Prenez le temps de regarder une carte de la Floride. Que retrouve-t-on au centre dans sa partie sud ? Des marécages infestés de maringouins, d’alligators et de serpents. Oui, c’est vrai. Mais il y a également d’incontournables attraits que les caravaniers prendront plaisir à visiter. Allons-y faire de mémorables excursions !
La Floride est une destination chouchou des Québécois depuis des lustres. À une certaine époque, la portion centrale au sud était considérée comme malsaine au point que l’on a envisagé de drainer l’ensemble du territoire pour en faciliter l’exploitation agricole et forestière. Aujourd’hui, on reconnait l’importance écologique de ce lieu et, pour cette raison, une grande partie jouit d’une certaine protection. De ces lieux intrigants à découvrir, deux se démarquent : la réserve nationale de Big Cypress et le parc national des Everglades. Situés à moins de 100 kilomètres à l’ouest de Miami, on pourrait croire qu’ils ne représentent, au mieux, qu’une destination à explorer pendant une journée alors que l’on séjourne sur la côte. Détrompez-vous. À eux seuls, ces endroits valent toute votre attention et votre temps. C’est une destination vacances en soi !
La forêt tropicale de Big Cypress
Réserve nationale depuis 1974, l’endroit est facilement accessible par la route 41 (Tamiami Trail) en provenance de Miami. Couvrant 2 900 km2 de terrain marécageux dominé par une forêt tropicale de cyprès, la réserve protège un milieu à la faune et à la flore très riches. Bien que protégé, le territoire étant classé comme une réserve et non pas un parc national, le niveau de protection de l’écosystème est moindre et plusieurs activités y sont permises, comme la chasse, l’utilisation de véhicules tout-terrain et même l’exploitation pétrolière. Il y a aussi quelques résidences privées.
Quand y aller
Même si la route 75, surnommée Alligator Alley, traverse la réserve d’est en ouest, elle ne représente pas le chemin d’accès à privilégier. On lui préfèrera plutôt la route 41 qui lui est parallèle et qui, dans la partie sud, donne accès aux deux postes d’accueil (Oasis à l’est et Nathaniel P. Reed à l’ouest), mais aussi à plusieurs campings et routes secondaires. Comme plusieurs le savent, la région jouit d’un climat tropical caractérisé par deux saisons : l’humide (de mai à octobre) et la sèche (de novembre à avril). Avec des températures moyennes maximales de 34 °C et des précipitations totales de 245 mm, le mois d’aout s’avère chaud et humide au point d’en être désagréable. Et que dire des moustiques qui raffolent de ces conditions et du terrain marécageux ? Il va sans dire que la saison sèche, avec une température moyenne maximale de 25,6 °C et des précipitations mensuelles de seulement 49 mm en janvier, par exemple, constitue le meilleur moment pour explorer le coin.
Les activités à y pratiques
Qu’y a-t-il donc à faire ? Tout d’abord, ça vaut vraiment le coup de prévoir quelques nuitées dans l’un des terrains de camping de la réserve. Notez toutefois que des huit que l’on y compte, seulement quatre acceptent les réservations et sont facilement accessibles aux caravaniers. En passant par la route 41, on se rend aisément aux campings Monument Lake et Midway, les seuls à offrir une source d’eau potable et, dans le cas de Midway, une station de vidange. Vous l’aurez compris, ici, on séjourne en pleine nature et on oublie la piscine à vague… Une fois installé au camping et équipé de l’information glanée au
centre d’accueil, on peut planifier les journées à venir.
La flore tropicale apparait variée et dépaysante pour les Nordiques que nous sommes. L’orchidée fantôme, l’une des 30 espèces d’orchidées qui se trouvent dans la réserve, se révèle d’une rare beauté alors que les cyprès, qu’ils soient géantsou nains, volent la vedette en raison de leur présence impressionnante. Pour leur part, les labyrinthes de palétuviers rouges créent un monde mystérieux et difficile d’accès. Pour ce qui est de la faune, il va de soi que la panthère de la Floride intrigue, mais sa rareté et sa timidité proverbiale rendent une rencontre peu probable. On aura beaucoup plus de chances d’observer des alligators, des tortues, des anhingas ou des aigrettes.
Bien que la randonnée se pratique sur certains sentiers surélevés, l’omniprésence de l’eau incite à privilégier d’autres activités comme le canot, le kayak, les excursions en hydroglisseurs (airboats) ou en swamp buggies. Plusieurs compagnies vendant des excursions ont d’ailleurs des permis pour offrir des activités dans la réserve. On peut aussi utiliser son propre canot ou kayak sur l’un des quatre parcours balisés. Ceux de la rivière Turner (16 kilomètres) et de Halfway Creek (12 kilomètres) sont particulièrement intéressants et presque exempts d’hydroglisseurs.
De mémorables excursions en VR
Une autre façon d’explorer le territoire consiste à emprunter, en VR, l’une des deux boucles panoramiques proposées, pour lesquelles il est possible de télécharger un excellent guide (nps.gov/bicy/planyourvisit/scenic-drives.htm). Comme les animaux de compagnie sont autorisés dans la réserve, mais qu’ils ne font pas forcément bon ménage avec la faune locale, voilà un bon moyen de visiter les lieux avec son poilu préféré. L’excursion Loop Road (44 kilomètres) traverse des forêts de cyprès nains et de pins et offre des points de vue des plus photogéniques. La boucle Turner River/Wagonwheel/ Birdon Road propose quant à elle un parcours de 27 kilomètres à travers des terres humides propices à l’observation des échassiers.
Si cette courte description ne vous a pas convaincu de payer une visite à l’endroit, j’ajouterai simplement que l’accès y est gratuit et que son ciel est rempli d’étoiles, ainsi que le certifie l’International Dark Sky Association !
