, à regarder attentivement la photo de votre billet, je me pose la question à savoir quelle est la masse au timon de votre nouvelle caravane une fois celle-ci chargée ? Une caravane à un seule essieu, normalement, elles sont assez lourde au timon. Comment le tout se comporte sur la route sans un attelage à répartition de charge ? Et vous utilisez quel mécanisme pour l’anti louvoiement ?

Yannick

Les pionniers de la lune Armstrong, Aldrin et Collins ne te vont pas à la cheville Paul! Vous tappez littéralement la « trail » de la route électrique du VR. Mais que dire de la patience de Michèle ?! Je n’ai pas pu m’empêcher de m’imaginer son non verbal alors que je lisait ton récit. Bof! Je ne m’en fait pas pour elle. Après 60 ans à te supporter dans vos aventures rocambolesques… son ciel est déjà gagné 10 fois minimum! Bonne route les passionnés! Au plaisir de vous recroiser si possible dans le Sunshine State!

Jean-Claude

Quand je dis que les conducteurs de voitures électriques sont un peu des cobayes et bien vous en êtes l'exemple même mon cher Paul et ici on parle seulement du problème des recharges et des disponibilités des bornes. Osé partir à fret (jeu de mots) comme ça avec en plus un nouveau vr électrique chaudement sorti de l'usine et bien ça prend du courage et du positivisme d'exception. J'ai déjà hâte de lire les conclusions de ce périple que je n'aurais jamais osé entreprendre. Mais comme disait l'autre si Paul ne le fait pas qui va le faire ce périple? Bonne chance pour la suite et au plaisir de vous suivre dans cette aventure hors du commun.

Michel

Ouf! Que de stress et d’inconnus. Je crois qu’il est trop tôt dans la vie de l’électrification des véhicules pour se lancer vers des cavales sur de longues distances. Autonomie en mode tracteur vraiment trop court. Imaginez le nombre d’arrêt pour la recharge pour une petite virée en Arizona. Comme le mentionne Estelle sur la route en voyage nous désirons le moins de stress possible. Qui peut dépanner et réparer en cas de pannes un véhicule tracteur électrique ? En particulier un BMW Les différents sites pour les recharges ne sont pas adaptés en ce moment pour recevoir (voir stationnement)un véhicule électrique avec roulotte. Imaginez un jour quand quelques centaines de véhicule électriques vont traverser la frontière pour une cavale vers la Floride en même temps. Ils seront tous en mode attente à la prochaine recharge dans une station pour recharger. Dans quelques années peut-être si les technologies ne changent pas d’ici là.

Marcel

Bien hâte de vous suivre dans vos nouvelles aventures, que de courage de partir en plein hiver avec un véhicule électrique et de plus tractant un vr, je comprends que vous ne pouviez pas partir en novembre mais là en décembre ouffff! Vous êtes des courageux vous et Michèle. Bon hiver. :-)

Estelle

Vous êtes un pionnier dans ce domaine. À vous lire ce matin, je constate que cela demande du courage et de la persévérance. Mais moi, je ne suis pas prête à subir autant de sacrifices et d'incertitudes sur la route. Lorsque je voyage, je veux du plaisir avec le moins de stress possible. Bien sûr, un jour, je devrai sans doute m'y résoudre et ce sera pour moi aussi l'électricité, mais pour le moment, je passe mon tour et ce sera avec intérêt que je vous suivrai sur votre site Internet.

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