Les premières autocaravanes à moteur électrique arriveront sur le marché dans un proche avenir. À quoi peut-on s’attendre ? Un essai du Ford E-Transit, qui sera offert cet été en location chez Bromont Campervan, nous a procuré un avant-gout d’un autre genre de tourisme.

Rouler sans bruler d’essence ne relèvera plus, bientôt, de la science-fiction. L’arrivée imminente de camions et de lourds VUS électriques – déjà en cours avec les Rivian R1T et R1S, et le Ford F-150 Lightning – rendra bientôt possible le camping sans émission. Du moins, plus facile.

Les constructeurs Thor et Winnebago ont déjà présenté, au Florida RV SuperShow de l’an dernier, des prototypes susceptibles d’être mis en production à court terme. D’autres fabricants appuient aussi sur l’accélérateur pour développer à vitesse grand V leurs modèles verts respectifs.

Fait intéressant, Thor et Winnebago ont tous les deux opté pour la plateforme Ford E-Transit pour élaborer leurs autocaravanes du futur. L’occasion de faire l’essai de l’autocaravane de classe B de Bromont Campervan, préparée par Easyvans de Cowansville, n’en était donc que plus belle, voire tout à fait pertinente. D’autant plus que son autonomie de 200 kilomètres – l’équivalent d’un trajet Magog-Shawinigan – est en tout point semblable à celle annoncée pour le modèle de Winnebago.

Image Camping Caravaning Installé par Easyvans, le lite à deux places monte et descend grâce à un entrainement motorisé.

Il faut bien l’avouer, l’autonomie est le nerf de la guerre. Selon une étude de Winnebago, un rayon d’action de 200 kilomètres conviendrait à 54 % des propriétaires de VR, surtout habitués aux courtes distances. Bref, si le VR électrique n’est pas fait pour les amateurs de longs périples, il convient plutôt bien aux adeptes du tourisme dit « lent ».

Image Camping Caravaning Le coin-repas, confortable et bien conçu.

Du zoo au spa

Le tourisme lent, dites-vous ? C’est une façon de découvrir une région par petits déplacements, du zoo jusqu’au spa, en passant par le parc aquatique, le musée ou la table gourmande.

C’est donc en dilettantes des Cantons-de-l’Est que nous sommes partis de Bromont, par une froide fin de semaine de l’Action de grâce, l’automne dernier. Nous avons d’abord mis le cap sur Coaticook pour assister au magnifique spectacle Foresta
Lumina, de Moment Factory.

Le lendemain, nous avons parcouru le circuit de la fête gourmande des Comptonales pour gouter aux fromages, viandes et desserts aux pommes de cette belle région agricole. Puis, après une nuit à Saint-François-Xavier-de-Brompton, nous avons emprunté la route 108 pour aller découvrir le fameux brunch dominical du restaurant La Ruée vers Gould. Distance totale parcourue pendant ces trois jours : 417 kilomètres, à une vitesse moyenne de 95 km/h. La facture d’énergie ? 45,16 $.

Image Camping Caravaning Les concepteurs ont inclus de pratiques espaces de rangement partout où c’était possible de le faire dans l’habitacle.

À noter ici que les accessoires comme la plaque chauffante par induction, le frigo, la pompe à eau potable, l’éclairage auxiliaire et les moteurs du lit rétractable étaient judicieusement alimentés par une batterie auxiliaire couplée à des panneaux solaires. Ils n’entamaient donc aucunement l’autonomie routière du véhicule.

Toutefois, les rigueurs de la météo, l’utilisation de la chaufferette et les habitudes de conduite ont eu une grande influence sur le rayon d’action de l’autocaravane. Dame Nature, avec un mercure oscillant entre 4 et 11 °C, n’était pas de notre bord.

Comme le modèle testé n’était pas pourvu d’une chaufferette auxiliaire, il a été nécessaire d’utiliser le système de chauffage principal pendant la nuit. Pour ce faire, nous avons dû placer le commutateur du véhicule en mode « accessoires ». Résultat : il a fallu composer, toute la nuit, avec la lumière bleutée du tableau de bord impossible à éteindre. De plus, la recharge nocturne des batteries n’a pas été aussi efficace que prévu.

Image Camping Caravaning L’aménagement imaginé par Easyvans comprend plusieurs espaces de rangement ingénieux le long des parois. Un grand espace sert à ranger vélos et autres jouets de plein air.

Profiter des haltes

Bien planifier ses déplacements devient donc vite une seconde nature. Tout d’abord parce qu’on ne trouve pas encore des bornes dans tous les villages. Et puis, comme les vacances sont précieuses, il faut apprendre à bien profiter des haltes dans les restaurants, commerces, campings et autres lieux touristiques pour rentabiliser ce temps en faisant le plein d’électrons.

Lors de notre essai, par exemple, il a fallu 35 minutes à une borne de 100 kW pour faire remonter notre aiguille de charge de 41 % à 85 %. Quelle distance avions-nous parcourue depuis notre recharge précédente, encore à 85 % ? À peine 100 kilomètres. Aussi bien se trouver une activité à faire tout près pendant ce temps-là.

Image Camping Caravaning Un ensemble de fiches différentes permet de se brancher tant à une prise électrique résidentielle qu’à une borne de recharge rapide.
Image Camping Caravaning La prise de recharge du Ford E-Transit est dissimulée dans la calandre avant.

Petit aparté : il sera intéressant d’observer comment les propriétaires de camping réagiront devant le nombre croissant de véhicules récréatifs branchés, de jour comme de nuit, sur leurs circuits électriques. L’installation de véritables bornes de recharge, même sur un nombre limité d’emplacements, exigera des investissements massifs dans les prochaines années.

Cela dit, toutes nos précautions ne nous ont pas mis à l’abri d’arrêts de mi-parcours. Mais pour le touriste lent, ces haltes inopinées (« Regarde ! Il y a une borne là ! ») peuvent se transformer en autant d’occasions à saisir. Ainsi, dans notre petit périple, nous avons fait une promenade imprévue dans le charmant village d’Ayer’s Cliff. Et le lendemain, devant la météo pluvieuse, hop ! nous avons installé la table et sorti les jeux de société.

Savoir jouer avec l’électricité

Recharger ses batteries peut s’avérer déconcertant pour le nouveau conducteur vert, habitué de payer son essence à la pompe après avoir rempli son réservoir. Avec un véhicule électrique, c’est l’inverse. Il faut d’abord s’abonner au réseau de bornes d’Hydro-Québec, baptisé Le Circuit électrique (l’abonnement est gratuit), et verser un montant d’argent dans son compte. Le cout de chaque recharge en est directement débité.

On apprend aussi vite à repérer les bornes de recharge de 100 kW, beaucoup plus rapides que celle de 25 kW ou 50 kW, et à planifier son trajet en conséquence.

Après quelques jours d’initiation, on s’habitue vite à l’agrément de conduite d’un véhicule électrique, notamment à la quasi-absence de bruit. Le véhicule n’émet qu’un léger son à basse vitesse. C’est là la principale différence, en plus d’une conscience environnementale plus tranquille et d’une envie féroce de recommencer. Ce n’est pas rien.

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