En même temps que dans la pandémie de coronavirus, les caravaniers sont entrés dans une ère débridée où le prix des véhicules récréatifs s’est envolé. Il ne serait sans doute pas exagéré d’affirmer que les VR ont pris le mors aux dents. Ce phénomène aussi soudain qu’ascendant frappe toutes les catégories de véhicules récréatifs, y compris les autocaravanes de classe B. Pourquoi coutent-elles si cher ? C’est ce que Camping Caravaning a voulu savoir.
En matière de matériaux et de construction, la classe B fait bande à part. Sa nature première la rapproche bien plus de l’automobile. Produites selon les mêmes techniques de fabrication et possédant des composantes structurelles et mécaniques semblables, les fourgonnettes qui servent à produire des autocaravanes de classe B sont en réalité des automobiles. Plus volumineuses que les voitures de promenade, elles font le pont entre l’auto traditionnelle et le camion.
Un désign différent aux multiples contraintes
Les matériaux qui servent à délimiter le volume des autocaravanes de classe A et C présentent la particularité d’être beaucoup plus faciles à travailler que l’acier des murs et de la toiture d’une classe B. Ces derniers doivent d’abord être moulés dans des presses avant d’être soudés sur des traverses latérales horizontales et verticales qui assureront la rigidité structurelle nécessaire à la sécurité des passagers ainsi qu’une protection sans pareille contre les infiltrations d’eau. Bien sûr, le prix de l’acier n’est pas le même que celui des matériaux des autres classes de VR.
Dans le cas de ce qui sera une autocaravane de classe B, le véritable constructeur est toujours un fabricant automobile. Trois géants, Ford, Stellantis et Mercedes se partagent le marché nord-américain. Pour ce qui est des Safari Condo, Gala RV, New West et autres, il serait plus approprié de dire de ces entreprises qu’elles aménagent des véhicules récréatifs puisqu’elles « habillent » l’intérieur de véhicules déjà construits.
Sur le plan de la recherche et du développement, l’aménagement d’une autocaravane de classe B présente un niveau de difficulté beaucoup plus grand que celui des autres autocaravanes. Les spécialistes de la classe B ne peuvent laisser libre cours à leur créativité. Il leur faut avant tout s’adapter à un volume intérieur restreint, strictement délimité, et tributaire de normes structurelles immuables établies par le constructeur.
D’ailleurs, leur faible volume intérieur constitue en soi une contrainte supplémentaire à l’imagination des concepteurs. Ces derniers doivent utiliser le moindre centimètre cube afin de maximiser le rangement disponible dans ces minimaisons sur roues. Véritable défi lancé à ces désigneurs, trouver la meilleure solution requiert énormément de temps pour arriver au désign volumétrique optimal si important dans un VR de classe B. En comparaison, le volume des autocaravanes de classe A et C laisse énormément plus de latitude et rend inutile d’obséder sur l’espace perdu ou mal utilisé.
Impact lors de la construction
Alors que tous les véhicules récréatifs possèdent sensiblement les mêmes appareils et accessoires de base, on comprend que leur trouver une place appropriée dans un véhicule de classe B soit compliqué. À ceci s’ajoute une autre problématique qui n’apparait pas à l’oeil nu.
Quand vient le temps d’installer la plomberie, les canalisations de propane, le câblage électrique, les divers accessoires et appareils dans un véhicule de classe B, les employés doivent faire preuve d’une grande flexibilité et se contorsionner afin d’effectuer le travail dans un espace aussi restreint. Non seulement doivent-ils faire preuve d’une grande adresse, mais tout installer prend aussi plus de temps. Contrairement aux véhicules plus gros où plusieurs employés peuvent se trouver en même temps à l’intérieur et exécuter plusieurs tâches simultanément, deux employés peinent à ne pas se piler sur les pieds ou se nuire dans une classe B.
Des couts à la hausse
Les fourgonnettes servant à l’aménagement de VR de classe B ont toutes connu des augmentations de prix et subi des problèmes de production. Dans certains cas, la pénurie mondiale de capteurs électroniques a causé jusqu’à la fermeture temporaire d’usines. En février, le prix de base (sans options et avant transport et préparation) de ces plateformes variait d’environ 8 000 $ selon la marque : ProMaster à 50 000 $, Transit à 51 000 $ et Sprinter à 57 800 $.
