Que la vie ait fait de vous une personne seule ou que vous viviez avec quelqu’un qui n’aime pas le camping ou n’est pas libre pour voyager quand vous l’êtes, les raisons pour camper en solo sont nombreuses. Camping Caravaning a rencontré des caravaniers qui le font, depuis toujours ou depuis peu, et qui ont accepté de partager leurs trucs pour rendre les voyages agréables.
Comme bien d’autres, Alain a été initié au camping et au caravaning par ses parents, avec lesquels il a beaucoup voyagé en tente-caravane, puis en caravane. Adulte, il délaisse le loisir jusqu’à ce qu’un couple d’amis l’invite à faire du camping avec lui, pendant quelques jours. « J’ai eu la piqure ! Ma retraite arrivant dans quelques années, je me suis vite dit que le camping allait devenir une de mes activités de prédilection et que j’allais m’offrir une caravane comme cadeau de retraite. Je me suis mis à la recherche d’un modèle intéressant et j’ai fini par en dénicher un », dit-il.
La façon de voyager d’Alain est originale : prendre la route en solo et rencontrer des amis campeurs à destination. « À l’automne 2019, mes amis et moi avons fait des réservations dans les campings de la Sépaq. J’ai commencé à camper l’été suivant, profitant de mes sorties entre amis pour faire du vélo, de la randonnée et du kayak. La saison 2021 a été pratiquement un copier-coller de la saison 2020, mais dans d’autres parcs du réseau. »
En 2022, les amis d’Alain étaient moins disponibles pour faire du camping. Le retraité décide alors d’adhérer à la Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC) et de s’inscrire au circuit-caravane La Baie-James et l’Abitibi-Témiscamingue. « Le voyage a été, pour moi, un véritable coup de coeur. J’ai adoré rencontrer d’autres membres de la fédération, l’itinéraire, les endroits visités, la sécurité procurée par le fait de voyager en groupe. Tout était parfait, au point où j’envisage de participer à d’autres circuits-caravanes au cours des prochaines années. Je n’aurais jamais cru ça avant ! »
Christiane : un projet de retraite
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Christiane Gouin a toujours été une campeuse. « Mes parents ont toujours eu un chalet où nous passions nos étés de la St-Jean-Baptiste à la fête du travail. Je rêvais de voyage. Aussitôt que j’ai pu, j’ai voyagé en tente un peu partout au Québec, puis j’ai fait la même chose avec ma fille », raconte la dynamique septuagénaire qui a fait carrière à Hydro- Québec. « En 2010, à la veille de la retraite, j’ai décidé de m’acheter une vieille classe B Pleasure Way dans le but de continuer à camper, mais avec davantage de confort. J’ai pris le volant et je l’ai mise à l’essai, toute seule, ici et là au Québec et aux États-Unis. »
Comme tous les autres campeurs solos interviewés pour cet article, Christiane s’est posé plusieurs questions avant de tenter l’aventure. Sera-t-elle à l’aise de conduire et de stationner le VR, de prendre ses repas seule, de devoir faire face aux possibles urgences de toutes sortes en solo ? La meilleure façon de le savoir, s’est-elle dit, c’était de tenter l’expérience quelques fois et d’en tirer les conclusions qui s’imposeraient par la suite.
Son initiation au caravaning en solo s’est avérée un succès, tant et si bien qu’elle s’est rapidement procuré une autre autocaravane un peu plus spacieuse, une Roadtrek Popular, afin de continuer à pratiquer seule l’activité. « Les avantages d’une classe B lorsqu’on voyage en solo sont nombreux : c’est facile à manoeuvrer, on peut quitter son emplacement en un rien de temps et il y a même une toilette. Comme je me plais souvent à le répéter : le défi technique est minimal, le plaisir, maximal ! ».
Christiane Gouin est bien vite devenue une adepte des circuits-caravanes de l’agence spécialisée en tourisme caravanier Voyages FQCC, une formule qui, dit-elle, lui permet de trouver l’équilibre en vacances. « Je prends plaisir à prendre la route toute seule dans mon VR. Le soir venu, je peux échanger avec d’autres caravaniers, ce qui est très plaisant.»
Comme voyageuse solo dans des groupes souvent composés presque exclusivement de couples « tissés serré », Christiane a parfois dû travailler un peu pour prendre sa place. Heureusement, celle qui a travaillé à Hydro-Québec pendant toute sa carrière a toujours trouvé la façon de se mêler aux autres et de se faire de bons compagnons de route. Tellement qu’au moment où vous lisez ces lignes, elle revient tout juste d’un autre circuit-caravane, qui l’a menée jusqu’à San Diego, au sud de la Californie.
