Carnet de voyage de l'été
2 juillet 2023
23 juin, à brûle-pourpoint, Michelle et moi décidons de prendre la route de la Gaspésie. Après plus de 25 périples dans cette magnifique région, en plus de notre voyage de noces en camping, cette destination est en quelque sorte devenue un pèlerinage romantique biennal. Pour ce qui est des surprises que pourrait nous réserver la météo, nous trouverons bien un moyen de s’adapter. J’aurais pourtant dû y réfléchir à deux fois.
En fait, moi qui n’aime pas particulièrement les feux de camp encore à la mode dans les campings, je me réjouissais de l’interdiction promulguée par les autorités. Malheureusement, je n’avais pas prévu que les nombreux incendies des forêts qui déciment le nord du Québec allaient répandre des tonnes et des tonnes de particules fines sur presque toute la province. Les yeux qui s’assèchent et deviennent rugueux, la gorge qui pique et force inutilement à tousser, les bronches qui auraient grand besoin d’être ramonées, bref tout se mettait en place pour un voyage perturbé.
Une visibilité réduite au minimum par le smog, le vent, la pluie pouvaient bien conjuguer leurs efforts pour nous décourager de partir, notre décision était irrévocable. Au diable les frasques de la météo et la boucane venant du nord, l’appel du homard frais était plus fort que tout.
Comme nous ne sommes pas pressés et que le réservoir d’eau fraîche est plein et ceux des eaux grises noires vides, notre premier arrêt se passe en mode autonome, près de l’aréna de Montmagny, où la ville offre aux caravaniers un asile gratuit pour la nuit. Répertorié sur le site NuitéeVR.com, la popularité de l’endroit ne cesse de croître et fait en sorte que le nombre de visiteurs dépasse largement la quantité d’emplacements leur étant dédiés. Qu’à cela ne tienne, les deux douzaines de VR qui y sont stationnés appartiennent à des caravaniers bien sages au comportement irréprochable. Comme toujours, ces personnes mettent un point d’honneur à favoriser l’achat local en guise de remerciements pour cette hospitalité.
Le lendemain, conscient que nous tentons la chance en ce jour de fête nationale et nous présentons sans avoir réservé au Camping municipal du Rocher-Panet, à L’Islet. Bénis que nous sommes, la préposée nous informe qu’il lui reste seulement deux emplacements disponibles et m’invite à aller les voir avant de faire mon choix. À mon retour elle me dit que mon premier choix a été réservé par courriel dans les minutes précédentes. Bof, le second fera tout autant l’affaire, après tout, c’est seulement pour une nuitée.
25 juin, toussotant, nous nous rendons à Sainte-Flavie. Le restaurant-camping Capitaine Homard affiche encore quelques emplacements disponibles dont un directement sur le bord du fleuve. Nous y resterons deux jours. Certes, les emplacements donnant sur le Saint-Laurent sont exigus, mais, à l’intérieur du resto, à quatre livres, le homard commandé a les pinces larges.
27 juin, nous roulons très peu, à peine une douzaine de kilomètres, jusqu’au Musé Marcel Gagnon. Là aussi, le cuisinier sait comment cuire un homard à la perfection, peu importe sa grosseur. Devant, le stationnement du restaurant permet, pour la modique somme de 20 $ (23 après les taxes usuelles), de passer la nuit et de profiter d’une connexion internet impeccable. De plus, les caravaniers qui y passent la nuit bénéficient d’un rabais de 10 % sur l’addition du restaurant. Et hop, comme c’est mon anniversaire, un autre homard costaud.
28 juin, Matane, encore une halte suggérée par NuitéeVR.com, juste derrière le centre commercial près du quai. Le temps maussade nous incite à demeurer dans le VR. Toutefois, après une visite chez le poissonnier, Michelle prépare une pizza maison, devinez à quoi !
29 juin, encore une autre journée à la météo triste. J’en profite pour me mettre à jour dans mes courriels et mes retours d’appels. Comme plusieurs emplacements sont disponibles, nous décidons d’y rester pour une seconde nuit, cela même s’il est suggéré de limiter son séjour à une seule. Heureusement personne ne viendra nous importuner et nous demander de partir.
30 juin, nous arrivons à Sainte-Anne-des-Monts. Il semble bien que la météo, si maussade soit-elle, ait des effets bénéfiques pour nous. En nous présentant au camping l’Ancre Jaune, lui aussi directement sur le bord de l’eau, la dame à l’accueil nous indique que le camping est complet, car, un festival se tient au village pour le weekend. Elle m’invite toutefois à faire le tour du terrain pour me faire une juste idée de l’endroit. J’accepte volontiers. Au retour, elle sort de l’office et m’annonce qu’une annulation vient d’apparaître sur son ordinateur. Une nuit seulement pour un emplacement sur le bord du fleuve. Marché conclu !
Aujourd’hui, 1er juillet. Nous sommes arrivés au camping Parc et Mer Mont-Louis, dans la municipalité qui, officiellement, se nomme Saint-Maxime-du-Mont-Louis, même si presque tout le monde la nomme Mont-Louis.
Un camping dont la presque totalité des emplacements donne sur la mer ou sur l’anse qui dessine la courbure de la rue principale du village. L’endroit est magnifique en plus d’être impeccable, une véritable aubaine à 45 $ toutes taxes comprises. Nous y serons jusqu’à mardi.
Au départ, nous roulerons peu, car, j’en profiterai pour réaliser un projet qui me tient à cœur et que j’ai dû reporter à maintes reprises pour diverses raisons. Michelle et moi nous rendrons chez Daniel Nadeau, par amitié certes, mais également parce que je compte bien profiter de l’occasion pour interviewer ce personnage majeur dans le paysage du véhicule récréatif au Québec.
Point n’est besoin de vous rappeler que Daniel, habilement inspiré et conseillé par sa Michèle, est le créateur des autocaravanes de classe B et des caravanes Alto fabriquées par son entreprise, Safari Condo. La seule pensée de passer quelques heures à discuter avec celui qui a donné ses lettres de noblesse aux véhicules de classe B au Québec est pour moi un plaisir immense. M’entretenir avec ce visionnaire du VR, comprendre ses motivations, les défis qu’il a relevés, les contraintes causées par la volatilité du marché, d’un taux de change imprévisible, de la pandémie et des difficultés d’approvisionnement qui ont suivi va sûrement me fournir une matière de premier choix, pour un article à venir.
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