La popularité des parcs nationaux québécois sous l’égide de la Sépaq croît à une allure fulgurante. Il en est de même pour les parcs nationaux du Canada, évidemment. La beauté de ces lieux, leur accessibilité et le nombre important d’activités qu’il est possible d’y pratiquer sont les ingrédients de la recette gagnante. Nous l’avons constaté lors de notre séjour au parc national de la Mauricie
Dans la province, on compte trois parcs nationaux du Canada, soit celui de Forillon, en Gaspésie, la réserve de parc national de l’archipel de Mingan, sur la Côte-Nord, et celui de la Mauricie, au nord de Shawinigan.
Nous avions «découvert» le parc de la Mauricie au début des années 1980, alors qu’il représentait pour plusieurs, et particulièrement pour les débutants en canot-camping, la Mecque pour la pratique de l’activité. Depuis, le parc s’est développé et offre désormais une panoplie d’autres activités. Même si nous y avons fait plusieurs visites au fil des années, une mise à jour s’imposait. Quelle belle excuse! Nous avons donc mis le cap vers le parc, en prenant soin d’attacher les kayaks sur le toit, bien sûr, et en invitant la petite famille pour lui faire apprécier ce joyau laurentien.
Le parc
Créé sur papier en aout 1970, ouvert partiellement au public dès 1972, ce n’est qu’en juin 1977 qu’il est officiellement inauguré et devient ainsi le 22e parc national canadien. Les années qui suivent voient les infrastructures se développer et s’agrandir. Ainsi, de nouveaux terrains de camping voient le jour et la route La Promenade qui traverse la partie sud du parc en formant un demi-cercle, est asphaltée tout au long de ses 63 kilomètres.
Le parc est accessible par trois entrées. Celle de Saint-Jean-des-Piles, à l’est, est bordée par la rivière Saint-Maurice et l’entrée centrale de Saint-Gérard donne accès au secteur de Rivière-à-la-Pêche. Celle de Saint-Mathieu, à l’ouest, à moins de 200 kilomètres de Montréal, permet d’explorer les lacs Wapizagonke et Caribou qui ont fait la renommée de l’endroit.
Bordé au nord et à l’est par les rivières Mattawin et Saint-Maurice, le parc protège 536 km2 de forêt laurentienne caractérisée par une importante zone d’érablière sucrière à bouleau jaune. Une forêt agrémentée par environ 150 lacs. Le territoire, aujourd’hui sous couvert forestier sur 93% de sa superficie, occupe la partie sud du fameux Bouclier canadien.
Un peu d’histoire
Des indices archéologiques portent à croire que les lieux étaient fréquentés par les Autochtones il y a 5 000 ans. Au fil des siècles, Algonquins, Iroquois, Abénakis, Hurons et Attikameks ont foulé ce sol et, surtout, pagayé sur les nombreux cours d’eau qui le sillonnent. À cette époque, l’endroit servait vraisemblablement de passage entre la vallée du Saint-Laurent et les forêts du Moyen-Nord. Puis, les Européens sont arrivés et les coupes de bois ont commencé. Les grands pins ont été coupés et exportés pour la construction de navires en Europe. Par la suite, vers 1850 et pendant les 100 prochaines années, l’exploitation forestière s’est intensifiée avec la coupe de bois de sciage et de papeterie. Coupes intensives, flottage du bois et aménagement divers (le plus vieux barrage, celui du lac Wapizagonke, date de 1827) ont modifié à jamais le paysage des lieux. Toutefois, aux alentours de 1920 débutent les efforts de reboisement et de conservation. En parallèle à tout cela, les clubs de chasse et pêche privés proliféraient. Pas moins de 16 clubs étaient encore actifs au moment de la création du parc. De cet héritage, on peut apprécier encore aujourd’hui les impressionnants Domaine Wabenaki et la maison Andrew, qui ont été remis en service par Parcs Canada.
L'expérience camping
Le parc de la Mauricie est le plus accessible des trois parcs canadiens en territoire québécois. Proche des grands centres, sa popularité grandissante a amené son infrastructure à se développer considérablement. On y compte maintenant trois campings semi-aménagés (rustique ou avec électricité). Celui de Mistagance, tout près de l’entrée de Saint-Mathieu, est le
plus petit des trois, avec ses 91 emplacements. C’est à cet endroit, sur des lots bien aménagés, boisés et surtout à bonne distance les uns des autres, que nous avons passé un weekend en famille. Le Wapizagonke, un peu plus au nord, le long du lac éponyme, est plus imposant avec ses 188 emplacements, mais il n’est ouvert que de la fin juin au début septembre. Enfin, le camping de Rivière-à-la-Pêche offre quant à lui 222 emplacements dans ce secteur plus à l’est. Si les chiens sont acceptés aux trois endroits, il faut toutefois noter qu’ils sont interdits sur les plages et même dans les sentiers.
Pour retrouver les racines du parc national, il est aussi possible de réserver l’un des 136 emplacements de canot-camping, pour une expérience de pleine «nature». Si, à l’inverse, c’est le confort qui vous sied mieux, optez pour le prêt-à-camper oTENtik (13 unités à Rivière-à-la-Pêche, secteur ouvert à l’année, et 12 unités à Mistagance) et même le luxueux domaine Abenaki-Andrew, dans le secteur est.
Les activités
Nous aimons bien découvrir un lieu en y pratiquant des activités de plein air. Justement, au parc de la Mauricie, on est bien servi! Le traditionnel canot-camping et maintenant d’autres sports de pagaie comme le kayak et la planche à pagaie sont tout indiqués pour apprécier les très beaux et nombreux plans d’eau, mais aussi pour se rendre à des destinations particulières, comme une chute, une plage ou des falaises. Si les portages ne vous effraient pas, la partie ouest offre de très beaux parcours de canot-camping. Ainsi, on peut pagayer sur le magnifique (mais populaire) lac Wapizagonke et admirer ses falaises et ses plages ; explorer le plus sauvage lac Caribou; ou aller coucher, seul au monde, au bout du lac Waber et ensuite, à pied, se rendre aux jolies chutes du même nom.
La Promenade, la route du parc qui est asphaltée sur toute sa longueur, propose courbes, vallons et points de vue aux cyclistes, mais sachez qu’il faut des mollets aguerris pour faire l’aller-retour (126 km). Il est possible d’utiliser les chemins forestiers et les sentiers d’hiver dans le secteur Rivière-à-la-Pêche si l’on préfère le vélo de montagne.
Évidemment, la pêche est à l’honneur tout comme la randonnée pédestre. D’ailleurs, si vous séjournez au camping Mistagance, il est possible, directement du camping, d’emprunter un sentier qui mène à l’aire de piquenique Shewenagan. De là, on peut enchainer avec le très joli sentier des Cascades et celui des Falaises pour un aller-retour d’environ neuf kilomètres. Dans le secteur de Saint-Gérard, ne négligez pas le sentier de la chute Parker, une boucle de huit kilomètres. En passant par l’entrée de Saint-Jean-des-Piles, le sentier Deux-Criques, un défi de 17 kilomètres, vous attend. Enfin, une activité plutôt inusitée est proposée aux initiés seulement: la plongée sous-marine. Il est en effet possible de s’immerger dans les profondeurs cristallines des lacs Wapizagonke, Édouard et Caribou. Vous en conviendrez, l’offre d’activités est nombreuse et diversifiée!