Lorsqu’on demande à des campeurs de nommer l’élément qui les décourage le plus d’aller camper en tente, le facteur « humidité » revient constamment, après le fait d’avoir à coucher à même le sol, bien sûr. Une humidité trop élevée constitue sans l’ombre d’un doute l’élément ayant la plus grande influence sur le niveau de confort des occupants d’une tente. Pourtant, il est relativement facile de pallier ce problème, pourvu qu’on se donne la peine d’en comprendre la provenance et de déterminer comment en venir à bout.

Il y a quelques années, je magasinais pour une nouvelle tente dans un établissement spécialisé et le vendeur, très enthousiaste, tentait par tous les moyens de me vendre les vertus d’une tente bien ventilée en m’affirmant que la ventilation constitue « la solution ultime » au problème d’humidité d’une tente. Pourtant, mes années d’expérience de camping sous la tente me dictaient que la ventilation ne constitue qu’une de plusieurs variables à considérer pour s’assurer d’un environnement confortable, exempt d’un surplus d’humidité. Le pauvre vendeur a finalement été découragé de me voir opter pour une tente dont la conception remontait aux années 1970, mais qui n’a pas d’égale pour ce qui est de la protection contre l’humidité (voir photos dans l’encadré plus bas).

À la suite d’une revue des tentes actuellement sur le marché, force est de constater que la majorité de celles-ci, bien que très ventilée, fait bien piètre figure sur le plan de la capacité d’isoler leurs usagers contre l’humidité. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation.

Il y a quelques dizaines d’années, de façon générale, les tentes étaient très peu ventilées, ce qui fut malheureusement la source de plusieurs tragédies. Des campeurs s’asphyxiaient alors en utilisant des appareils de chauffage à combustion sans ventilation adéquate. L’industrie a réagi en concevant des tentes dont la ventilation naturelle est considérablement plus élevée et en utilisant des matériaux de plus en plus légers. Toutefois, leurs formes plus géodésiques et modernes, certes très esthétiques, sont peu propices à pallier la formation d’humidité. Par surcroit, de nombreuses tentes comportent dorénavant une membrane de toit interne pourvue de moustiquaire, qui ne constitue en fait aucune barrière à l’humidité. Aussi bien utiliser une toiture à membrane simple alors !

La provenance de l’humidité

Pour pouvoir être efficace dans la lutte contre l’humidité dans les tentes, il faut tout d’abord comprendre les sources et phénomènes qui se combinent pour contribuer à sa formation :

  • Le taux d’humidité de l’air ambiant à l’intérieur de la tente a un effet direct sur le niveau de condensation dans cette dernière. Plus le taux d’humidité est élevé et plus la température extérieure est basse, plus vous serez sujet à avoir de la condensation dans votre tente. Le taux d’humidité contenu dans l’air varie en fonction de plusieurs facteurs, dont l’activité humaine dans la tente. Par exemple, une personne produira, simplement en respirant, jusqu’à près d’un litre de vapeur d’eau par nuit. La cuisson des aliments dans la tente produit, elle aussi, beaucoup d’humidité. Ce phénomène de condensation tient au fait que le point de rosée est la température la plus basse à laquelle une masse d’air peut être soumise, à pression et humidité données, sans que se produise la formation d’eau par saturation. Sous cette température, le taux d’humidité monte à 100 % et la vapeur d’eau contenue dans l’air se transforme en liquide. La condensation sur vos lunettes lorsque vous rentrez chez vous constitue le meilleur exemple de ce phénomène.
  • L’humidité provenant de l’extérieur de la tente, que ce soit sous forme de pluie ou de rosée, aura également un effet sur le niveau d’humidité dans une tente. Il est important de bien comprendre qu’en l’absence de vent, la rosée de la nuit se dépose verticalement sur les objets. Ainsi, les surfaces horizontales d’une tente, telle que la toiture, sont totalement exposées à la rosée alors que les surfaces verticales le sont beaucoup moins. Voilà pourquoi de nombreux campeurs installent des bâches entre les arbres pour couvrir leur tente et ainsi éliminer l’effet de la rosée sur celle-ci, surtout si le toit de leur tente ne les isole pas convenablement de l’humidité.
  • Contrairement à la croyance populaire, le fait de chauffer l’intérieur d’une tente ne fera qu’augmenter la condensation sur ses parois intérieures, à moins que celle-ci ne soit ventilée de façon adéquate.
  • L’humidité provenant du sol, surtout si celui-ci était déjà humide au moment de monter la tente, aura aussi des répercussions sur le confort des occupants. Les sols à proximité des étendues d’eau, tels les lacs, sont plus humides et donc plus propices à la formation d’humidité.

