Qu’y a-t-il de plus traumatisant pour un caravanier que de découvrir un matin une flaque d’eau sur le plancher de son VR, une trainée à l'intérieur sur un de ses murs ou un cerne au plafond ? Juste avant le début de la saison, le moment est idéal pour identifier les causes d’infiltration, l’entretien préventif à effectuer, les façons de détecter la présence d’eau dans un VR, de même que les solutions qui s’imposent une fois que l’on fait face à une infiltration.
Les causes potentielles
Il y aurait présence d’infiltration d’eau dans les murs de trois VR sur cinq. Selon un article paru dans Camping Caravaning en 2011, les dommages causés par l’eau font partie des trois principales causes de réclamations que reçoit Orbite services d'assurances (Leclerc Assurances) de la part des propriétaires de VR. Au deuxième rang de ce palmarès, ces demandes d’indemnisation représentent plus de 20 % des appels. Il est important de spécifier que les assureurs refusent de rembourser les dommages liés à des infiltrations d’eau graduelles, provenant par exemple d’un joint qui coule ou d’un tuyau qui fuit. Pour qu’un dommage soit couvert, il faut absolument qu’il soit de nature soudaine et accidentelle.
Lorsqu’on parle de présence d’eau dans un VR, il est primordial dans un premier temps de départager deux grandes catégories d’infiltrations d’eau en fonction de leurs sources. La première catégorie inclut l’eau provenant du bris d’un des éléments du système de distribution d’eau du VR, par exemple un réservoir craqué, un tuyau fendu par le gel ou autre, une défectuosité au joint d’étanchéité de la valve du filtre à eau, un bris de la pompe à eau ou d’un réservoir d’eaux usées, ou même un débordement du réservoir d’eau potable.
La seconde catégorie inclut les infiltrations plus lentes, qui proviennent la plupart du temps de scellant abimé sur le toit ou d’une autre partie du VR qui s’est graduellement détériorée jusqu’à laisser passer l’eau. Ces infiltrations ont ceci de particulier qu’elles s’avèrent sournoises, étant localisées hors de la vue, dans un plafond ou un mur, et qu’il peut s’écouler un temps considérable avant qu’elles ne soient découvertes. De plus, à cause des obstacles rencontrés par l’eau sur son parcours à l’intérieur du VR, elle peut facilement apparaitre à un endroit très éloigné de sa source, ce qui complique grandement le travail de colmatage.
Nous nous attarderons ici plus particulièrement à cette seconde catégorie d’infiltration, dont la fréquence et l’ampleur peuvent être réduites lorsque le propriétaire est proactif et effectue la maintenance préventive de son VR.
Les facteurs ennemis
Pourquoi l’étanchéité d’un VR diminue-t-elle avec le temps ? Plusieurs facteurs constituent les « causes profondes » de cette situation.
• Les vibrations : il est reconnu au sein de l’industrie du VR que toutes les fois où nous prenons la route, nos VR sont soumis à d’énormes vibrations qui s’apparentent à celles produites par un tremblement de terre de moyenne à forte magnitude. Les joints d’étanchéité sont donc soumis à d’importantes forces lorsque le VR se déplace. Et l’état actuel du réseau routier québécois ne fait rien pour améliorer la situation !
• L’hiver québécois : l’expansion et la contraction des joints, provoquées par l’action du gel et du dégel, ont aussi un effet destructeur, particulièrement sur le toit. Cela se fait sentir surtout lorsque le VR est exposé à l’humidité et aux intempéries, en hiver ou lors des redoux et des regels subséquents. Les experts s’entendent pour dire que la fonte des neiges pourrait provoquer de l’écoulement dans les joints pendant quatre à six semaines après le dégel.
• Les effets des rayons UV : par ailleurs, les toits en membrane de caoutchouc de type EPDM et TPO de certains VR sont soumis à des chaleurs extrêmes en été et au rayonnement UV du soleil. La membrane se dégrade avec le temps si elle n’est pas entretenue convenablement. Des fissures peuvent alors s’y former.
Un cas bien réel d'infiltration lente
Le caractère sournois des infiltrations a été soulevé ci-dessus et s’illustre sans équivoque par l’infiltration majeure vécue par l’auteur il y a quelques années. La conception de sa caravane faisait en sorte qu’à la suite d’une pluie abondante, de l’eau stagnait sur le dessus du parechoc, à l’endroit où se joignent la base du mur arrière et le plancher de la caravane. Sans que ce soit apparent, l’eau s’était graduellement infiltrée à la base du mur et avait poursuivi son chemin à l’intérieur de la caravane, entre le contreplaqué et le revêtement du plancher.