Carol : des années d'expérience
Retraité lui aussi, Carol Gagné voyage seul depuis plus 30 ans, lui, et parfois avec sa fille, à bord d’à peu près tous les types de véhicules récréatifs et dans l’ensemble des régions du Québec. Pour le sympathique caravanier, pas question de faire du zèle en matière d’organisation : lorsqu’il prend la route seul, il cible une région qu’il a envie de visiter, puis choisit généralement au jour le jour les endroits où s’arrêter. « J’ai l’habitude de demander aux jeunes de la place quels restos ils me recommandent. Pour découvrir les meilleurs endroits, ceux que fréquente la population locale, je n’ai pas trouvé mieux ! »
Quand Carol campe avec sa fille, aujourd’hui adulte, et avec ses petits-enfants, tous des amateurs de camping, la planification est de mise, toutefois. « Nous n’allons jamais trop loin, car les petits se lassent rapidement de faire de la route », confie-t-il. En grand-papa gâteau, Carol Gagné fait souvent des voyages exploratoires en solo afin de mettre à l’essai des établissements qui lui semblent prometteurs. « Je les teste au printemps et si je pense que nous allons nous y plaire, nous les ajoutons à la liste des endroits où aller pendant les vacances d’été. »
Cet homme qui prend la route plusieurs fois chaque année ne connait pas l’ennui. « Je me balade en nature, je découvre des attractions touristiques et des coins de pays que j’ai toujours voulu voir. C’est merveilleux ! »
Seul, mais pas seul
Plusieurs petits VR n’étant pas munis de téléviseur et la connexion internet pouvant être déficiente dans les campings, il est facile de perdre contact avec l’actualité mondiale… et avec ses proches lorsqu’on part seul. Bien entendu, tout le monde ne compose pas avec la solitude de la même façon. Certains voyageurs se sentent très bien sans interactions avec les autres pendant plusieurs jours, alors que d’autres vivent cela plus difficilement. Peu importe son profil, partir sur la route en solo ne devrait pas être synonyme de « s’isoler pendant quelque temps ».
Une façon toute simple de se sentir moins seul, conseillée par de nombreux caravaniers, est de voyager avec un animal de compagnie. Prendre la route avec un chien plutôt qu’un chat, par exemple, aura l’avantage de faciliter la rencontre avec d’autres propriétaires de toutous dans les parcs à chiens ou dans les sentiers où vous irez le promener. Beau prétexte pour entamer une jasette ! Pour les femmes qui voyagent seules, un gros chien peut procurer un sentiment de sécurité, alors qu’un petit chien, lui, peut donner l’alerte facilement.
Une autre idée : ne prenez pas tous vos repas dans le VR ! Sortez et allez manger au restaurant. Profitez de ce changement de décor pour écouter les conversations et, pourquoi pas, demander au personnel une suggestion d’activité à faire dans les environs.
Il existe plusieurs groupes de caravaniers voyageant en solo dans les médias sociaux. Joignez-vous à ceux qui vous semblent intéressants. Certes, vos interactions ne se feront pas en personne, mais elles peuvent tout de même être très satisfaisantes.
Le mot d'ordre : sécurité
Voyager seul impose bien évidemment de se préoccuper de sa sécurité. Voici quelques conseils à suivre pour éviter les ennuis.
• Faites de la recherche sur les régions que vous prévoyez de visiter. Certains secteurs sont peut-être plus surs que d’autres.
• Partagez votre itinéraire avec un ou deux proches et restez en contact avec eux tous les jours ou, à tout le moins, le plus souvent possible. Avant de partir, remettez-leur une copie de vos documents personnels importants.
• Ayez toujours à bord du VR un amplificateur de signal wifi, un téléphone intelligent (et au moins un chargeur !) et du répulsif à ours, si vous prévoyez de vous rendre dans une région où ils vivent.
• Assurez-vous que votre VR soit toujours en bon état et pensez à adhérer à un programme de dépannage d’urgence routière.
• Prévoyez d’arriver à destination en après-midi, avant que le soleil se couche. Si vous n’avez pas fait de réservation et que le camping est rempli, vous aurez le temps de vous rendre ailleurs.
• Maitrisez quelques étapes d’entretien : prendre la pression des pneus, changer un pneu, changer la batterie, etc.
bEn tout temps, écoutez votre intuition ! Si vous ne vous sentez pas à l’aise à un endroit ou encore si vos voisins ne vous inspirent pas confiance, ne vous y installez pas. Si vous devez partir rapidement, n’hésitez pas à laisser des objets sur place. Votre sécurité est plus importante que quelques biens matériels.
• Verrouillez toujours les portes du VR. • En cas d’urgence ou de détresse, klaxonnez.
• Ne lancez pas à tout vent que vous voyagez en solo.
• Vous avez envie de sortir des sentiers battus ? Ne vous en privez pas ! Plusieurs voyageurs solos ne fréquentent que très peu, voire pas du tout, les campings privés. Essayez toutefois de ne pas vous éloigner de la civilisation, au point où il vous serait impossible d’obtenir de l’aide, au besoin.
• Trouvez des trucs pour toujours savoir où se trouvent les clés du VR lorsque vous n’êtes pas sur la route. • En randonnée ou en sortie à vélo, apportez une alarme portative à déclencher en cas d’urgence. Utile pour se protéger à la fois des humains aux mauvaises intentions et des animaux sauvages.