On s’y attaque !

Pour enrayer dans la mesure du possible cette humidité si néfaste, il faut s’attaquer à la source du problème.

La combinaison des trucs et astuces qui suivent permettra d’y arriver :

  • S’assurer de disposer d’une barrière efficace contre l’humidité au-dessus de vous. Ceci implique de posséder une tente comportant deux membranes de toit complètes. Éviter à tout prix les tentes dont la toiture interne comporte des moustiquaires. La présence de celles-ci élimine totalement les avantages du double toit et la barrière thermique que celui-ci offre contre l’humidité extérieure. Je vous parle ici d’expérience. La différence est énorme ! À titre anecdotique, il m’est déjà arrivé que le simple fait que les deux toits de ma tente se touchent sur une petite surface de quelques centimètres carrés me réveille en pleine nuit et m’oblige à sortir pour tendre certains cordages afin d’assurer une bonne séparation des deux membranes. J’avais immédiatement senti la différence. Si vous possédez déjà une tente comportant cette déficience (très répandue dans les tentes récentes, à l’exception des tentes 3 ou 4 saisons et haut de gamme), vous n’aurez d’autre choix que de vous rabattre sur l’ajout d’une bâche au-dessus de celle-ci. Certains fabricants de tentes offrent des modèles plus sophistiqués dont la membrane interne est plus poreuse que celle du double toit externe, ce qui améliore encore davantage l’efficacité globale du toit.
  • Dans le même ordre d’idées, s’assurer de trouver les points de ventilation de votre tente afin de garantir une bonne circulation d’air. Si votre tente possède des ouvertures dans la toiture comportant des mécanismes de fermeture, gardez celles-ci fermées. N’ouvrez que les points de ventilation verticaux situés sur les côtés de la tente, préférablement protégés par un miniauvent et idéalement situés sur des parois opposées afin de faciliter la circulation d’air.
  • Réduire dans la mesure du possible le taux d’humidité de l’air ambiant dans la tente en assurant une ventilation adéquate, même par temps pluvieux, en évitant de faire cuire vos aliments à l’intérieur de la tente (un vestibule peut être utile ici) et en évitant de stocker les articles mouillés à l’intérieur (manteaux mouillés, bottes, serviettes, maillots de bain, etc.).
  • Se protéger de l’humidité du sol en utilisant un tapis de sol isolant ou un coussin gonflable ou autogonflant. L’ajout d’une toile imperméable sous la tente est également conseillé à la condition que celle-ci ne dépasse pas la superficie de la tente, à moins que vous ne désiriez vous retrouver dans une piscine hors terre. Un sac de couchage adapté à la saison est également primordial. De plus, évitez de monter votre tente dans une dépression.

Les attributs contre l’humidité

Payer le prix fort pour une tente ne la rend pas pour autant apte à protéger ses propriétaires contre l’humidité. Les attributs intrinsèques de l’équipement font, eux, toute la différence.

  • Double toit complet et absence de moustiquaires dans la partie « toiture de la tente », à moins que celle-ci ne soit munie de dispositifs de fermeture. Idéalement, un matériau plus poreux pour la membrane intérieure du double toit. De plus, les mécanismes d’ajustement doivent permettre de n’avoir absolument aucun contact entre les deux membranes du toit.
  • Plancher en forme de baignoire, c’est-à-dire que la toile du plancher remonte de quelques centimètres sur les côtés de la tente.
  • Points de ventilation uniquement verticaux et protégés des intempéries. Ceux-ci doivent permettre de ventiler la tente même par temps pluvieux et d’ouvrir des côtés opposés pour favoriser la circulation d’air.
  • Présence d’un vestibule ou possibilité d’en ajouter un. Ceci permet d’y laisser les objets mouillés et d’y faire cuire les aliments à l’abri sans pour autant humidifier l’intérieur de la tente.

Bon camping, bien au sec !

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