Bordé au nord par la réserve de Big Cypress et occupant plus de 6 000 km2 de la portion sud de la Floride, le parc national des Everglades est un écosystème fabuleux, riche… et fragile.
La rivière d'herbes du parc national des Everglades
Bordé au nord par la réserve de Big Cypress et occupant plus de 6 000 km2 de la portion sud de la Floride, le parc national des Everglades est un écosystème fabuleux, riche… et fragile.
Contrairement à la réserve de Big Cypress, des frais d’entrée sont exigés pour se rendre dans le parc des Everglades. Mais à 30 $ US par véhicule pour un droit d’entrée valide sept jours, ce n’est certainement pas cela qui empêchera quiconque de l’explorer. Malgré la taille immense du parc, seuls trois entrées (dans trois villes différentes) et quatre postes d’accueil y donnent accès. Les postes Ernest Coe et Flamingo sont situés dans la partie sud-est du parc et sont accessibles par la ville de Homestead et la route 9336. Ils offrent un accès facile à plusieurs points d’intérêt du parc. Le poste de Shark Valley, tout au nord, est le plus isolé alors que le Gulf Coast, à l’ouest, permet surtout d’explorer les labyrinthes de mangroves de la côte du golfe du Mexique en bateau. Il est à noter que ces entrées ne sont pas interconnectées.
Le parc a été créé en 1934 et son statut a été officialisé en 1947. Contrairement à la plupart des parcs nationaux qui ont pour but de protéger un endroit à la géographie unique, le parc des Everglades a été le premier parc à protéger un écosystème d’importance. L’endroit est plat, son élévation ne dépassant pas 2,4 m par rapport au niveau de la mer. Tout comme dans la réserve Big Cypress, le climat y est tropical et caractérisé par deux saisons. Si le parc regroupe plusieurs écosystèmes fragiles, comme des pinèdes, des prairies marécageuses et des mangroves, celui qui frappe le plus et qui a donné le nom au parc est un vaste réseau de canaux de drainage (slough) et de marécages recouverts de longues herbes. En fait, le parc est essentiellement une large rivière peu profonde qui coule paresseusement (400 m par jour !) du lac Okeechobee à la baie de Floride.
Bien qu’une grande partie du territoire au centre soit difficile d’accès, les points d’entrée constituent autant d’occasions d’explorer ce milieu unique et intrigant. Au nord-ouest, le centre d’accueil Gulf Coast facilite la découverte du milieu côtier et des mangroves. Il va sans dire que l’on devrait en privilégier l’exploration par bateau.
Pour les plus hardis, c’est ici que débute la fameuse 99-mile Wilderness Waterway, qui permet aux kayakistes et autres pagayeurs de petites embarcations de se rendre au centre de Flamingo, plus au sud. Un périple de plusieurs jours à travers un labyrinthe de mangroves ! Au nord, le centre de Shark Valley est surtout connu pour sa route panoramique pavée sur 24 kilomètres et sa tour d’observation. C’est toutefois dans la partie sud-est que se concentrent les points d’intérêts les plus diversifiés et accessibles.
En provenance de Homestead, la route 9336, aussi nommée « autoroute Ingraham », devient la route du parc et mène du poste Ernest Coe à Flamingo. Des nombreux parcours de vélo possibles, notons parmi les plus populaires les sentiers Long Pine Key et Snake Bight, qui permettent d’explorer deux écosystèmes très différents. La randonnée à pied reste une façon idéale de découvrir lentement, jumelles ou appareil photo au cou, la faune et la flore de ces écosystèmes variés. Il existe de nombreux courts sentiers, certains agrémentés de trottoirs de bois. Parmi les premiers sentiers accessibles à partir de l’entrée est, il y a l’Anhinga et le Pinelands. Plus au sud, près de Flamingo, les sentiers West Lake et Rowdy Bend ne sont que deux parmi une dizaine d’options. Mais avec cette eau, tantôt douce, tantôt salée et souvent saumâtre, il va de soi qu’une exploration par bateau reste une expérience incontournable. Que ce soit en canot de location, en bateau motorisé à fond plat avec un guide ou avec son propre kayak, flotter sur l’eau devient la meilleure façon d’observer les alligators ou les crocodiles, les tortues, les échassiers comme les anhingas et les aigrettes. Nous avons passé de nombreuses journées à pagayer dans notre canot à travers les labyrinthes des sentiers balisés West Lake, Nine Mile Pond ou Hell’s Bay et nous y retournerions demain, tant il y a de choses à voir.
Évidemment, un si grand territoire se découvre lentement. Bien qu’il soit possible d’entrer dans le parc pour une journée seulement en provenance de Miami, à l’est, ou de Naples, à l’ouest, il est tellement plus agréable de faire du camping dans le parc lui-même, près de tous ces points d’intérêt. Oubliant les nombreux emplacements de camping rustique accessibles seulement par bateau, le caravanier n’aura d’autre choix que de se rabattre sur l’un des deux terrains suivants : Long Pine et Flamingo. Comme son nom l’indique, Long Pine se trouve dans une pinède et offre moins de services que Flamingo, situé sur la baie de Floride, qui s’avère plus imposant et offre toutes les commodités possibles.
J’espère vous avoir convaincu d’aller explorer ces deux joyaux naturels. Une exploration lente, ça va de soi, où la découverte de la nature prend toute la place et amène à comprendre l’importance de protéger de tels endroits.
En terminant, un mot concernant les moustiques. Si vous planifiez votre visite pendant la saison sèche, ce qui est très fortement recommandé, eh bien, vous ne serez pas plus incommodé qu’au Québec !