Amélioration ou régression
5 janvier 2025
Vous l’avez sans doute remarqué, nous vivons à une époque ou le caractère éphémère des choses devient de plus en plus la norme. Comparativement aux voitures qui sortaient des grandes usines nord-américaines, le constat de la qualité des automobiles et camionnettes qu’on nous offre aujourd’hui constitue ce que l’on appelle des produits rendus à maturité. La technologie, la découpe au laser, les robots sur les chaînes de montage ainsi que le secteur recherche et développement des constructeurs, tout ça a beaucoup contribué à ce progrès. Meilleur aérodynamisme, confort et silence accrus, bonne tenue de route et freinage, consommation d’énergie réduite, bref, en comparaison, les autos des années 50 apparaissent aujourd’hui presque moyenâgeuses.
Grâce entre autres à des réglementations gouvernementales plus sévères et mieux surveillées dans leur application, souvent dictée par un souci de la sécurité des automobilistes, des passagers et des piétons en général, l’industrie a été forcée de se discipliner. Dans une moindre mesure, pour les véhicules récréatifs, longtemps à l’abri des foudres gouvernementales, les choses sont en train de changer là aussi.
Pourtant, malgré tous ces contrôles, il n’est pas une semaine où des rappels obligatoires visant des constructeurs ne nous sont communiqués par les médias et adressés aux propriétaires retraçables des voitures et VR concernés. Quelques fois, le problème peut ne viser que quelques dizaines ou centaines de véhicules et revêtir un caractère plus préventif qu’un risque de bris majeur. D’autres fois, ces rappels peuvent toucher plusieurs centaines de milliers de voitures, pensons ici aux coussins gonflables inadéquats qui pouvaient se déclencher à tout moment.
Cette semaine, Ford a émis un rappel touchant près de 300 000 de ses camionnettes à motorisation diesel construites entre 2020 et 2022 pour des dépôts liés l’utilisation de carburant biodiesel dans le système de distribution qui pourraient affecter la pression interne de la pompe et causer une perte de puissance soudaine du moteur pouvant entraîner une perte de contrôle et des risques d’une collision.
Dans le domaine du VR, environ 145 000 cadenas fabriqués par Reese ont aussi été rappelés. Il s’agit de cadenas—goupilles servant à bloquer et maintenir en place la partie mâle insérée dans l’attache-remorque, sur laquelle est fixée la boule d’attelage. En cas de bris du cadenas, la roulotte pourrait se détacher du véhicule tracteur. On imagine la suite.
Et la liste des rappels s’allonge chaque semaine. On peut tenter d’expliquer cette croissance par une perte d’expertise et de compétence de la main-d’œuvre à la suite de la pandémie qui a fauché un grand nombre de travailleurs. On pourrait aussi évoquer la difficulté d’approvisionnement en pièces et matières premières qui s’est ensuivie et a souvent contraint les constructeurs à se rabattre sur des éléments de moindre qualité, afin de respecter leurs objectifs de production.
Dernier élément qu’il ne faut surtout pas passer sous silence, la baisse de la formation et de l’encadrement de cette nouvelle main-d’œuvre moins qualifiée qui a pris la place des disparus.
D’ailleurs, presque tous les secteurs de l’activité économique ont été touchés par ces deux derniers éléments. Même les restaurants McDonalds ont subi les effets négatifs causés par le manque de travailleurs, laissant les nouveaux venus sans grande formation. Indéniablement, la qualité a baissé partout.
Dans un autre domaine, il ne peut avoir échappé à votre attention combien nos appareils électroniques de communication et leurs nombreuses applis dont on les a gavés n’en finissent plus de requérir des mises à jour. Chaque fois, on nous tient le même discours, la raison de ces modifications a pour but d’en améliorer le fonctionnement et d’y greffer des fonctions supplémentaires. À défaut d’être un secteur aussi réglementé et contrôlé par les gouvernements, les départements de marketing se rabattent allègrement sur le concept de mise à jour pour masquer des erreurs de conception. Tout, pour endormir le consommateur !
En réalité, si l’on prête un peu plus d’attention à la description des supposées améliorations apportées, la première phrase explicative de la mise à jour débute habituellement toujours de la même façon: correction de bogues. Ce n’est qu’après ces mots que l’on nous vante les nouveautés, espérant sans doute nous distraire du goût amer qui caractérise les pilules. Pour ne pas porter atteinte à la confiance des consommateurs face au produit, mieux vaut lui faire miroiter les nouveautés intégrées à son téléphone et à sa tablette connectée.
Bien sûr, les fonctions ajoutées se révèlent souvent fort intéressantes, cependant, la présence continuelle de bogues à corriger nous indique que le produit qu’on nous avait livré, assorti de multiples promesses, n’était surtout pas à la hauteur du message publicitaire dans lequel on l’avait présenté.
Je termine avec un exemple qui m’horripile depuis que j’ai franchi la frontière linguistique du Québec. J’aime beaucoup l’application Plan d’Apple, celle à qui je peux demander de me suggérer un itinéraire me conduisant là où je désire aller. Mais, depuis les récentes mises à jour, la voix qui donne les consignes pour suivre ma route éprouve de sérieux problèmes d’élocution avec des mots de langue anglaise.
Ne me taxez pas de sexiste, j’ai constaté le même problème pour la voix féminine et la voix masculine. Si vous regardez la photo qui coiffe ce billet, vous verrez que le libellé qui apparaît dans le coin supérieur gauche de l’écran m’incite à m’engager dans 1,6 km, sur la SW 184 th St. En anglais cela se dit « South West, One Hundred Eighty Fourth Street ». Pourtant la voix artificielle me le traduit ainsi « Câ ouest cent quatre-vingt-quatre de Sté ». En d’autres occasions, plutôt que « Florida’s Turnpike », elle me propose « Floda turnpic ». Elle m’énerve !
Il s’agit d’un problème récent, apparu il y a quelques mises à jour. Cela a d’abord commencé par des choses comme « quatre ça e » pour indiquer la route 401 en Ontario. Améliorations ? Mon œil, régression plutôt ! Et vous avez vous remarqué ce nouveau bogue puisqu’il faut appeler les choses par leur véritable nom ?
Vive le progrès !
Commentaires
Michel
Vive le progrès de bugs. Je suis bien d'accord avec vous. Mème en français, avec Google M.. les rues sont dites difficilement quelques fois à Chicoutimi. Une chance que je sais habituellement où je vais. Dans votre autre billet sur les GPS, Encore Google M.. m'a dit au Nouveau Brunswick que j'étais arrivé à destination sur une route à 110 km/h en pleine forêt. Sans doute n'était-il pas au courant que c'est la deuxième sortie du rond-point que je devais prendre plutôt que la première comme il me l'indiquait, ce qui m'a fait faire un trajet de 90 km pour revenir sur cette route... Et que dire de la borne que j'ai achetée pour mon véhicule électrique. l’application Wi-Fi qui me permet de savoir quelle consommation électrique elle a pris et combien cela m»'a coûté, bien elle a décidé en 2025 de ne pas avancer les jours. Je viens de découvrir que je dois faire un REBOOT pour qu'elle se mette à jour. Sans doute une mise-à-jour prochaine. Bye
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