Depuis le début de 2025, les voyages vers les États-Unis en véhicule automobile, incluant les VR, affichent des baisses marquées de plus du tiers comparativement à ceux de 2024 à pareille date, indique Statistique Canada. Ainsi, que ce soit au printemps, et encore plus cet été, les voyageurs canadiens ont fortement boudé le pays de l’Oncle Sam. En sera-t-il encore ainsi avec l’hiver qui vient?
Selon un sondage maison réalisé à l’aide de notre page Facebook, 80% des répondants ont signalé vouloir continuer de boycotter nos voisins du Sud. Seuls deux répondants sur dix ont annoncé leur intention de voyager aux États-Unis.
C’est le cas de Mimi Zombie et de son compagnon, qui nous ont répondu par courriel. Leur plan de match? Un départ prévu le 13 décembre en direction de la Louisiane, du Texas et ultimement l’Arizona. Leur retour devrait s’effectuer au début du mois d’avril. « Il s’agira de notre cinquième voyage. Le président est un fou narcissique, mais les gens, là-bas, sont habituellement gentils… et il fait chaud », indiquent ces caravaniers, nullement stressés, qui partiront sans avoir réservé quoi que ce soit. « C’est la route qui va décider où l’on va camper », ajoutent-ils.
Peu d'options terrestres
Il faut avouer que les options pour utiliser son VR en hiver, au pays, sont plutôt minces lorsqu’on réside au Québec. Il y a toujours l’Ouest canadien qui se veut le point canadien le plus chaud pendant les mois d’hiver. Mais attention. Lors de la pandémie, alors que les déplacements outre-frontière étaient limités, certains caravaniers ont tenté l’expérience en Colombie-Britannique. Pour ceux et celles qui n’ont pas lu notre article à ce sujet (Passer l’hiver dans l’Ouest canadien… Était-ce une bonne idée?), on y apprenait que la pluie, la neige et la moisissure avaient fait déchanter les caravaniers ayant tenté l’expérience.
Promotions en vue
Par ailleurs, la situation actuelle peut offrir certaines occasions intéressantes à ceux et celles qui font fi de la politique. Certains terrains de camping floridiens, qui ressentent la levée de boucliers des caravaniers québécois envers les États-Unis, ont décidé de s’ajuster. Pour la première fois depuis des années, les terrains de camping Breezy Hills, Highland Woods et Pioneer Village proposent un mois gratuit à tous les nouveaux caravaniers qui vont réserver quatre, cinq ou six mois. Et ce, même en haute saison, nous indique Florence Greco, spécialiste francophone du service à la clientèle du groupe Equity Life Style Properties, qui détient les quelque 200 complexes VR Thousand Trails et Encore, dont font partie les trois campings ci-haut mentionnés.
Selon André, un habitué du Breezy Hills, c’est du jamais vu comme promotion. « Il doit y avoir beaucoup d’emplacements libres sur ce camping où l’on parle français à plus de 80% », dit-il.
Pour sa part, Florence Greco évite de nous révéler le nombre de réservations annulées par des caravaniers canadiens sur les centaines d’emplacements disponibles en sol floridien, nombre que l’on devine suffisamment élevé pour justifier une telle promotion. N’empêche que la très grande majorité des caravaniers ayant annulé leur séjour pendant la prochaine saison froide ne l’ont pas fait pour des raisons politiques, soutient-elle. « Près de 80% des caravaniers ayant modifié ou annulé leur réservation ont évoqué des raisons de santé et les frais d’assurance liés à leurs déplacements, qui ont explosé », affirme la représentante.
L'option mexicaine
Étant donné la situation actuelle, plusieurs caravaniers considèrent également l’option du Mexique. Si les ennuis de santé d’un des membres de sa famille n’étaient pas survenus, André et sa douce auraient pris la direction de Puerto Vallarta pendant trois mois cet hiver. « Ce n’est que partie remise », indique le caravanier.
