Avec ses chutes déchainées, ses plages infinies, ses tourbières mystérieuses et son littoral sculpté par le Saint-Laurent, la Côte-Nord offre des paysages uniques aux randonneurs de tout niveau et à leurs compagnons canins. Voici cinq sentiers coup de coeur découverts avec Lillie-la-corgi.
Petit-Havre de Matamec
Sept-Îles
Ce sentier extraordinaire est sans contredit l’un des secrets les mieux gardés de la Côte-Nord. Avec ses quatre écosystèmes et son marais salé réunis le long d’une boucle s’étirant sur les bords du fleuve, il combine tous les éléments d’une attraction de calibre national.
Il va sans dire, Lillie-la-corgi a adoré. Malgré ses petites pattes et son ventre trainant ici et là dans une boue noire et bien collante, elle a traversé avec bonheur les tourbières grasses avant de sauter sur les galets du littoral pour admirer l’immensité du fleuve. Elle a ensuite humé les bonnes odeurs de la forêt boréale avant de rester un brin incrédule devant toute la variété ailée du marais salé.
L’entrée du stationnement, situé à six kilomètres à l’est du pont de la rivière Moisie, n’est pas facile à repérer. Il faut être attentif pour ne pas rater le panneau brun situé au km 1035. De là, un étroit chemin mène à un stationnement d’une douzaine de places. Les grosses autocaravanes pourraient éprouver de la difficulté à repartir vers l’avant.
Deux options s’offrent aux randonneurs : la boucle complète de cinq kilomètres qui demande un effort d’environ trois heures, ou un aller-retour de deux kilomètres sur le sentier du Marais. Hormis sur quelques portions pentues et glissantes, les jambes ne sont jamais solidement mises à l’épreuve. Et peu importe le choix, le ravissement s’avère continuel.
Chutes Manitou
Rivière-au-Tonnerre
Les chutes Manitou constituent depuis toujours un attrait incontournable. Nul besoin d’être un adepte de la randonnée pour se rendre au pied de ces impressionnantes merveilles de la nature. Tombant de 35 mètres en un vrombissement à la fois furieux et curieusement apaisant, ces masses d’eaux tumultueuses imposent le respect.
Deux sentiers permettent de descendre admirer cette rivière majestueuse en partant du bureau touristique de la Minganie, situé au kilomètre 1088. Le parcours le plus populaire, qui offre les meilleurs points de vue, passe par le long pont traversant la rivière Manitou. De là, une série d’escaliers, de passerelles et de sections de terre battue, le tout ponctué de belvédères, mène au bas de la plus grosse chute.

Lillie ne s’est pas fait prier pour dévaler les escaliers et déboucher, 75 mètres plus bas, sur une étroite berge de galets. Rendue là, elle s’est bien gardée de s’approcher des vagues et des forts remous. Elle a préféré se poster sur un petit rocher pour admirer le spectacle des hautes volutes de bruine blanche qui s’élèvent en tournoyant avec force.
Une fois les yeux emplis de beauté, l’étonnante Lillie a attaqué les 223 marches sans trop d’efforts pour remonter sur la route 138. Ses maitres, eux, auraient préféré s’arrêter à quelques paliers pour, disons, jouir du paysage.
Cap Ferré
Havre-Saint-Pierre
Ce sentier est unique en son genre. On trouve à cet endroit l’un des rares monolithes existants sur la côte. Pour en admirer d’autres, il faut plutôt se rendre dans la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan, au large de Havre-Saint-Pierre, où Lillie et ses congénères sont interdits d’accès.
Ce sentier représente donc une belle occasion pour les randonneurs et leurs partenaires à poils. Mais attention, seulement pour les caravaniers qui s’y rendent avec une classe B ou une toute petite classe C. La raison est bien simple : le minuscule stationnement se trouve au bout d’un étroit chemin en lacets.
De là, un court sentier boisé s’ouvre sur une longue esplanade rocheuse d’un kilomètre et demi. Elle est bordée de sapins rabougris sculptés par le vent et d’une lande herbacée piquée de fleurs rares. Ce n’est pas sans raison que Lillie a été tenue éloignée de cette flore fragile.
La formation calcaire, particulière de l’endroit, ajoute au charme du sentier. Une randonnée à marée basse permet d’ailleurs de mieux admirer la perspective des falaises rougies par les ruisseaux chargés de minerai de fer. Assoiffée, Lillie a sans doute pris un peu de poids au retour.


Plage de Natashquan
Natashquan
On s’entend, cette plage de sable doré n’est pas un sentier proprement dit. Mais sa tranquillité et sa longueur en font une randonnée de choix.
Cette longue allée sablonneuse débute à l’iconique et ancestral port de pêche nommé Les Galets, situé à un (très long) jet de pierre de la maison d’enfance de Gilles Vigneault. De là, la plage ceinture la baie de Natashquan en un grand arc de six kilomètres.
Lillie n’en croyait pas ses yeux. Après quelques centaines de mètres de marche, tout cet espace lui appartenait. Elle a couru tout son soul, les oreilles rabattues, ne s’arrêtant que devant une branche repoussée par la marée ou une carapace de crabe vide, sinon pour le simple plaisir de creuser dans le sable.
L’idée d’une baignade suscite peu d’enthousiasme chez cette chienne qu’on croirait taillée dans une ancre de bateau. L’eau peu profonde, donc chauffée par le soleil, se fait toutefois invitante pour ses maitres. Tant pis pour elle !
Le Brion
Kegaska
Le bout de la route 138, qui mène au petit village anglophone de Kegaska, réserve aux marcheurs une expérience de dépaysement total.
Ce sentier tient son nom de l’épave d’un cargo échoué en 1976 sur la pointe de cette ile. S’y rendre se révèle relativement facile. On se stationne devant la jolie église de St Philip’s, puis on traverse le pont pour prendre le chemin du Brion. Des trottoirs de bois permettent de traverser la lande humide sans se tremper les pieds.
La randonnée devient grandiose une fois l’épave passée, si l’on poursuit sa route sur les rochers pour revenir au village. La tourbière cède la place à d’immenses roches plates, toutes plus colorées les unes que les autres, polies inlassablement par la mer.
Les yeux ronds, Lillie s’est amusée à sauter de roche en roche pour contourner étangs et fissures, comme dans un immense jeu de marelle construit pour elle il y a des millions d’années. Ce sentiment était partagé par ses maitres.