Nombreux sont les propriétaires d’autocaravanes qui prennent la route en tractant une automobile derrière leur habitation motorisée. Comment peuvent-ils s’assurer de choisir un modèle qui répondra à leurs besoins?
La plupart du temps, la décision de remorquer un véhicule derrière un VR est dictée par le besoin d’une plus grande mobilité dans les déplacements quotidiens. Le gabarit imposant de la majorité des autocaravanes convient mal à la circulation urbaine et rend le stationnement difficile. De plus, devoir recourir au VR pour le moindre déplacement peut s’avérer tout sauf pratique.
Pourtant, pour la personne qui veut un youyou qui suit docilement l’autocaravane durant ses voyages, le plus grand inconvénient se trouve ailleurs. Les voitures récentes pouvant se remorquer à plat se font maintenant de plus en plus rares. L’évolution technologique (mécanique, électronique et informatique) dans la gestion du comportement des véhicules automobiles a réduit comme peau de chagrin la diversité des modèles homologués par les fabricants pour le remorquage à plat.
De moins en moins d'options
À titre d’exemple, en 2012, Blue Ox, le nom le plus respecté d’Amérique en matière d’accessoires de remorquage, fabriquait 137 plaques de remorquage différentes correspondant à autant de modèles de voitures sorties des usines cette année-là. Seulement 11 ans plus tard, la compagnie n’offrait plus que 60 plaques de remorquage destinées aux modèles 2023, dont 20 conçues exclusivement pour des camionnettes.
Pour rajouter un cran à la difficulté, les constructeurs automobiles ne fabriquent pas les plaques de remorquage qui relient leurs voitures homologuées à une attache de remorquage. Le consommateur doit donc se tourner vers d’autres entreprises dont c’est la spécialité.
Un cas précis
C’est ce à quoi a été confronté l’auteur de cet article après avoir acquis un VUS Ford Escape hybride rechargeable 2023 à traction. Aucune plaque d’arrimage ne figurait au catalogue des grandes compagnies spécialisées dans le remorquage (Blue Ox, Roadmaster, Curt). La responsabilité du fabricant automobile consiste en une attestation que la voiture peut se remorquer sur ses quatre roues. La façon de la relier à un véhicule tracteur n’est pas de son ressort.
Précisons que pour développer une plaque d’arrimage pour un modèle spécifique de voiture, il faut avoir accès à la voiture en question qui, en quelque sorte, sert de cobaye. Pour les entreprises qui les fabriquent, ces plaques, acheter tous les modèles d’automobiles homologuées constituerait une dépense beaucoup trop élevée.

De plus, deux automobiles d’une même marque peuvent présenter des caractéristiques différentes que les fabricants de plaques doivent prendre en considération pour certifier que leur produit assurera une conduite sécuritaire, peu importe la situation.
Ainsi, dans le cas de l’Escape, certains modèles ne sont pas homologués par Ford pour un remorquage à plat. Les modèles à traction intégrale font d’ailleurs partie des exclus de même que les voitures équipées du moteur Ecoboost 2 L turbocompressé. Les seules à recevoir la bénédiction de Ford sont les modèles à traction avec moteur atmosphérique de 2,5 L, dotés d’une boite automatique à variation continue, hybride ou hybride rechargeable.
Une communication avec trois compagnies spécialisées en plaques de remorquage a permis d’apprendre qu’elles fabriquaient une plaque pour l’Escape hybride, mais pas pour l’hybride rechargeable.
Deux des entreprises contactées ont manifesté de l’ouverture à concevoir une plaque pour l’Escape hybride rechargeable, dans la mesure où un propriétaire accepterait de se rendre à l’usine et de soumettre son auto à l’expérience. Dans notre cas, cette démarche nécessitait toutefois un important déplacement aller-retour : 5 000 kilomètres dans le cas de Blue Ox et le double pour Roadmaster, dans l’État de Washington. Bémol important, aucun des fabricants contactés ne voulait prendre une position ferme qui aurait garanti un résultat positif.
