Découvrir les nombreux attraits de la vallée du Richelieu, disséminés de part et d’autre du cours d’eau, en véhicule récréatif, est encore plus agréable lorsqu’on prend au moins une semaine pour le faire. C’est l’option qu’a choisie notre journaliste, Dany Coulombe.
En langue abénaquise, on la connaissait sous le nom de Masoliantekw. Avec la venue des Européens, elle devint la rivière aux Iroquois. Aujourd’hui, on la nomme Richelieu, en l’honneur d’un cardinal célèbre qui fut ministre sous Louis XIII. C’est une rivière formidable, tant par son parcours géographique que par son riche passé historique.
Une peu d'histoire et de géographie
Prenant sa source dans la partie nord-est du lac Champlain, la rivière Richelieu s’écoule vers le nord-est sur une distance d’environ 124 kilomètres pour se jeter dans le Saint-Laurent, à l’entrée du lac Saint-Pierre, à environ 40 kilomètres à l’est de Montréal. Ce cours d’eau est le plus important affluent de la rive sud du Saint-Laurent et il draine un grand territoire maintenant agricole, urbain et même industriel. La rivière a été une source d’approvisionnement et de transport d’aussi loin que l’on peut remonter, soit il y a 2 000 à 4 000 ans av. J.-C. Les Premières Nations furent les premières à utiliser le cours d’eau, évidemment. Au début, des Iroquois puis des Algonquins y ont pagayé. Ensuite, des Français et des Anglais et enfin, des Américains ; le tout sur fond de guerres et d’activités commerciales.
Depuis l’ouverture du canal de Chambly en 1843 et de l’écluse de Saint-Ours en 1849, il est possible de naviguer entre le Saint-Laurent et le lac Champlain, aux États-Unis. Aujourd’hui, la vocation du cours d’eau est principalement récréative. À ses nombreux sites patrimoniaux naturels ou bâtis s’ajoutent plusieurs attraits agrotouristiques.
Sur la route, aujourd'hui
Explorer la vallée du Richelieu, du sud vers le nord, peut se faire aisément en empruntant les routes 223 et 133, en alternance, au gré des humeurs et des ponts. Près de la frontière américaine, l’exploration débute dans la ville de Lacolle et sa région. Outre plusieurs édifices historiques dans la municipalité, l’exploration des campagnes nous mène vers Odelltown. On y découvre un site où Américains et Britanniques, puis loyalistes et patriotes se sont affrontés. Une église méthodiste, construite entre 1823 et 1825, permet de faire une pause et d’observer l’architecture particulière du bâtiment (avec son écurie adjacente).
La rivière a été une source d'approvisionnement
et de transport d'aussi loin que l'on peut remonter,
soit il y a 200 à 4000 ans avant J.-C.

Le long de la route 223, plus au nord, le Blockhaus de la rivière Lacolle, situé à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, nous plonge encore dans un passé militaire tumultueux quand près de 600 soldats britanniques et miliciens canadiens auraient repoussé, en 1814, les attaques du général américain Wilkinson alors à la tête d’une garnison de 4 000 hommes. De retour à l’entrée du village de Saint-Paul, on s’étonne d’y voir de nombreux canaux construits perpendiculairement à la rivière et qui servent de marina. Un petit détour par la 61e Avenue mène au centre d’accueil du fort Lennox, malheureusement fermé pour cause de réparations au moment de notre passage. Le fort est construit sur l’ile, au milieu de la rivière.


Un point marquant de la visite
Le prochain arrêt se fait à Saint-Jean-sur-Richelieu, dont l’offre touristique s’avère généreuse. En grand besoin d’une pause pour casser la croute, nous découvrons le Centre-de-Plein-Air- Ronald-Beauregard, au bout de la rue Towner où se tient – surprise ! – un rassemblement de Westfalia. Nous en profitons pour jaser de véhicule récréatif, évidemment !
Passé le fameux collège militaire royal, il ne faut surtout pas rater le vieux Saint-Jean. On peut emprunter la rue Champlain pour explorer le parc des Éclusiers, près de l’écluse 9 du lieu historique national du Canal-de-Chambly. Le canal, ouvert en 1843, relie Saint-Jean à Chambly, à environ 20 kilomètres plus loin, en évitant les rapides de la rivière Richelieu. Pour nous, le canal et ses infrastructures ont été un point marquant de notre exploration de la vallée. Nous y avons fait plusieurs arrêts, l’avons arpenté et même longé à vélo.
La canal de Chambly et ses infrastructures ont été un point marquant
de notre exploration de la vallée.
L'exploration se poursuit
Nous aurions pu continuer sur la route 223 vers le nord, mais le désir d’explorer la rive est de la rivière nous a fait traverser le pont Gouin, à Saint-Jean. La 1re Rue prend le nom de route 133 une fois passé le pont de l’autoroute 35, mais on lui préfère plutôt l’appellation plus historique de chemin des Patriotes. À l’entrée de la ville de Richelieu, près de Chambly, on garde la gauche sur la 1re Rue afin de longer le plus possible la rivière. Traverser le pont de la 112 mène à Chambly où un arrêt et une visite guidée du fort, sis au pied des rapides, constituent un incontournable. De retour sur la rive droite, on rencontre le petit parc Marcel-Fortier qui permet de faire une pause et d’admirer les rapides de Chambly.


Tout comme la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, celle de Chambly regorge d’attraits touristiques. On pourrait facilement s’y attarder plusieurs jours, mais la rivière coule toujours vers le nord… Alors on reprend la route 133 (ou plutôt le chemin des Patriotes) pour faire un autre arrêt à la halte routière d’Otterburn Park. D’ici, il est facile d’avoir un bel aperçu de la rivière et du pont ferroviaire qui l’enjambe un peu plus loin, mais la route perd ensuite de son charme en raison d’un développement commercial intense. Plusieurs points d’intérêt, comme la maison Paul-Émile-Borduas ou la Maison des peuples autochtones à Mont-Saint-Hilaire, viennent toutefois pimenter le trajet. Il y a aussi le Musée des Beaux-Arts de Mont-Saint-Hilaire et son exposition permanente extérieure nommée le Bestiaire de la route touristique du Richelieu. En 15 oeuvres disséminées le long de la route, on nous propose de découvrir des sculptures-fenêtres originales.
Nous terminons l’aventure aux écluses de Saint-Ours. Nous ne pouvions faire autrement, la rivière Richelieu étant le sujet principal de nos pérégrinations. Mais ce n’est pas fini, me direz-vous ! Ah non, en effet. Il nous faudra aller explorer les environs de Sorel-Tracy dans un autre voyage. C’est à suivre.