François Hébert, nouveau propriétaire de l’entreprise Caravane Soleil depuis plus d’un an, peut aussi témoigner de la popularité du Mexique auprès des caravaniers en quête de solutions. « Depuis le mois d’avril, j’ai reçu plus de 150 demandes d’information pour les deux longs séjours que l’entreprise organise durant la saison froide, soit en novembre et en janvier, au centre et à l’ouest du Mexique. C’est trois fois plus de demandes que recevait habituellement notre organisation », note l’entrepreneur et caravanier.
D’ailleurs, pour la première fois dans l’histoire de l’entreprise, qui existe depuis 2002, les inscriptions aux deux convois se sont en très grande partie effectuées avant la fin du mois d’aout. « Généralement, Caravane Soleil acceptait des réservations jusqu’au début de novembre », souligne François Hébert. Il tient toutefois à signaler qu’une virée à Guanajuato, San Miguel de Allende et Puerto Vallarta n’a rien à voir avec un séjour en Floride ou en Arizona. « C’est toute une autre culture et un autre mode de vie que découvre notre clientèle. Là-bas, les terrains de camping se limitent souvent à un espace de stationnement où il vaut mieux être complètement autonome. Même si l’on nous annonce l’accès à de l’eau potable et de l’électricité, on découvre parfois qu’il n’y en a pas du tout. Par contre, il y a de la poussière. Beaucoup de poussière », avertit-il.
En fait, insiste François Hébert, camper au Mexique, c’est un voyage où l’entraide est de mise. Il sert à bien outiller les caravaniers qui souhaitent revenir l’année suivante par leurs propres moyens en compagnie de leurs amis.
Des circuits à l’étranger très populaires
Enfin, bien qu’il s’agisse d’une option avec location de VR, les circuits-caravanes outre-mer de Voyages FQCC n’ont jamais, eux aussi, été si populaires auprès des caravaniers québécois que depuis février dernier. « Qu’il s’agisse du circuit au Maroc, de celui du Portugal-Espagne, du trio Paris-Amsterdam-Bruxelles ou même de celui en Nouvelle-Zélande, tous affichent complet », indique Valérie Joubert, directrice de l’agence.
À ce propos, les demandes pour les circuits du Maroc (cet automne) et du Portugal-Espagne (au printemps 2026) ont été si nombreuses que l’agence aurait facilement pu ajouter un deuxième séjour pour ces deux destinations. « Malheureusement, les locations de VR n’étaient plus disponibles. On essaiera de voir ce que l’on peut faire pour la saison 2026-2027 », nous informe Valérie Joubert.
Pour l’anecdote, l’agence avait inséré la Nouvelle-Zélande au sein de son calendrier il y a une dizaine d’années. « À peine deux couples s’étaient inscrits, ce qui s’était traduit par l’annulation du voyage. Or, les 12 places du circuit offert du 15 février au 25 mars 2026 sont réservées depuis la mi-septembre. On voit que les intentions de voyage des caravaniers sont en train de changer », estime la gestionnaire.
Le Maroc
Certes, la situation politique influence la clientèle VR, constate-t-elle. À l’exception des circuits visitant les légendaires parcs de l’Ouest américain, les destinations américaines n’ont vraiment plus la cote. « On ressent la colère de notre clientèle. Il a d’ailleurs fallu modifier nos parcours canadiens qui incluaient un détour par les États-Unis », avoue-t-elle.
En fait, les actuelles intentions des voyageurs, et surtout leur désir d’explorer d’autres pays à bord d’un VR (même si ce n’est pas le leur), permettent à l’agence d’insérer de nouvelles destinations outre-mer. À ce propos, le calendrier 2026 de Voyages FQCC intègrera pour la toute première fois un séjour au Royaume-Uni, incluant l’Angleterre, l’Écosse et le pays de Galles, à la demande de clients habitués à voyager en Europe avec l’agence
La Nouvelle-Zélande