Autres difficultés
Cet exemple met en lumière un aspect seulement de la difficulté à dénicher un véhicule pouvant servir de youyou derrière une autocaravane. Le cas de l’Escape 2023 permet de comprendre que des voitures d’une même marque, issues d’une même année de production, peuvent comporter des restrictions, ce qui empêche d’affirmer que le VUS Ford Escape 2023 se remorque sur ses quatre roues. Pour deux modèles précis, oui, mais pas pour l’ensemble de la marque.
Il faut également faire preuve d’une grande prudence devant les affirmations émises par des vendeurs travaillant chez un concessionnaire. Vaut mieux contrevérifier leurs dires en se référant directement aux propos écrits par le fabricant dans le manuel du propriétaire, qui aura toujours le dessus sur les paroles d’un vendeur.
L'une l'est, l'autre pas...
Certaines voitures, généralement de faible gabarit, sont très prisées des caravaniers parce qu’elles sont légères, maniables et moins énergivores. Parmi les plus recherchées figurent les Mini Cooper, Miata et Smart. Or, selon l’année de leur fabrication, certaines sont homologuées, d’autres pas. Souvent, la restriction sera liée à une boite automatique, mais sur certains modèles présentant un choix de deux boites manuelles, dont l’une à cinq rapports et l’autre à six, il arrive qu’une seule des deux soit homologuée pour remorquage récréatif.
Il existe aussi d’autres restrictions concernant la vitesse de remorquage ou déterminant le nombre de kilomètres consécutifs à ne pas dépasser. Ainsi, l’Escape mentionnée au début de l’article exige qu’au moment du départ, la voiture soit placée en mode remorquage neutre. De plus, après 600 kilomètres de route, le propriétaire doit démarrer le moteur à essence de façon à favoriser une lubrification adéquate des composantes mécaniques. En soi, ces procédures sont relativement faciles à maitriser, mais il faut prendre bien soin de les intégrer dans sa routine de choses à faire durant le voyage.
Opter pour un modèle d'occasion
Afin d’avoir un plus grand choix de youyous et considérant que ce véhicule sera peu utilisé, plusieurs caravaniers privilégient l’achat d’une voiture d’occasion. C’est alors que l’internet devient un outil particulièrement efficace pour retrouver le manuel d’un modèle précis de voiture, correspondant à son année de fabrication, et vérifier s’il peut être remorqué à plat. Trop souvent, au fil des années, et d’un propriétaire à l’autre, le manuel d’origine aura été détruit ou égaré. Dans ce cas, la Toile vous sera beaucoup plus fiable qu’une réponse verbale ou trouvée sur les médias sociaux.
Pour consulter le tableau des plaques d'arrimage Blue Ox pour automobiles 2023 homologuées pour un remorquage à plat cliquez ici.
Ce tableau permet d’obtenir une idée générale des voitures homologuées par leur constructeur pour le remorquage à plat. Chaque modèle peut cependant inclure des caractéristiques, des accessoires ou options spécifiques le privant de cette homologation. L’acheteur doit donc toujours se référer aux conditions mentionnées dans le manuel de l’utilisateur publié par le fabricant automobile avant d’arrêter sa décision.
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Porter attention aux nuances et aux règles
Avant même de se lancer dans une discussion sur le remorquage, il est primordial de s’entendre sur la signification des mots qui seront utilisés. À défaut, de nombreux dérapages pourraient mener à tout sauf à clarifier les choses.
Ce principe guide toutes les règlementations formulées par les différents gouvernements. Non seulement ces textes officiels débutent-ils toujours par la définition des principaux termes utilisés, mais chacun a préalablement été soumis à de multiples vérifications, notamment par les avocats de l’État. Ce corps professionnel est d’ailleurs reconnu pour sa rigueur et sa précision dans l’utilisation de termes adéquats.