Ce n’est qu’après environ deux ans et demi d’utilisation qu’une décoloration est apparue sur le prélart situé sous la table du coin-repas. En retirant ce prélart, on a constaté que de l’eau s’était infiltrée sur toute la largeur de la caravane sur une distance de plus d’un mètre (voir photos). Une fois séché, le prélart avait raccourci de près de 5 cm (2 po) et était devenu inutilisable. Après de nombreuses discussions avec le concessionnaire et le fabricant de la caravane, et des menaces de poursuite, il a été entendu que le propriétaire ramènerait la caravane à l’usine aux États-Unis afin que l’ameublement en soit retiré et que le prélart d’une pièce soit remplacé, puis que l’ameublement soit réinstallé. Le contreplaqué de bonne qualité a pu être récupéré et traité convenablement avec des produits contre la moisissure. La cause du problème étant l’absence de scellant à la base du mur arrière, le fabricant avait accepté, non sans maugréer, de couvrir le cout de la réparation, et le propriétaire a couvert les frais d’essence et autres pour ramener la caravane à l’usine. Pour donner une idée du cout de la réparation, le fabricant a remis au propriétaire un relevé indiquant qu’un total de 65 heures avait été consacré à la réparation au taux horaire de l’époque de 100 $ US, pour un total de 6 500 $ US. Cet incident date déjà d’une douzaine d’années. Heureusement, le problème n’est pas revenu. Le fabricant avait aussi ajouté un nouveau joint de scellant à la base du mur arrière extérieur. Un nouveau joint de caoutchouc a depuis été développé et est maintenant installé sur les modèles plus récents.
L'importance de l'entretien préventif
Cet exemple vécu démontre qu’il vaut nettement mieux procéder à des inspections régulières et à un entretien préventif du VR que d’attendre de constater une infiltration d’eau avant d’agir. Il est recommandé de procéder à une inspection visuelle de tous les joints du toit et des murs du VR au moins deux fois par année. Cette inspection doit se concentrer sur les ouvertures du VR et tous les joints autour de ces ouvertures afin de déceler toute fissure ou tout décollement de scellant. Lorsqu’un problème est détecté sur un joint, il ne faut surtout pas attendre. Il faut retirer le vieux scellant de la zone affectée, bien nettoyer et sécher celle-ci, puis remettre du nouveau scellant.
Le type de scellant à utiliser dépend de l’endroit touché et de la composition du toit (s’agit-il d’une membrane EPDM ou TPY, d’un toit d’aluminium ou autre ?). Les experts des ateliers de réparation et des concessionnaires pourront vous guider dans le choix du bon scellant. Sur le toit, on optera pour un scellant autonivelant de type Dicor alors que sur des parois verticales, on optera plutôt pour un scellant plus ferme, de type Sikaflex, en polyuréthane ou autre selon le cas. Les rubans de butyle seront également utilisés sous certaines moulures et cadres de fenêtre. L’état de la membrane de caoutchouc du toit devra également faire l’objet de traitements afin qu’elle conserve ses propriétés et que sa vie utile soit prolongée. Un trou dans une telle membrane se répare également avec du ruban de type « Eternabond ».
Les méthodes de détection
Il peut arriver que la présence d’humidité ou d’eau dans un VR soit difficile à détecter, ou que la source d’une infiltration soit difficile à cerner. Dans ces cas, certains experts proposent diverses méthodes de détection faisant appel à de l’équipement spécialisé.
En effet, une fois qu’une infiltration a été décelée, la clé de son élimination réside dans la capacité de déterminer de façon précise où l’eau pénètre. Voici trois types d’instruments utilisés pour détecter la présence d’humidité et la source des infiltrations d’eau.
• Les humidimètres : ceux-ci permettent de détecter si un niveau d’humidité est anormalement élevé à l’intérieur d’un mur ou d’un plancher. Certains de ces appareils possèdent des pointes et nécessitent que la surface à tester soit percée, alors que d’autres sont moins invasifs et n’impliquent pas d’endommager les surfaces.
• Certains spécialistes offrent de procéder à une inspection thermique du VR avec de l’instrumentation de thermographie à infrarouge afin de « voir ce que l’oeil ne voit pas ». Cependant, les frais associés à une telle inspection font en sorte que son utilisation devrait être limitée aux cas graves où la source du problème est difficile à établir.
• Une autre méthode de détection des fuites consiste à utiliser un appareil de type « Sealtech », installé sur une trappe d’aération du plafond du VR pour créer une pression positive à l’intérieur. Par la suite, un technicien arrose tous les joints à l’extérieur du VR et surveille l’apparition de bulles à l’intérieur. Cela permet de déterminer à quels endroits le scellant est fissuré ou décollé. Cette méthode est efficace pour détecter les sources d’infiltration.
Pour conclure, les infiltrations d’eau constituent un important problème au sein de l’industrie du VR. Les propriétaires de véhicules récréatifs doivent s’y attaquer de façon préventive, avant que l’eau n’ait eu le temps de faire des ravages à l’intérieur de leur maison sur roues. Seul un entretien préventif rigoureux peut permettre d’éviter ce problème. Si cela dépasse vos compétences techniques, il est fortement suggéré de consulter des experts en la matière. La question n’est pas de savoir si vous aurez un jour une infiltration d’eau, mais bien quand vous en aurez une !