Comme les véhicules qu’elles aménagent, les entreprises spécialisées dans la classe B sont souvent de faible taille. Par conséquent, elles n’ont pas les moyens d’acquérir et d’entreposer des centaines d’appareils souvent couteux et volumineux. Pensons ici qu’elles doivent disposer de réfrigérateurs, climatiseurs, réservoirs septiques ou de gaz, appareils de chauffage, chauffe-eaux, panneaux solaires, batteries, etc.
À l’opposé, les géants de l’autocaravane qui produisent de multiples modèles utilisant les mêmes appareils et accessoires disposent d’un net avantage auprès de leurs fournisseurs : leur pouvoir d’acheter en grandes quantités. Conséquemment, même en période de pénurie, le fabricant du climatiseur, du frigo ou du chauffe-eau aura tendance à satisfaire d’abord ses clients à gros volume – son chiffre d’affaires en dépend – plutôt que le petit entrepreneur dont les commandes sont beaucoup moins importantes.
Comme les géants de l’industrie disposent de grands moyens financiers, ils accepteront plus facilement de payer un peu plus cher pour leurs appareils, eux qui profitent déjà d’importants rabais de volume. Du côté de l’entreprise plus modeste, qui paie déjà plus cher pour ses appareils, toute augmentation de prix causée par une demande dépassant l’offre deviendra un véritable cauchemar.
Tout s'explique
À première vue, on pourrait croire qu’un gabarit de véhicule récréatif plus modeste devrait nécessairement se traduire par un prix moindre qu’un autre beaucoup plus gros. Comme nous venons de le voir, la réalité est fort différente.
Confrontées aux exigences des consommateurs, qui souhaitent retrouver dans les VR de classe B la même gamme d’appareils et d’accessoires que dans les classes A et C, ces petites entreprises doivent investir beaucoup plus en recherche-développement ainsi que dans les techniques de travail dans un espace intérieur restreint.
Malgré un ratio dollars-longueur plus élevé que la majorité des VR des classes A et C, celui qui opte pour une autocaravane de classe B sait qu’il voyagera dans un véhicule plus homogène, pratiquement imperméable aux infiltrations d’eau, plus maniable et polyvalent et, surtout, moins gourmand en carburant. Un véhicule qui de toute façon le mènera aux mêmes endroits, parfois plus facilement qu’un autre beaucoup plus gros.
Finalement, il pourra se dire que de tous les VR qui prennent actuellement la route, le segment des autocaravanes de classe B est celui qui connait la plus forte croissante. Comme les études de marché démontrent que cette tendance devrait se maintenir pendant plusieurs années, au moment de se départir de son VR il profitera d’une valeur de revente intéressante.
Et comment sont construites les A et les C
De leur côté, les VR de classe A et C de ce monde, que nos cousins européens appellent des intégraux, sont fabriqués différemment. On crée d’abord une ossature composée de poutres longitudinales et de poutrelles latérales sur lesquelles se trouve un moteur à essence ou au diésel, assorti d’un volant, le tout reposant sur des essieux et des pneus en nombre variable. Sur cette assise, les constructeurs de VR peuvent laisser libre cours à leur imagination pour concevoir un désign accrocheur, dont la fonction principale est de séduire l’acheteur.
Si le matériau utilisé pour donner forme aux autocaravanes de classe B est l’acier, les autres catégories d’autocaravanes ont la plupart du temps recours à des montants d’aluminium ou de bois entre lesquels sont insérés des panneaux de polystyrène extrudé servant d’isolation. Sur la face intérieure de cette structure, on applique un mince panneau préfini, dont l’âme est constituée de lauan, un matériau choisi pour sa légèreté et son bas prix. À l’extérieur, différents types de fibre de verre offrent dans le meilleur des cas un fini lustré par plusieurs couches de peinture et de laques pour un effet plus luxueux.
Ces murs que l’on dit de type sandwich sont la plupart du temps assemblés sur de longues tables afin de faciliter le travail des employés. Par la suite, ils sont collés sous pression, déposés directement sur des ancrages à même le châssis du VR, puis reliés les uns aux autres. Quant à la toiture, sa technique de construction est presque similaire avec un toit constitué d’une membrane en élastomère ou, au mieux, en fibre de verre.