Malheureusement, le commun des mortels affiche rarement la même rigueur et s’en irrite souvent. Ainsi, certains individus bien intentionnés consultent des sites spécialisés qui publient des tableaux résumant, par États et provinces, les différentes règlementations en vigueur en matière de remorquage. Souvent rédigés en anglais, ces tableaux risquent d’être mal interprétés par une personne moins portée sur le sens précis d’un mot.
À titre d’exemple, dans ces tableaux figurent souvent les limites maximales de poids des remorques pouvant être tirées par un véhicule tracteur. Déjà, la confusion s’installe ! Une remorque possède sa propre définition, différente de celle de l’automobile. Il est donc erroné d’utiliser des données se rapportant à une remorque pour les appliquer à une automobile. Si les avocats ayant rédigé la règlementation ont utilisé le mot remorque, ce n’était en aucun cas pour désigner un véhicule différent, en l’occurrence une automobile.
Des contraintes physiques différentes
Les forces physiques s’appliquant à une automobile rattachée à une autocaravane ne sont pas les mêmes que celles concernant une remorque. Prenons l’exemple d’un caravanier qui tire une remorque fermée dans laquelle se trouvent deux motocyclettes. Le timon de la remorque transfèrera alors quelques centaines de kilogrammes sur l’attache du véhicule tracteur, un poids qui sera d’ailleurs directement supporté par l’essieu arrière de son VR.
À l’opposé, une automobile, dont tout le poids repose entièrement sur ses propres essieux, ne transfère aucun poids sur l’attache et l’essieu arrière de l’autocaravane. Seul le mécanisme de remorquage ajoute quelques dizaines de kilos sur l’attache.
La promulgation d’une règlementation par un État, ainsi que l’homologation d’une masse de remorquage autorisée par un constructeur de véhicules motorisés, repose sur un processus complexe. De multiples données sont prises en compte par les ingénieurs en mécanique et en résistance des matériaux avant d’être soumises à de nombreuses expérimentations sur le terrain.
Ainsi, la capacité de remorquage de véhicules tracteurs de même marque et modèle, identiques en apparence, peut varier en fonction d’une multitude de facteurs : charge utile, rapport de pont, boite de vitesse, capacité de charge totale et pour chacun des essieux, motorisation… Seule une lecture attentive du manuel de l’utilisateur ou du guide de remorquage officiel du fabricant permet de trouver la bonne réponse quant au véhicule acheté.
Système de freinage auxiliaire, obligatoire ou non?
Ici encore, la transposition des normes spécifiques aux remorques ne saurait s’appliquer aux automobiles. Au Québec, par exemple, une remorque dont la masse totale autorisée (remorque et chargement) dépasse 1 360 kg ou qui représente plus de 50% du poids du tracteur utilisé, doit être dotée d’un système de freinage. N’étant pas une remorque, une automobile remorquée sur ses roues échappe à cette obligation réservée aux remorques.
S’il est possible, légalement parlant, de remorquer sans système de freinage auxiliaire un youyou lourd comme un Hummer derrière une autocaravane de type Sprinter ou Transit, il en va différemment en matière de sécurité. Deux logiques différentes d’envisager une situation… qu’il est toutefois possible de réconcilier avant de prendre la route avec un équipage constitué d’une autocaravane et d’un youyou.
Dans le monde réel, tout caravanier le moindrement soucieux de sa propre sécurité, de celle de ses passagers, mais aussi de celle des autres usagers de la route, devrait appliquer un principe de prudence et doter son équipage d’un système de freinage auxiliaire.

En situation d’urgence, la présence d’un freinage auxiliaire raccourcira de plusieurs mètres la distance requise pour immobiliser son équipage. Il faut garder à l’esprit que ce sont toujours dans les derniers mètres de freinage que se produit l’impact avec la voiture qui précède. De plus, la présence d’un tel système contribuera à rendre le conducteur plus confiant et détendu, ce qui diminuera le stress associé à la conduite d’un VR et la fatigue qui en découle, particulièrement à l’approche de villes où la circulation devient très dense, surtout aux heures de pointe.